Réunion des représentants des pays arabes et européens : Les diplomates exigent l’accès urgent de l’aide humanitaire

15/09/2024 mis à jour: 03:31
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Le ministre espagnol des Affaires étrangères, Jose Manuel Albares, entouré du responsable de la politique étrangère de l’Union européenne, Josep Borell, le ministre saoudien des Affaires étrangères, Faisal Bin Farhan, et le ministre jordanien des Affaires étrangères, Ayman Safadi - Photo : D. R.

Les représentants de la Ligue arabe et de l’Union européennes (UE) se sont engagés,  vendredi, à l’issue de leur réunion à Madrid, à «faire avancer la solution à deux Etats», en précisant avoir formé un «groupe uni» pour «inciter la communauté internationale à une action concertée».

Réunis vendredi dernier à Madrid, les représentants des pays arabes et européens, dont le chef de la diplomatie de l’Union européenne (UE),  ont défendu la solution à deux Etats, Palestine et Israel, qui «permettrait d’atteindre une paix juste et durable, respectant les droits du peuple palestinien, tout en garantissant la sécurité d’Israël, et établirait des relations normales dans une région stable et coopérative».

Dans une déclaration commune,  ils ont qualifié la reconnaissance de l’Etat palestinien  «essentielle pour un nouveau agenda de paix» découlant de leur réunion à Madrid,   avant d’exiger «le rétablissement total du contrôle de l’Autorité palestinienne sur le passage de Rafah et l’ensemble de la frontière, ainsi que le retrait total des forces israéliennes de Ghaza, y compris du corridor Salah Eddine (Philadelphie)», reliant l’enclave à l’Egypte.

«Nous réitérons l’appel à un cessez-le-feu immédiat et permanent à Ghaza et à la libération des otages et des détenus», ont indiqué les représentants de la Jordanie, Bahreïn, l’Egypte,   du Qatar, de l’Arabie Saoudite, de la Turquie, du secrétaire général de la Ligue arabe, Abou Al Gheit,  du représentant de la Palestine en la personne du Premier ministre Mohammad Mustafa,  des membres du Groupe de contact arabo-islamique pour Ghaza, des secrétaires généraux de la Ligue arabe et de l’Organisation de la coopération islamique ainsi que du chef de politique étrangère de  l’Union européenne, Joseph Borell, et les ministres des Affaires étrangères de la Slovénie, de la Norvège, de l’Irlande et de l’Espagne, pays qui ont reconnu l’Etat de la Palestine, cette année, dans le sillage de la guerre génocidaire israélienne menée contre Ghaza, depuis le 7 octobre dernier.

Les hauts responsables ont appelé aussi à la mise en œuvre «crédible et irréversible de la solution à deux Etats, conformément au droit international et aux normes convenues», lors de cette réunion, organisée par le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, au palais de Moncloa, à Madrid.

Selon eux, cette solution  «permettrait d’atteindre une paix juste et durable, respectant les droits du peuple palestinien, tout en garantissant la sécurité d’Israël, et établirait des relations normales dans une région stable et coopérative (…)

Il est donc crucial que la communauté prenne des mesures concrètes pour reconnaître l’Etat de la Palestine et l’inclure en tant que membre à part entière au sein des Nations unies. La reconnaissance est un élément-clé de ce nouvel agenda de paix, facilitant la reconnaissance mutuelle entre Israël et la Palestine».

La déclaration a par ailleurs insisté sur l’importance de «l’acheminement immédiat, sans condition ni obstacle, de l’aide humanitaire en grande quantité à travers l’ouverture de tous les points de passage israéliens et en soutenant le travail de l’Unrwa et d’autres agences de l’Onu».

«L’accès sans condition de l’aide humanitaire»

Les responsables européens et arabes ont mis en garde contre l’escalade en Cisjordanie occupée avant d’exiger  «un arrêt immédiat des attaques militaires contre les Palestiniens» et d’appeler à la préservation  du statut juridique et historique des lieux saints islamiques et chrétiens d’Al Qods (Jérusalem), et d’exprimer leur soutien aux médiations en cours pour un accord de cessez-le-feu, assurée par l’Egypte, le Qatar et les Etats-Unis, tout en rejetant toute action visant à entraver ce processus».

Les participants à la réunion de Madrid ont exhorté tous les membres de l’Onu à «se joindre à la réunion plus large sur la situation à Ghaza et la mise en œuvre de la solution à deux Etats comme voie vers une paix juste et globale», qui se tiendra en marge de la prochaine session de l’Assemblée générale des Nations unies, prévue le  26 du mois en cours à New York.

Pour le chef de la diplomatie espagnole, José Manuel Albares, «les Etats réunis ici ont  formé un groupe qui n’est pas limité par la géographie, mais qui est uni par un objectif commun, celui d’inciter la communauté internationale à une action concertée(…) Ensemble, nous voulons identifier les actions concrètes qui nous permettront de progresser(…) vers cet objectif (…) la communauté internationale doit faire un pas décisif vers une paix juste et durable au Moyen-Orient».

