Face à la hausse des saisies de produits stupéfiants, la lutte contre la drogue et la toxicomanie vient d’être renforcée par une batterie de dispositions. En appui au volet préventif, de nouvelles mesures coercitives sont entrées en vigueur sous forme de la loi 23-05 du 7 mai 2023, modifiant et complétant celle n°04-18 du 25 décembre 2004.
Ces différents aspects de la stratégie nationale en la matière ont constitué le programme de la journée d’étude consacrée à la lutte contre ce fléau en milieu juvénile organisée, mercredi dernier, au siège de la cour de justice de Constantine.
La nouvelle législation prévoit de «lourdes peines pour les consommateurs et tous ceux qui interviennent dans la chaîne de production et commercialisation», a indiqué le procureur général adjoint près le tribunal du Khroub, Saber Mohamed Seddik, qui a souligné le durcissement des sanctions, notamment dans les articles 16 bis.1, et 20.
Ainsi, pour le premier : «Est puni d’un emprisonnement de 5 à 10 ans et d’une amende de 500.000 DA à 1 million DA, quiconque fait, intentionnellement et par tous les moyens, la promotion de stupéfiants et/ou de substances psychotropes».
Pour le second : «Est punie de la réclusion perpétuelle toute personne qui a cultivé d’une manière illicite le pavot à opium, le cocaïer et la plante de cannabis, en connaissance de cause».
Comme le chapitre de la prévention est inclus dans ledit texte, les intervenants ont insisté sur l’importance des actions de sensibilisation auprès des jeunes à l’effet de les préserver de toute tentation. C’est d’ailleurs l’axe développé par Abdelghani Belkhiri lors de son exposé sur les drogues et l’impact de l’addiction sur la santé physique et mentale du consommateur, ainsi que ses conséquences sur l’environnement familial ou social.
L’expert auprès de l’annexe de l’Institut national de criminalistique et de criminologie (INCC), via la diffusion d’images, a passé en revue la liste des différents produits stupéfiants, naturels ou de synthèse, introduits et commercialisés illicitement sur le territoire.
Ces substances, qu’elles soient administrées par voie orale, intraveineuse, sniffées, ou, a-t-il fait savoir à l’assistance, par l’ouïe à travers la diffusion de musique sur le Dark Web, sont aussi dangereuses les unes que les autres. *
Et leurs effets sur le système nerveux sont dévastateurs. «Une dose d’héroïne, considérée comme la plus dangereuse des substances, détruit 200 000 neurones… des cellules qui ne se renouvellent pas» a-t-il illustré ses propos. Et de rappeler que bon nombre de ces drogues sont consommées par la catégorie des jeunes. Un état des lieux confirmé par le bilan 2022 du groupement régional de la gendarmerie, concernant l’Est du pays.
Ce dernier, selon son représentant, Adel Rahal, fait état du traitement de 314 affaires dont 95% des auteurs sont des vingtenaires.