Dans le cadre des «Mercredis du verbe» de l’Etablissement arts et culture de la wilaya d’Alger, l’espace des activités culturelles Bachir Mentouri a accueilli, mercredi dernier, les auteurs Mahmoud Aroua et Sid Ahmed Hamoud.
La rencontre - modérée par la poétesse, l’attachée culturelle auprès d’Arts et Culture et responsable des rencontres au niveau de l’espace Bachir Mentouri, Fouzia Laradi - a permis de mesurer le talent de deux auteurs algériens de générations différentes. Si Mahmoud Aroua est connu sur la scéne littéraire algérienne, Sid Ahmed Hamoud est en soi une révélation puisqu’il fait ses premiers pas dans l’univers de la littérature et de la poésie.
Etrennant la rencontre en question, le jeune écrivain et poète Sid Ahmed Hamoud indique qu’il est l’auteur de cinq publications : un recueil de petites histoires Point de vue, deux recueils de poésies en langue arabe Les premiers prémices de l’amour et L’alphabet des cœurs, publiés respectivement en 2022 et 2023, un troisiéme recueil de poésie en français Loin du chaos et un polar intitulé Tigziri. Concernant cette derniére publication, l’orateur indique que si ce polar a été édité en langue arabe, en réalité, le texte a été rédigé au départ en français. Il s’agit d’un vrai polar avec tous les ingrédients de ce genre.
Des textes Déculturés
Dans son recueil de petites histoires, Point de vue, il explique qu’il a voulu déculturer les textes afin que chaque potentiel lecteur puisse avoir son propre point de vue. Il avoue, sans prétention aucune, qu’il a un peu un touché à tout car il ne veut pas être cloitré dans un petit texte. Si aujourd’hui, Sid Ahmed Hamoud est fonctionnaire dans une société algérienne, par le passé, il a enseigné pendant huit ans dont quatre années à l’université d’El Afroun. Notre interlocuteur reconnait qu’il est plutôt casanier. C’est une personne qui aime l’observation pour décortiquer entre autres la gestuelle et le regard. «Cela exige de moi d’être patient dans une rame de tramway ou encore dans un wagon de train. Je regarde les gens qui défilent autour de moi. J’ai tendance à coller des histoires qui n’ont rien à voir. Si vous lisez mon livre Tigziri, vous verrez qu’il y a des éléments historiques qui n’ont rien à voir avec des personnages complétement fictifs qui vont se recouper pour former cette histoire de Tgziri, celle de la vengeance.
Si Sid Ahmed Hamoud est à l’aise aussi bien dans la langue arabe que française, il avoue que durant la pandémie de Covid-19, ses écrits étaient essentiellement axés en arabe. Un fait qu’il n’arrive pas à expliquer. Cependant, il reconnait qu’il est dans le déclin humain quand il écrit en langue française et dans l’amour impossible et le spleen quand il rédige en langue arabe. Notre jeune poète frôle d’ailleurs plus de 400 poèmes en langue arabe depuis le corona et 60 poèmes en français. C’est parce que l’écriture est sa sève que notre jeune auteur s’est essayé aussi à une dizaine de textes, traitant de l’absurde. «Mais comme je suis toujours maniaque, je suis toujours en train de les peaufoner et de les revoir», avoua-t-il. Concernant ses projets futurs, il annonce qu’il compte éditer prochainement en cinq tomes des aphorismes. Comme il le dit si bien, «dans la contemplation, il y a des pensées philosophiques qui émergent».
L’apport original d’Ibn Rushd à la médecine
De son côté, le médecin et auteur Mahmoud Aroua - qui compte à son actif plusieurs publications - a axé son intervention sur sa dernière publication intitulée La traduction du Commentaire d’ Averroès au Poème de la médecine d’Avicenne, publié aux éditions l’Harmattan.
Un livre, rappelons-le, qui s’inscrit en continuité avec un premier ouvrage Ibn Rushd, le médecin, paru aux éditions algériennes Alpha en 2014 dans lequel il avait mis en valeur les écrits médicaux du célèbre savant andalou, écrits souvent peu étudiés contrairement à ses ouvrages philosophiques et théologiques.
Dans cette nouvelle publication, Mahmoud Aroua met en exergue l’apport original d’Ibn Rushd à la médecine. Il explique que le rôle du commentateur est de faciliter la compréhension d’un texte en apportant des clarifications accompagnées parfois d’exemples pratiques.
Le commentaire peut être un simple résumé du texte original ou bien plus élaboré avec des explications et une analyse critique. Ce qui est le cas dans ce livre, où Ibn Rushd (1126-1198) commente une œuvre médicale d’Ibn Sina (980-1037) datant de plus d’un siècle. Pour notre conférencier, l’intérêt de cette traduction réside dans le fait que le texte d’Ibn Rushd n’a jamais été traduit en français, contrairement à ses écrits philosophiques et théologiques. «Cette traduction permettra aux lecteurs de découvrir une autre facette de ce savant d’exception.
Il faut rappeler que les œuvres médicales d’Ibn Rushd, telles Al-Kulliyat fi al-tibb connu sous le nom de Colliget et SharhUrjuzat Ibn Sina / Commentaire au Poème de la médecine d’Ibn Sina ont été traduit dès le XIIIe siècle en latin et enseignées dans les universités européennes jusqu’au XVIIe siècle (Montpellier, Padoue, Paris, Bologne).