Retour en grâce du livre

26/12/2023 mis à jour: 04:54
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Des forums du livre sont organisés ces dernières semaines par les directions de wilaya de la culture et des arts, remettant ainsi à l’honneur la tradition de la lecture qui tend à se dissiper depuis l’avènement de la révolution numérique. 

Ces initiatives locales placées sous le signe de la proximité, puisqu’elles sont abritées par les bibliothèques communales, sont méritoires à plus d’un titre. Elles participent, en premier lieu, d’une entreprise salutaire de réhabilitation et de valorisation d’un réseau national de bibliothèques bâties il y a de nombreuses années et qui sont restées longtemps sous-équipées et non exploitées. Ce retour à l’activité et à l’ouverture au public est par ailleurs souhaité dans d’autres secteurs où le parc infrastructurel est quasiment à l’abandon, dont le dossier le plus connu est celui des 100 locaux par commune. 

S’appuyant sur un mouvement associatif débordant d’énergie et d’idées, l’administration en charge des activités culturelles n’a pas eu de difficultés à insuffler une réelle dynamique intellectuelle et éducative dans ces structures qui ont nécessité de gros budgets pour leur réalisation au temps de l’embellie financière ayant suivi une longue période de crises et de disette. La présence remarquable du public juvénile à ces activités est un signe révélateur d’un retour en grâce du monde des livres et de l’édition auprès des jeunes générations que d’aucuns croyaient totalement fourvoyées dans la vie digitalisée. 

Les bibliothèques deviennent à l’occasion de ces forums du livre l’un des rares espaces de la vie publique où les objets connectés sont mis en berne, utilisés uniquement pour immortaliser les séances de vente-dédicace et de débat avec les auteurs. La disponibilité de ces derniers à rompre avec leur discrétion habituelle et aller à la rencontre du public est également un aspect à souligner et à mettre à l’actif de ces créateurs, pour la plupart jeunes, qui n’ont pas toujours accès à une plus grande visibilité, à l’audience et à la reconnaissance qu’ils méritent. 
Un véritable bouillonnement culturel, artistique et intellectuel s’invite dans des locaux qu’il était vain de croire irrémédiablement voués au silence et à l’inertie. 

Si les auteurs sont aidés par la sollicitude permanente de l’administration qui met à leur disposition les structures relevant du secteur, ainsi que par l’engouement du jeune public, ils attendent par contre une plus grande efficience et un accompagnement de la part des éditeurs. De nombreux lecteurs, habitués des maisons d’édition au travail quasi parfait, subissent par ailleurs quelques désagréments dans la lecture d’ouvrages insuffisamment maîtrisés dans la phase de mise en forme et de fabrication.

Le succès des forums du livre à travers les bibliothèques communales suscite l’espoir d’un retour significatif à la lecture, mais également un débat, celui relatif au «virage numérique» préconisé dans le monde de l’éducation. Il n’était finalement pas clos et il risque d’être relancé d’autant plus que des pays autrement plus à la pointe des nouvelles technologies décident de faire machine arrière au sujet des tablettes numériques à l’école, après avoir pris acte d’une «crise de lecture». 

La problématique s’était arrêtée dans notre pays à l’exigence de réduction du poids du cartable de l’écolier et les spécialistes ne se sont pas encore hasardés sur le terrain des implications directes ou retardées des nouveaux outils d’apprentissage sur les apprenants. 

Les sujets de débat se superposent, en vérité. Au-delà du choix entre le livre et la tablette, c’est le contenu qui importe le plus, s’agissant de la pédagogie. L’appel de l’Unesco lancé en novembre dernier en faveur d’une éducation pour la paix ne semble pas être très entendu dans un monde traversé par les conflits. 

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