République centrafricaine : Référendum sur un projet de nouvelle Constitution

31/07/2023 mis à jour: 16:00
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Environ 1,9 million de Centrafricains ont été convoqués hier aux urnes pour voter sur un projet de nouvelle Constitution qui permettrait au président Faustin Archange Touadéra de briguer un troisième mandat. 
Les résultats provisoires doivent être publiés sous huit jours, et la Cour constitutionnelle proclamera les résultats définitifs le 27 août, selon l’Autorité nationale des élections (ANE). 
 

Elu en 2016, ce dernier a été réélu en 2020 à l’issue d’un scrutin perturbé par des groupes armés rebelles et entaché d’accusations de fraude. Le chef de l’Etat, qui est âgé de 66 ans, est accusé par ses adversaires de vouloir rester «président à vie» d’un des pays les plus pauvres de la planète, dont la sécurité est en partie assurée par la société de sécurité privée russe Wagner déployée dans la Centrafrique depuis 2018. 
 

Le projet de nouvelle Constitution prévoit d’allonger notamment la durée du mandat présidentiel de cinq à sept ans, et supprime la limite de mandats. 
 

Les principaux partis d’opposition et organisations de la société civile, ainsi que les groupes armés rebelles ont appelé à boycotter le scrutin. L’opposition dénonce, notamment, l’absence de fichier électoral à jour et le manque d’indépendance des institutions chargées de garantir la régularité des résultats.
 

Le président Touadéra a annoncé que la Russie et le Rwanda allaient «appuyer» la sécurisation du scrutin. Un organe lié au groupe Wagner a assuré en juillet que plusieurs centaines de ses combattants étaient arrivés sur le territoire pour assurer cette mission.  
 

En septembre 2022, la Cour constitutionnelle a infligé un revers juridique au pouvoir en annulant la mise en place d’un Comité chargé de rédiger une nouvelle Constitution. Le pouvoir a ensuite mis la présidente de cette cour, Mme Darlan, à la retraite d’office en janvier 2023. Des responsables gouvernementaux centrafricains ont menacé et harcelé des adversaires du référendum, d’après HRW, et les autorités ont interdit une manifestation de l’opposition dans la capitale.

Des centaines de mercenaires de Wagner ainsi que des soldats rwandais ont été déployés en décembre 2020 pour sauver le régime de Bangui d’une offensive menée par une alliance des plus puissants groupes rebelles, qu’ils ont repoussés dans les zones rurales.

Instabilité

Ancienne colonie française, l’Oubangui-Chari a proclamé son indépendance de sous le nom, le 13 août 1960, de la RCA. Le président David Daco instaure un régime à parti unique.

Le 1er janvier 1966, le colonel Jean Bedel Bokassa prend le pouvoir par un coup d’Etat. En décembre 1977, soutenu par Paris, Bokassa est couronné empereur. Mais en septembre 1979, il est déposé au profit de David Dacko avec l’aide de l’armée française (opération «Barrakuda»). Le 1er septembre 1981, le général André Kolingba fomente un putsch, qui instaure un régime militaire. 

En septembre 1993, Ange-Félix Patassé est élu président. Il est réélu en 1999. En mars 2003, le  général François Bozizé mène un pronunciamiento puis remporte la présidentielle et les législatives de 2005. En 2006 au nord du pays, est créée la Séléka «Alliance» en sango, qui regroupe un ensemble de mouvements rebelles. Elle renverse le 24 mars 2013 le président François Bozizé. Lequel n’a en la circonstance que le temps nécessaire pour fuir le pays. En septembre de la même année, la Séléka annonce sa dissolution. Début décembre, le Conseil de sécurité de l’ONU autorise les forces militaires françaises à intervenir dans la RCA.
 

D’où l’opération Sangaris. En janvier 2014, le président par intérim Michel Djotodia démissionne. En février 2016, l’ancien Premier ministre Faustin-Archange Touadéra recueille 62,71% des suffrages contre 37,29% pour son rival, Anicet-Georges Dologuélé, lors du second tour de la présidentielle, validé par la Cour constitutionnelle le 1er mars. En mai 2017, le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies (Ocha) dénonce la résurgence de crimes à caractère ethniques et religieux. Un mois après, est signé à Rome un accord de cessez-le-feu entre 14 groupes armés (Entente de Sant’Egidio).
 

A la faveur du vide créé par le départ du plus gros des troupes françaises, Moscou a dépêché dans le pays des «instructeurs militaires» en 2018, puis des centaines de paramilitaires en 2020 à la demande de Bangui, confrontée à une rébellion menaçante. En 2021, la coopération militaire entre Paris et la RCA est suspendue.
 

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