Rencontre sur le cancer du sein et les facteurs socio-psychologiques à Constantine : Débats sur les risques des pressions psychosociales

04/11/2024 mis à jour: 04:42
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Bien que le mois d’octobre, dédié à la sensibilisation au dépistage du cancer du sein, soit passé, la question de cette pathologie reste cruciale, posant un défi permanent pour diminuer les taux d’incidence. 

C’est dans cette optique qu’une rencontre a été organisée fin octobre par le Conseil de wilaya de la femme employée, affilié au Syndicat national autonome des personnels de l’administration publique (Snapap) au siège situé au boulevard Zighoud Youcef à Constantine. 

Lors de ce rendez-vous, le Dr Hanene Talbi, médecin généraliste principal et cheffe de l’unité de médecine préventive à la direction des œuvres universitaires (DOU) d’Aïn El Bey, a abordé les multiples causes à l’origine du cancer, distinguant les facteurs contrôlables de ceux échappant au pouvoir humain, avançant le chiffre de plus de 2 millions de femmes atteintes et un nouveau cas diagnostiqué toutes les trois minutes dans le monde, ce qui alerte sur la gravité de la situation. 

Elle a par ailleurs encouragé les femmes présentes à adopter des stratégies de prévention et de dépistage précoces, capables de faire grimper le taux de guérison à 95%, notamment en favorisant un mode de vie sain, en s’éloignant du tabagisme  (actif comme passif) et en limitant l’usage de certains traitements hormonaux. 

Cependant, un constat demeure. Malgré l’adoption de bonnes pratiques de santé, certaines femmes développent un cancer, d’où l’importance d’élargir les axes de sensibilisation. Dans cette perspective, le stress psychologique s’affirme comme un facteur essentiel, souvent encouragé par un mode de vie inadapté et propice au développement de diverses pathologies cancéreuses. Le Dr Yamina Oubadji, psychologue et maître de conférences à l’université Abdelhamid Mehri (Constantine 2), s’est exprimée avec vigueur en lançant : «Femme algérienne, tu n’es pas une superwoman ou une Batwoman», pour illustrer la pression que subissent les femmes, particulièrement en milieu professionnel. 

Elle a insisté sur la distinction entre le stress aigu temporaire, libérant de l’adrénaline et le stress chronique, source de multiples affections. Le stress chronique, particulièrement chez les femmes actives, est souvent exacerbé par un environnement de travail stressant, en raison de la surcharge des responsabilités familiales et professionnelles, de leur morphologie et de leur capacité à jongler entre ces différentes exigences. Le Dr Oubadji a ajouté que l’Algérie se classe au quatrième rang au Moyen-Orient en termes de consommation de médicaments, notamment des calmants et antidépresseurs, un phénomène révélateur de la pression quotidienne que subissent de nombreuses Algériennes.

 Les consultations psychologiques deviennent de plus en plus courantes en Algérie, surtout chez les femmes sujettes à des épisodes de dépression post-natale, ou «baby blues». Souvent, cette dépression perdure et s’intensifie au fil des maternités, créant un sentiment d’isolement dans l’éducation des enfants, parfois exacerbé par un désengagement paternel. S’il n’est pas pris en charge, ce cumul de stress peut se manifester sous forme de maladies graves, comme le cancer du sein. 

«Les femmes employées en Algérie vivent un véritable calvaire», souligne le Dr Oubadji, affirmant que les tensions psychologiques se transforment souvent en maladies somatiques. Elle a ainsi rappelé l’importance du soutien familial et des méthodes de gestion du stress, avant, pendant et après la maladie, car le déni reste une réaction fréquente chez les patientes.


L’ergonomie, un concept essentiel

En outre, l’absence d’ergonomie dans les milieux professionnels ajoute un fardeau non négligeable, renforcé par les conflits de rôle dans la société et le foyer. En Algérie, ce domaine, qui pourrait pourtant offrir un soutien précieux aux femmes en emploi, demeure négligé. 

Le Dr Aïcha Boubaker, psychologue et maître de conférences à l’université 20 Août 1955 de Skikda, a relevé que les mauvaises conditions physiques au travail alimentent souvent le stress des employées. Rarement, voire jamais, les entreprises et les institutions algériennes ne prennent en compte l’ergonomie pour ajuster les postes de travail aux besoins des travailleurs. 

A l’étranger, l’impact de la couleur des murs, la conception ergonomique des meubles et l’agencement des bureaux sont des considérations essentielles pour le bien-être et la performance des travailleurs. 

En Algérie, en revanche, le confort matériel est souvent éclipsé par l’absence de dispositifs préventifs contre le stress, les responsables ne veillant pas systématiquement à l’harmonie relationnelle au sein de l’équipe ni à la prévention des conflits et du harcèlement. 

Ainsi, entre la surcharge psychosociale et le déficit d’ergonomie, les femmes employées en Algérie se trouvent souvent en situation de grande vulnérabilité face aux risques de maladies graves, en particulier le cancer du sein, accentuant l’urgence d’initiatives de sensibilisation et de prévention adaptées.                         

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