Ereintées et à contrecoeur, les infirmières sont de nouveau en grève aujourd’hui en Angleterre, poursuivant un mouvement inédit pour obtenir de meilleurs salaires et conditions de travail, dans un Royaume-Uni confronté à une forte inflation. Ces nouvelles journées de mobilisation témoignent de l’impasse dans les négociations entre le principal syndicat d’infirmières, le Royal College of Nursing (RCN) et le gouvernement conservateur de Rishi Sunak : après deux jours de grève en décembre, du jamais vu en un siècle d’existence du syndicat, deux autres journées de grève sont annoncés pour février. Le gouvernement refuse les augmentations que le RCN réclame pour au moins compenser une inflation qui a atteint 10,5% en décembre, en très légère baisse par rapport à novembre (10,7%. «C’est un boulot tellement dur en ce moment», explique à l’AFP Orla Dooley, 29 ans, dont dix en tant qu’infirmière. Comme un tiers des infirmières et sages-femmes du secteur public selon un sondage YouGov hier, elle choisirait une autre profession si c’était à refaire. Ce métier, «c’est quelque chose que j’aimais, c’est vraiment triste». Elle n’est pas en grève ce mercredi mais rejoint le piquet après son service de nuit à l’hôpital Saint-George de Londres. Il manque souvent «10, 12 infirmières», soit la moitié de l’effectif prévu, souligne-t-elle, les problèmes de sécurité des patients ne surviennent pas que les jours de grève, mais «tous les jours». Le sort des patients est au centre de leurs préoccupations, assurent les grévistes.
Service minimum
Le gouvernement, qui veut faire voter une loi instaurant un service minimum dans certains secteurs, dont la santé, dénonce lui les perturbations que vont engendrer ces grèves pour la population en pleine période hivernale. Faire grève est «la dernière chose qu’on veut faire», explique Steven Bedford, agent de soutien en santé mentale, «on sait que les urgences vont probablement avoir du mal aujourd’hui». «Mais on doit se faire entendre.» Avec «47 000 postes vacants» en Angleterre, «je ne sais pas comment le gouvernement va faire» pour instaurer un service minimum, a fait valoir la secrétaire générale du RCN, Pat Cullen, sur la chaîne ITV. Accorder des hausses de salaires «inabordables» signifierait «une réduction des soins aux patients et alimenterait l’inflation qui nous appauvrirait tous», a argumenté le ministre de la Santé, Steve Barclay, dans une tribune dans le journal The Independant. Il a plaidé pour un «dialogue constructif» avec les syndicats et veut trouver un accord sur le service minimum afin que «les patients soient toujours protégés». Selon lui, les deux jours de débrayage des infirmières en décembre avaient entraîné l’annulation de 30 000 opérations et rendez-vous. Selon la NHS Confederation, qui représente les hôpitaux, cette nouvelle grève pourrait entraîner l’annulation de 4500 opérations et 25 000 rendez-vous.