Les poèmes déclamés lors de cette journée ont transporté les présents dans un univers de sentiments profonds, mêlant tristesse, indignation et espoir.
Lors d’une matinée empreinte d’émotion et de ferveur, l’espace culturel Fingerclic, situé à la cité Zouaghi Slimane dans la ville de Constantine, a accueilli, samedi, une rencontre poétique d’exception. Cette initiative, mue par un soutien indéfectible à la cause palestinienne, a réuni des poétesses algériennes de renom, offrant aux amoureux de la belle parole et aux défenseurs de la justice une matinée riche en émotions et en réflexions.
Au cœur de cette rencontre, deux recueils de poèmes ont été présentés et dédicacés en présence des auteurs. Le premier, intitulé L’olivier en deuil, est l’œuvre de l’auteure algéro-tunisienne Fatima Maaouia. Le second, une anthologie collective, rassemble les écrits d’une vingtaine de poètes algériens issus de diverses régions du pays, d’Alger à la Kabylie, en passant par Constantine et Oran, et même de l’étranger.
Les poèmes déclamés lors de cette journée ont transporté les présents dans un univers de sentiments profonds, mêlant tristesse, indignation et espoir. Des vers de qualité chargés d’humanité et de compassion ont rendu hommage à la résistance du peuple palestinien face à l’oppression et à la souffrance.
Parmi les poètes présents, Radia Gouga, artiste peintre et poétesse constantinoise, a particulièrement marqué les esprits avec son poème en arabe intitulé Palestine, sois patiente, car la victoire a un rendez-vous. Ce titre, tel un hymne à la résilience palestinienne, a résonné puissamment dans la salle, soulignant la détermination du peuple palestinien à recouvrer ses droits et sa liberté.
L’engagement de Radia Gouga ne se limite pas uniquement à la poésie, elle a également réalisé des tableaux de peinture pour exprimer toutes les souffrances des mamans ayant perdu leurs enfants durant la guerre menée à Ghaza. Pour sa part, Malika Challal, directrice des éditions Média Index, a souligné l’importance de cette rencontre, qui s’inscrit dans une série d’événements organisés autour des deux recueils de poèmes.
Publiés en février 2024, ces ouvrages comptent environ 200 pages chacun et ont déjà fait l’objet de présentations à Alger. «Tout a commencé quand j’ai été contactée par une poétesse vers la fin du mois de septembre 2023 pour la publication de son recueil de poésies. Après les événements du 7 octobre, j’étais plus que persuadée d’éditer l’ouvrage. En révélant ce travail, des poètes algériens se sont proposés pour faire une anthologie. Et j’ai commencé à contacter d’autres poètes engagés, à l’instar de Nadia Belkacemi», a-t-elle fait savoir.
Un double engagement
L’objectif de ces rencontres, selon Malika Challal, est double, d’une part, rassembler les amoureux de la poésie et, d’autre part, exprimer la solidarité avec la cause palestinienne. Un double engagement qui se concrétise également par le versement des recettes des ventes au profit de l’association El Baraka qui active à Ghaza.
Les discussions ayant suivi les lectures ont dépassé le cadre de la poésie pour s’étendre au domaine politique. Nadia Belkacemi, pharmacienne de formation et auteure engagée, a insisté sur le pouvoir de la poésie comme arme de résistance et de témoignage. «Ecrire est un minimum, mieux que rester les bras croisés», a-t-elle déclaré à El Watan.
Et de poursuivre : «On ne peut être en aucun cas des victimes des oppresseurs. Ecrire pour une cause juste et pour la Palestine n’est jamais sans importance. Parce que la souffrance due à l’oppression se reproduira, surtout que les choses marchent selon les centres d’intérêt. Il y aura inévitablement d’autres victimes une fois que le centre d’intérêt change», a-t-elle souligné.
Et de conclure qu’«écrire est une façon de préserver l’histoire du risque de la falsifier plus tard. L’histoire s’écrit avec les grandes lignes, mais ce qu’on écrit avec la poésie ça contient des passages quotidiens instantanés qui, demain, écriront et corrigeront l’histoire, quand ça sera trop rigide et orienté dans un sens.»
En marge de la rencontre, Nadia Belkacemi a également mis en lumière les tentatives de censure et de manipulation de l’information par les forces oppressives. «Au lendemain du 7 octobre, les Israéliens ont lancé 200 sites pour contrer tous les écrits qui circulaient sur les réseaux sociaux en soutien à la Palestine», a-t-elle révélé. Face à ces tentatives de museler la voix des poètes et des défenseurs de la justice, l’importance de l’engagement littéraire et artistique n’en est que plus grande.