Rentrée scolaire en palestine occupée : Plus de 630 000 élèves privés d’école à Ghaza

10/09/2024 mis à jour: 05:19
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Photo : D. R.

Hier a eu lieu la rentrée scolaire en Palestine occupée. Mais elle ne concernait que les élèves de Cisjordanie. Leurs camarades de la bande de Ghaza sont toujours privés d’école. Et alors que ce même 9 septembre marquait la «Journée internationale pour la protection de l’éducation contre les attaques», plusieurs organisations civiques palestiniennes ont rendu publique une déclaration commune appelant la communauté internationale à «sauver les écoles du génocide pédagogique» à Ghaza.

Ce lundi 9 septembre, c’était officiellement la rentrée des classes en Palestine. Mais comme il fallait s’y attendre, celle-ci n’a concerné que les élèves de Cisjordanie, tandis que leurs camarades de Ghaza où la campagne de destruction massive menée par Israël se poursuit, sont privés d’école.

Selon l’agence palestinienne Wafa, «plus de 806 360 élèves sont inscrits dans 2459 écoles en Cisjordanie, y compris à Jérusalem, et reçoivent leur éducation auprès de 51 447 enseignants». Dans la bande de Ghaza, «l'agression sioniste a privé depuis le 7 octobre 2023 plus de 630 000 élèves de leur droit à l'éducation, en plus de 58 000 nouveaux élèves qui sont censés entrer en première année».

La guerre contre Ghaza a coûté la vie à «plus de 10 000 élèves», précise Wafa. L’agence d’information palestinienne ajoute que «90% des 307 bâtiments scolaires gouvernementaux ont été détruits» dans l’enclave martyrisée. En outre, la majorité des 200 écoles appartenant à l’UNRWA «ont été transformées en centres d'hébergement pour personnes déplacées». «70% d'entre elles ont été bombardées, certaines complètement détruites et d'autres gravement endommagées».

Journée internationale pour la protection de l’éducation

Alors que l’on célébrait ce même 9 septembre la «Journée internationale pour la protection de l’éducation contre les attaques», instituée par l’ONU en 2020 pour sensibiliser sur les conséquences dévastatrices des conflits armés sur la vie scolaire, des organisations civiques palestiniennes ont rendu publique une déclaration commune pour marquer cette journée.

Ces associations ont «appelé la communauté internationale à sauver les écoles palestiniennes du génocide pédagogique» rapporte Wafa. Parmi les organisations signataires de cette déclaration, il y a la Campagne académique internationale contre l'occupation et l'Apartheid israéliens, la Coalition éducative palestinienne, la Bibliothèque nationale palestinienne, la Fédération des enseignants palestiniens, le Département des droits de l'Homme de l'OLP, la Fédération des écrivains palestiniens, la Fédération des universitaires arabes ou encore la Fédération générale des historiens et des architectes palestiniens, détaille Wafa.

Dans leur déclaration, elles ont lancé un appel à la «protection de l'éducation palestinienne contre les attaques militaires israéliennes, délibérées et planifiées, en vue de perpétrer le génocide et la purification ethnique du peuple palestinien».

En outre, elles ont souligné la «nécessité de mettre en œuvre des programmes d'aide urgents et immédiats, sous l’égide de l'ONU, pour la préservation du processus pédagogique, le financement de sessions de rattrapage au profit des élèves dont les études ont été interrompues, la prise en charge médicale des enfants blessés par la fourniture notamment de prothèses, (…) et l’ouverture de points de passages frontaliers pour permettre de soigner des enfants de Ghaza dans les hôpitaux étrangers».

«Génocide pédagogique»

Toujours dans le cadre de cette journée de protection de l’éducation, une rencontre s’est tenue hier à Ramallah réunissant plusieurs organisations militantes pour dénoncer les violences subies par le monde de l’éducation en Palestine sous l’occupation sioniste.

«Nous assistons à un véritable génocide pédagogique perpétré par les forces d'occupation contre notre peuple, ciblant les étudiants, les enseignants, les professeurs et les infrastructures pédagogiques : des écoles, des collèges, des universités», martèle le secrétaire général de la Campagne académique internationale contre l'occupation et l'apartheid israéliens, Ramzi Odeh.

