Les autorités britanniques ont assuré avoir «toutes les ressources nécessaires» pour endiguer les manifestations violentes d’extrême droite qui agitent depuis plusieurs jours le pays, alors que de nouveaux rassemblements ont lieu hier à des débordements.
Arrivé il y a tout juste un mois au pouvoir, le gouvernement travailliste de Keir Starmer fait face à sa première crise avec ces émeutes inédites au Royaume-Uni depuis plus de 10 ans. Visant parfois des mosquées ou des lieux d’hébergement de demandeurs d’asile, ces manifestations ont commencé en début de semaine après que des rumeurs se soient propagées sur les réseaux sociaux, relayées par des influenceurs d’extrême droite, sur l’origine et la religion de l’agresseur présumé qui a tué trois fillettes lundi dans la ville de Southport, dans le nord-ouest de l’Angleterre. De nouveaux rassemblements étaient en cours hier, réunis sous le mot d’ordre «Enough is enough» (Trop c’est trop), en référence à l’arrivée au Royaume-Uni de migrants, empruntant la Manche sur des canots pneumatiques. A Rotherham (nord), des centaines de personnes se sont rassemblées devant un hôtel hébergeant des demandeurs d’asile et des affrontements ont éclaté avec les forces de l’ordre. Certains ont brisé des vitres de l’établissement, jeté des projectiles sur les policiers, quand d’autres criaient des slogans comme «Mettez les dehors», ont rapporté des médias locaux. A Aldershot (sud-ouest de Londres), des dizaines de personnes arborant des pancartes avec des inscriptions hostiles aux demandeurs d’asile se sont rassemblées dans le calme.
A Middlesbrough (nord-est), une manifestation a également débuté dans une ambiance tendue, selon la chaîne Sky News. Samedi, les manifestations organisées dans plusieurs dizaines de villes ont déjà dégénéré à certains endroits, notamment à Liverpool (nord-ouest), Hull (nord-est), Belfast (Irlande du Nord) ou Leeds (nord). Des affrontements ont eu lieu entre manifestants et policiers, mais aussi avec des contre-manifestants mobilisés à l’appel d’associations antiracistes. Plusieurs policiers ont été blessés, ont rapporté les polices locales. Les forces de l’ordre ont arrêté une centaine de personnes, mais ont promis de poursuivre tous ceux impliqués dans les affrontements. Cette nouvelle journée de violences faisait suite aux émeutes qui ont éclaté à Sunderland (nord-est) vendredi, et dans plusieurs villes, dont Londres mercredi, et à Southport mardi contre une mosquée au lendemain de l’attaque au couteau.
Le suspect, un adolescent de 17 ans, a été inculpé et placé en détention. Le pays n’a pas connu une telle flambée depuis 2011, après la mort d’un jeune homme métis, Mark Duggan, tué par la police au nord de Londres. La police a mis en cause des «soutiens» de l’English Defence League (EDL), un groupe islamophobe créé il y a 15 ans, également lié au phénomène des hooligans. Depuis hier, Keir Starmer multiplie les messages de fermeté et les assurances de soutien aux forces de l’ordre contre ce qu’il a décrit comme une «haine d’extrême droite» et des «voyous». Il a prévenu que son gouvernement soutiendrait la police afin qu’elle prenne «toutes les actions nécessaires».