Riadh Dahmani est un photographe autodidacte algérien qui s’est spécialisé dans la photographie d’art.
Un aperçu de son travail a été dévoilé, dernièrement, à la galerie Mohamed Racim à Alger lors d’une exposition de photographies intitulée «Senteurs d’Alger».
Un titre révélateur de son contenu puisque l’artiste a immortalisé des lieux lourds de sens et de mémoire. En effet, une bonne partie de l’exposition a été consacrée à La Casbah d’Alger en passant par la place des Martyres et la baie d’Alger.
La quinzaine de clichés proposée en couleur et en noir et blanc dégage de l’émotion et de la nostalgie à revendre. Le photographe Riadh Dahmani estime qu’Alger n’a pas été suffisamment mise à l’honneur, à l’image du Sahara, des reliefs, des montagnes et des paysages côtiers.
Comme il le souligne si bien, «J’ai voulu transmettre un peu l’émotion des Algérois et surtout à la diaspora algérienne installée à l’étranger. J’ai grandi à Alger et mes souvenirs sont là : c’est mon enfance, mon adolescence et ma vie actuelle. Je vis dans cette ville magnifique jusqu’à nos jours».
Ce premier projet photographique a pour but, d’une part, d’exhiber la beauté ineffable d’Alger et, d’autre part, son patrimoine architectural, culturel et humain. Riadh Dahmani ne peut qu’éprouver de la fierté d’avoir pu afficher pour la première fois son nom sur la vitrine de l’une des plus mythiques galeries d’art en Algérie, à savoir celle de la galerie Mohamed Racim.
Notre artiste est venu dans la photographie accidentellement. Dans un passé récent, il travaillait dans une agence immobilière à Alger. Il avait très souvent le loisir de faire des constats sur de belles bâtisses architecturales dans la capitale.
En 2014, il décide de quitter l’agence pour se lancer à son propre compte en déposant, en 2015, un agrément au niveau du ministère de l’Habitat. Il voulait réaliser de belles photos et lancer un site web, spécialisé dans les photographies d’art.
Lors de l’une de ses escapades à Taghit en 2010, il rencontre un photographe amateur comme lui qui lui prodiguera de précieux conseils. Il décide, par la suite, en 2014, d’acquérir un matériel sophistiqué de photographie.
Son ami de Taghit l’oriente vers un professionnel. Ce dernier l’aiguille, à son tour, vers l’Association nationale de la promotion de l’art en image pour des sorties en ateliers photos.
Le temps d’un week-end, il fait une sortie avec cette association au niveau de Tikjda où il immortalise des clichés parlants. Il enchaîne, par la suite, différentes sorties à l’intérieur du pays.
Riadh Dahmani tient à préciser que la photo a toujours été un outil et non pas une passion. «J’avais acheté le matériel pour travailler et en faire un métier d’art», dit-il. Cet autodidacte reconnaît qu’il a tout appris du métier de la photographie via Youtube. L’apprentissage et la pratique se sont affirmés au fil du temps.
Si Riadh Dahmani vit uniquement de la photographie depuis 2016, il avoue que pour l’instant il n’a pas de revenu. «J’allais me lancer pour avoir des revenus de la photographie, mais entre 2018 et 2019, je n’ai pas pu à cause de petits soucis, ajoutés à cela la pandémie de la Covid-19. Là, je suis en train de reprendre d’une manière très sérieuse mes projets».
A la question de savoir s’il préfère travailler sur la couleur ou le noir et blanc, il affirme qu’il fait appel au noir et blanc pour des sujets dramatiques ou encore pour rappeler l’époque d’antan. Sinon, il se plaît à travailler le plus souvent avec la couleur. «Certains, dit-il, pourront croire que ce sont des couleurs modifiées alors que les traitements de mes images sont faits d’une manière légère, histoire d’ajuster les lumières.
Ce sont des lumières naturelles que je ne modifie pas. Mes photos sont réfléchies. Avant de sortir prendre des photos, je prépare tout un travail en amont entre météo et le visionnage de la scène.
Je fais aussi du repérage pour le décor sur la scène et sur les couleurs. Une fois que je me dis qu’il y a une scène qui est intéressante, je prépare mon matériel et je photographie ce que je veux. Parfois, je me déplace à des centaines, voire de milliers de kilomètres pour immortaliser mes coups de cœur. Je suis un photographe d’art qui tente de transmettre une émotion et un message à la fois».
Riadh Dahmani s’inspire de tous les photographes, même des amateurs. Il tente tant bien que mal d’œuvrer pour vivre de ce métier. Il ne désespère pas pour autant. Cependant, il souhaite que le monde de l’art intéresse plus la société algérienne et que de potentiels acteurs économiques s’impliquent dans le culturel.
Il est à noter, par ailleurs, que le photographe Riadh Dahmani est en train d’ailleurs de plancher sur la deuxième édition des senteurs d’Alger qui se déroulera probablement au palais de la Culture de Kouba à Alger. De même qu’il est sur le projet de la publication d’un beau livre sur l’art.