Le gouvernement britannique a essuyé une pluie de critiques hier pour avoir renoncé à une série de réformes promises pour réparer les torts causés aux migrants caribéens de la «génération Windrush». Celle-ci tire son nom du navire Empire Windrush, débarqué le 22 juin 1948 à une quarantaine de kilomètres de Londres, avec à son bord des hommes et femmes originaires de Jamaïque, mais aussi des Bermudes ou de Guyane britannique, arrivant pour apporter au Royaume-Uni la main-d’œuvre qui lui faisait défaut dans l’après-guerre. Mais bien que censés être Britanniques, certains de ces migrants ont été traités comme des clandestins et ont dû prouver chaque année de présence au Royaume-Uni sous peine d’expulsion. Fin juin 2020, la ministre de l’Intérieur, Priti Patel, avait accepté l’intégralité des 30 recommandations issues d’un rapport indépendant préconisant une approche humaine en matière d’immigration. Sa successeure, la très à droite Suella Braverman, fait face à une cascade de condamnations depuis qu’elle a annoncé jeudi qu’elle revenait sur trois de ces engagements : la création d’un commissaire aux migrants, le renforcement des pouvoirs de l’inspecteur en chef indépendant des frontières et de l’immigration, et la tenue d’événements de réconciliation. Le comédien britannique David Harewood, qui a joué entre autres dans la série «Homeland», a dénoncé un renoncement «atroce». «On flirte dangereusement avec des idéologues qui ne se soucient aucunement de rassembler les gens», a déclaré sur la radio LBC le comédien, dont les parents, originaires de la Barbade, sont arrivés au Royaume-Uni en 1957. Il a en outre jugé les origines indiennes de Suella Braverman «pratiques» pour le parti conservateur, et souligné qu’il n’avait aucun point commun avec elle. Dès jeudi, le député de l’opposition David Lammy (travailliste) a jugé sur Twitter que des «Britanniques arrêtés et expulsés par leur propre gouvernement se font à nouveau cracher dessus par le gouvernement conservateur». Au Parlement, il a exhorté la ministre de l’Intérieur à venir s’expliquer de vive voix sur sa décision. Celle-ci a été annoncée jeudi par le biais d’une déclaration écrite, dans laquelle Suella Braverman a, par exemple, estimé qu’il existe des «moyens plus efficaces de s’adresser aux personnes touchées» que d’organiser des événements de réconciliation. Autre figure de l’opposition, la députée Yvette Cooper a relevé une «nouvelle trahison de la génération Windrush». L’un des organisateurs du 75e anniversaire de la génération Windrush, Patrick Vernon, a dénoncé une «gifle en pleine figure».