Le responsable avait annoncé, au début du mois en cours, la tenue d’un sommet bilatéral entre son pays et la Palestine, «le premier du genre avant la fin de l’année en cours» a-t-il déclaré, lors d’une conférence de presse, en précisant : «Nous sommes en train de fixer la date.»

Il est important de rappeler que l’Etat de la Palestine appuyé par le groupe des pays arabes a réclamé la convocation d’une réunion de l’Assemblée générale de l’Onu, consacrée à  l’application de la décision de la Cour internationale de justice (CIJ), qui a consacré l’illégalité de l’occupation israélienne des Territoire palestiniens depuis 1967 et exigé l’évacuation dans les plus brefs délais.

La réunion est prévue le 16 ou le 17 de ce mois-ci, et devrait aboutir à la validation d’une résolution, dont le contenu,  selon l’AFP, qui affirme l’avoir lu «exige qu’Israël cesse sans délai sa présence illégale» dans les Territoires palestiniens et que ce retrait se fasse dans «les douze mois qui suivent  l’adoption de la résolution».

Le projet de résolution «exige», aussi d’après la même source, le retrait des forces israéliennes des Territoires palestiniens, l’arrêt des nouvelles colonies, la restitution des terres et propriétés saisies, ou encore la possibilité de retour des Palestiniens déplacés.

Le projet de résolution, en outre, à la mise en place, a affirmé l’agence française,  d’un «mécanisme international de réparation de tous les dommages, pertes ou blessures résultant des actes arbitraires d’Israël dans le Territoire palestinien occupé». Il est certain, qu’une majorité des Etats membres de l’Onu votera cette résolution qui n’est, certes, pas contraignante.

Elle ne sera pas la dernière, puisque vers la fin du mois d’octobre la CIJ,  qui a émis son avis sur l’illégalité de l’occupation des Territoires palestiniens par Israël, devra examiner au fond la plainte de l’Afrique du Sud, liée aux violations de la convention de lutte et de prévention contre le génocide à Ghaza, appuyée par au moins douze Etats, dont le dernier, le Chili, qui a déposé sa requête, vendredi dernier.

La CIJ a déjà fait injonction à Israël de cesser ses opérations militaires à Rafah, de ne pas entraver l’aide humanitaire et d’autoriser les médias et les experts de l’Onu ou indépendants d’entrer à Ghaza pour enquêter sur les  allégations de génocide.

Israël n’a non seulement pas arrêté sa guerre génocidaire, mais intensifié ses opérations, affamé la population civile,  tué des humanitaires de l’Onu et des ONG internationales, des journalistes, bombardé les écoles qui abritent les personnes déplacées, détruit les hôpitaux et toutes les infrastructures de base de l’enclave. 

Depuis la date du prononcé de la CIJ au mois de juillet dernier, le bilan de cette guerre génocidaire est passé de 37 000 morts à plus de 41 000, et de 88 000 blessés à plus de 94 000 sans compter le nombre de personnes encore sous les décombres. L’Afrique du Sud et malgré les pressions et la campagne médiatique contre ses responsables, a réitéré vendredi dernier sa  ferme volonté à poursuivre son action devant la justice internationale contre Israël, qui doit être comptable de ses actes à Ghaza.

CIJ/Ghaza : le Chili va se joindre à la plainte de l’Afrique du Sud contre  Israël

La Cour internationale de justice (CIJ) a annoncé que l’Etat du Chili a soumis jeudi une déclaration pour se joindre à la plainte pour génocide déposée par l’Afrique du Sud contre l’entité sioniste concernant l’agression barbare en cours contre la bande de Ghaza. Un communiqué de presse de la Cour a indiqué que l’annonce du Chili d’intervenir dans l’affaire était basée sur l’article 63 du statut du tribunal.

Le 29 décembre 2023, l’Afrique du Sud a déposé une plainte contre l’entité sioniste devant la Cour internationale de justice, plus haute juridiction de l’ONU accusant l’entité sioniste de violer la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide dans son agression militaire à Ghaza.

Depuis lors, plusieurs pays ont demandé à se joindre à l’affaire intentée par l’Afrique du Sud et à intervenir dans l’affaire en utilisant une clause du Statut de la Cour internationale de Justice qui permet à des tiers de se joindre à la procédure.

En mai dernier, la CIJ a rendu une ordonnance obligatoire exigeant l’arrêt de l’opération militaire sioniste à Rafah, au sud de la bande de Ghaza, mais l’entité sioniste a refusé de se conformer à cette décision.

Cette dernière poursuit son agression contre la bande de Ghaza, ignorant la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU visant à y mettre fin immédiatement, ainsi que les ordres de la Cour internationale de Justice de prendre des mesures pour prévenir les actes de génocide et améliorer la situation humanitaire catastrophique dans l’enclave palestinienne assiégée.

Les forces d’occupation sionistes poursuivent leur agression contre la bande de Ghaza, par voies terrestre, maritime et aérienne, depuis le 7 octobre 2023, faisant plus de 41 000 martyrs, dont une majorité de femmes et d’enfants, et près de 100 000 blessés, tandis que des milliers de victimes se trouvent toujours sous les décombres. 

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