Et de poursuivre : «Le génocide scolaire fait partie du nettoyage ethnique et du déplacement de notre peuple de ses terres à Ghaza et en Cisjordanie. Israël est passé d'une annexion silencieuse à une annexion complète.» Ramzi Odeh a affirmé qu’en ce premier jour de rentrée, «un certain nombre d'élèves de la zone C ont été empêchés de se rendre à leurs écoles».

D’après lui, «25% du nombre total de martyrs dans la bande de Ghaza, soit plus de 10 000 personnes, sont des élèves et des étudiants». Il a ajouté que «134 44 élèves et étudiants ont été blessés à Ghaza depuis le 7 octobre. Ils représentent 21% du nombre de blessés de cette guerre génocidaire».  Il a fait savoir par ailleurs que 397 enseignants ont été tués à Ghaza et 712 établissements scolaires ont été touchés par les bombardements et les pilonnages intensifs de l’armée israélienne, dont certains ont été complètement détruits.

La représentante du ministère palestinien de l'Education et de l'Enseignement supérieur, Suhair Al Qassim, a souligné de son côté : «Nous ressentons une peine profonde en entamant cette nouvelle année scolaire de voir que 620 000 élèves de la bande de Ghaza manqueront à l’appel, eux qui sont dans l’incapacité de rejoindre le banc de l’école en raison de l’agression en cours.»

Une rentrée triste à Jénine

A Jénine aussi, en Cisjordanie occupée, ville qui vient de sortir d’un siège épouvantable après avoir subi un véritable déluge de feu, la rentrée a un goût amer. En ce premier jour d’école, il régnait dans les classes et les cours de récré «une atmosphère de tristesse», relate l’agence Wafa.

Les visages étaient fermés et les mines graves, affichant une expression de deuil, au lycée pour filles de la ville de Kafr Dan, à l'ouest de la ville de Jénine. Et pour cause : une élève de ce lycée, Loujaine Oussama Mosleh, est tombée «sous les balles d'un sniper israélien lors de la prise de la ville le 3 de ce mois», indique l’agence d’information palestinienne. Loujaine était évoquée avec émotion et dignité.

«Elle était présente dans les yeux de ses camarades et de ses professeurs, et dans les mots et les poèmes lus à la radio de l'école à sa mémoire», écrit Zahrane Maali, la journaliste de Wafa qui a réalisé le reportage. «C'est une année triste pour l'école.

Durant mes huit années de travail en tant que directrice du lycée, je n'ai jamais rien vécu d’aussi éprouvant que ces scènes», déclare la cheffe d’établissement. La place de Loujain au premier rang était vide. Zahrane Maali note que la table de la lycéenne martyre était «recouverte du drapeau palestinien et d’un keffieh», et sur son pupitre était posé «un bouclier portant son nom».

Frappes israéliennes contre la Syrie : 18 morts

Au moins 18 personnes ont été tuées et 37 autres ont été blessées hier suite à une série de frappes menées par l’armée israélienne contre la Syrie, a annoncé le ministre syrien de la Santé, Mohammad Al Ghabbach. Ces raids ont ciblé des sites militaires au centre de la Syrie, selon les autorités syriennes.

L’agence officielle Sana a indiqué que «l'aviation de l'ennemi israélien a mené des frappes dans la nuit de dimanche à lundi contre un certain nombre de sites militaires dans la région centrale». «Notre défense aérienne a abattu certains missiles», a précisé l’agence de presse en citant une source militaire.

Le ministère syrien des Affaires étrangères a vivement dénoncé ces attaques à travers un communiqué, accusant Israël de vouloir «provoquer une escalade supplémentaire dans la région». Téhéran a également condamné cette «attaque criminelle» par la voix du porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanaani.  Il convient de rappeler qu’Israël a plusieurs fois bombardé des cibles sur le territoire syrien.

En avril dernier, un raid sioniste avait visé le consulat iranien à Damas, tuant de hauts gradés de la République islamique. L'Iran avait riposté en déclenchant une attaque contre des positions à l’intérieur du territoire israélien à l’aide de drones et de missiles. M. B.

40 988 morts et 94 825 blessés à Ghaza

Le bilan de la guerre contre Ghaza a atteint ce lundi 9 septembre 40 988 morts et 94 825 blessés, a indiqué hier le ministère de la Santé dans la bande de Ghaza. Au moins 16 personnes sont tombées en martyres en 24 heures, entre dimanche soir et lundi matin, précise la même source.

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