L’inflation au Royaume-Uni a ralenti à 10,1% en janvier sur un an contre 10,5% en décembre, mais reste à des niveaux historiquement très élevés et alimente une grave crise du coût de la vie, a indiqué hier l’ONS. Le repli des coûts du transport, notamment de l’essence, est le principal facteur d’apaisement, suivi de celui des tarifs dans les restaurants et les hôtels, les prix des meubles ayant également reculé plus fortement qu’un an plus tôt lors du premier mois de l’année, période traditionnelle des soldes.
Grant Fitzner, chef économiste de l’Office national des statistiques (ONS), précise qu’il y a «plus de signes que les coûts auxquels sont confrontées les entreprises augmentent plus lentement, grâce à la chute des cours du pétrole brut et de l’électricité», entre autres. Il relève cependant que les «prix pour les entreprises restent dans l’ensemble élevés, en particulier pour l’acier et l’alimentaire», d’après le rapport mensuel de l’ONS.
Le Chancelier de l’Échiquier Jeremy Hunt a pour sa part jugé la lutte contre l’inflation, qui «étrangle la croissance et frappe les familles et les entreprises», «loin d’être finie», promettant la poursuite du plan du gouvernement pour la diviser en deux cette année. Après un pic à plus de 11% en octobre, «un nouveau repli dans l’inflation en janvier suggère que le courant a tourné sur les prix», commente pour sa part Alpesh Paleja, principal économiste de la CBI, la principale organisation patronale britannique.
Il estime cependant que l’envolée des prix reste suffisamment forte pour que «les sonnettes d’alarme continuent de sonner à la Banque d’Angleterre» (BoE). Cette dernière a besoin de plus d’indications que cette baisse va se poursuivre avant d’arrêter de resserrer les taux d’intérêt, a fait valoir la semaine dernière son gouverneur, Andrew Bailey. La BoE s’attend à ce que l’inflation recule à moins de 5% d’ici à la fin de l’année, alors que son objectif est de 2% au plus. Elle a signalé, lors de sa réunion de début février, après une dixième hausse de ses taux consécutive, qu’elle pourrait bientôt arrêter de les remonter si l’inflation évolue en ligne avec ces prédictions. La croissance atone dans le pays, qui a tout juste évité la récession en 2022 mais semble s’y diriger cette année, est l’un des facteurs qui pourraient inciter la BoE à cesser son tour de vis monétaire, mais les tensions sur le marché du travail continuent de l’inquiéter.
Les grèves pour demander des meilleures rémunérations se multiplient dans le pays face à l’inflation à deux chiffres, particulièrement au regard d’un taux de chômage toujours extrêmement bas à 3,7%, et dans un contexte de pénuries de travailleurs. La livre reculait de 0,59% à 1,2105 dollar, et perdait du terrain face à l’euro également.