Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf, a reçu hier son homologue syrien, Faïçal Moqdad, qui était porteur d’un message du président syrien, Bachar Al Assad, au président Abdelmadjid Tebboune.
Selon des sources généralement bien informées, Faïçal Moqdad est venu solliciter le soutien de l’Algérie pour permettre à la Syrie de réintégrer la Ligue arabe.
La visite du chef de la diplomatie syrienne à Alger intervient au lendemain d’une réunion à Jeddah sur la Syrie, pays qui est exclu de l’organisation panarabe depuis 2011 en raison d’une grave crise interne qui a dégénéré avec le temps en guerre civile.
Selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères saoudien diffusé hier, la réunion à la laquelle ont pris part tous les membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) a porté sur l’importance pour les pays arabes de «jouer un rôle de premier plan dans les initiatives visant à mettre fin à la crise» en Syrie. Ils ont dialogué autour des «mécanismes nécessaires pour ce rôle et sont convenus de multiplier les consultations entre les pays arabes pour garantir le succès de ces efforts», poursuit la même source.
Comme lors du Sommet arabe d’Alger, des pays dont l’Algérie ont émis le souhait de voir la Syrie reprendre sa place au sein de la Ligue arabe. C’est le cas de l’Arabie Saoudite qui a rompu ses relations avec Damas en 2012 mais qui a récemment renoué le contact avec les autorités syriennes. En mars, la Syrie et l’Arabie Saoudite avaient eu des discussions sur une reprise de leurs services consulaires et, mercredi, le ministre syrien des Affaires étrangères, Fayçal Moqdad, a été reçu par son homologue saoudien, Fayçal Ben Farhane, pour la première visite du genre depuis le début de la crise syrienne en 2011.
Dans un communiqué commun, les deux responsables ont effectivement confirmé l’objectif de «ramener la Syrie dans le giron arabe». Riyad espère que cela pourra se faire à l’occasion du prochain sommet de l’organisation panarabe, qui est prévu de se tenir le 19 mai en Arabie Saoudite.
La question du retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe ne fait cependant pas l’unanimité. La réunion de Jeddah a montré qu’un certain nombre de pays ne sont pas pressés de voir Damas reprendre son siège au Caire. Le Qatar reste par exemple hostile à la normalisation avec Bachar Al Assad. Jeudi, son Premier ministre, Mohammed Ben Abdelrahmane Al Thani, a d’ailleurs qualifié de «spéculations» les déclarations sur un retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe, jugeant que les raisons de son expulsion étaient toujours d’actualité. «La décision appartient au peuple syrien», a-t-il ajouté.
C’est justement là qu’intervient l’Algérie. Le président Tebboune entretient des relations excellentes avec l’émir du Qatar, Tamim Ben Hamad Al Thani. De nombreuses sources indiquent que les autorités syriennes comptent beaucoup sur le président Tebboune pour qu’il persuade justement Doha de ne pas s’opposer au retour de la Syrie dans la Ligue arabe lors du prochain sommet de l’organisation.
Dans une déclaration hier à la presse à son arrivée à Alger, le ministre syrien des Affaires étrangères a souligné que «les concertations entre les deux parties sur les développements dans la région et dans le monde ne se sont jamais interrompues», ajoutant : «Nous avons besoin de renforcer ces relations, car nous concrétisons ainsi la vision sincère des peuples et dirigeants des deux pays pour le développement des relations dans tous les volets.» «Quoi que nous disions, nous ne saurons qualifier le rôle majeur de l’Algérie à différents niveaux», a-t-il dit.
M. Moqdad a également exprimé l’optimisme de son pays, en dépit de tous les défis et difficultés. Le ministre syrien des Affaires étrangères a sans doute raison d’entretenir la flamme de l’espoir.
Le Proche-Orient vit ces dernières semaines des changements géopolitiques qui pourraient effectivement marquer la fin de l’isolement de la Syrie.