Près de 200 associations d’aide aux migrants ont exhorté hier les responsables politiques britanniques à «condamner» clairement les violences contre les réfugiés, dénonçant le «langage incendiaire» de certains après une manifestation d’extrême droite émaillée de violences. «Les responsables de tous les partis doivent maintenant prendre une position claire et condamner toute nouvelle violence contre ceux qui sont venus ici trouver la sécurité, et définir des mesures pour les empêcher», déclarent ces associations dans une lettre ouverte publiée par le collectif Together with Refugees. Les signataires, dont les associations Care4Calais, Save the Children ou Refugee Council dénoncent, «le langage incendiaire» utilisé par certains politiques pour «les diaboliser». Ils citent, par exemple, le mot «invasion», prononcé par la ministre de l’Intérieur, Suella Braverman, au discours très ferme sur l’immigration.
Cette lettre est publiée quelques jours après une manifestation de militants d’extrême droite devant un hôtel réquisitionné pour héberger des demandeurs d’asile à Knowsley, près de Liverpool (nord-ouest de l’Angleterre). La manifestation a dégénéré en violents heurts avec la police, et 15 personnes ont été arrêtées, dont un jeune homme de 19 ans, inculpé lundi pour «trouble violent de l’ordre public» et «agression à l’encontre d’un policier». La ministre de l’Intérieur avait condamné le lendemain «le désordre épouvantable à Knowsley». «Le comportement présumé de certains demandeurs d’asile n’est jamais une excuse pour la violence et l’intimidation», avait-elle écrit sur Twitter. Un porte-parole du ministère a réagi à cette lettre, rappelant la condamnation de la ministre. «Le bien-être des demandeurs d’asile dont nous avons la charge est de la plus haute importance et nous travaillerons avec la police pour assurer leur sécurité», a-t-il ajouté. Le gouvernement conservateur a fait du contrôle de l’immigration une de ses priorités, en particulier pour stopper l’arrivée de migrants sur de petites embarcations depuis la France. Plus de 45 000 personnes ont ainsi traversé la Manche sur ces bateaux de fortune en 2022 pour demander l’asile au Royaume-Uni, un record et un afflux que le système d’asile a bien du mal à gérer. «La responsabilité de créer un système juste, bienveillant et qui apporte de la cohésion plutôt que de la division est de la responsabilité des dirigeants» politiques, plaident les associations dans leur lettre. «Ceux qui encouragent cette colère et cette violence font honte à ce pays», ajoutent-elles.