Aujourd'hui, lundi 7 août, un premier groupe de demandeurs d'asile a pris place à bord du «Bibby Stockholm», une vaste barge amarrée dans le port de Portland, au sud-ouest de l'Angleterre.
Ce projet, qui suscite beaucoup de controverses et est devenu le symbole de la lutte du gouvernement britannique contre l'immigration, vise à contrer le passage illégal de migrants à travers la Manche. Le Premier ministre conservateur Rishi Sunak, en difficulté dans les sondages à un an des prochaines élections législatives, a fait de l'arrêt de ces traversées une priorité. Dans cette optique, il a lancé diverses initiatives, dont celle d'héberger des demandeurs d'asile sur des barges à quai, à la fois pour réduire les coûts d'accueil et dissuader de potentiels demandeurs d'asile.
Le «Bibby Stockholm», une barge imposante de 93 mètres de long sur 27 de large, amarrée dans le port de Portland, a accueilli son premier groupe de migrants. Avec ses 222 cabines, elle est conçue pour loger jusqu'à 500 personnes. Des hommes portant des sacs volumineux ont été observés montant à bord par un photographe de l'AFP.
Initialement prévue la semaine précédente, l'installation des premiers migrants avait été reportée en raison d'inspections finales des pompiers pour éliminer tout risque d'incendie. Ce projet a engendré des débats houleux à Portland, suscitant des craintes parmi les habitants quant à leur sécurité. Certains considèrent cette barge comme une «prison flottante» au pied de leur île abritant environ 13 000 résidents. Les autorités ont réfuté cette désignation et ont assuré que les demandeurs d'asile auraient la liberté d'entrer et de sortir à leur gré.
Le port de Portland est le seul en Angleterre à avoir accepté d'accueillir une telle barge. D'autres projets similaires ont été abandonnés en raison du manque de ports d'attache. L'ONG Care4Calais, qui défend les droits des migrants, a critiqué de manière véhémente ce système qualifié de «cruel» et «inhumain», soulignant que bon nombre de demandeurs d'asile accompagnés par l'organisation avaient survécu à la torture, à l'esclavage moderne et à des expériences traumatisantes en mer.
Depuis le référendum sur le Brexit en 2016, visant à reprendre le contrôle des frontières, les gouvernements conservateurs successifs ont adopté une rhétorique anti-migrants de plus en plus stricte. Ils ont promis, sans succès jusqu'à présent, de mettre fin aux traversées illégales dans la Manche. Le système d'asile britannique est submergé, avec plus de 130 000 demandes d'asile en attente d'évaluation, la plupart depuis plus de six mois, selon les dernières données gouvernementales.
Pour réduire les dépenses liées à l'hébergement hôtelier des demandeurs d'asile, qui atteignent 2,3 milliards de livres sterling (2,6 milliards d'euros) par an, le gouvernement explore différentes options, notamment l'installation dans d'anciennes bases militaires ou l'achat de tentes pour l'été.
En outre, une nouvelle loi entrée en vigueur en juillet interdit désormais aux migrants ayant effectué la dangereuse traversée de plus de 45 000 en 2022 et déjà près de 15 000 en 2023, de demander l'asile au Royaume-Uni. Cette loi prévoit l'expulsion des migrants vers des pays tiers comme le Rwanda, bien que ce plan ait été bloqué par la justice depuis son lancement l'année précédente.
Le gouvernement intensifie ses efforts, annonçant un partenariat avec les réseaux sociaux pour lutter contre les contenus incitant aux traversées illégales de la Manche, ainsi que des sanctions financières plus sévères pour les employeurs de migrants en situation irrégulière.
Dernièrement, le journal The Times a rapporté que le gouvernement envisageait d'envoyer des migrants sur l'île volcanique de l'Ascension, située en plein océan Atlantique à près de 6 500 kilomètres du Royaume-Uni.