Il aura fallu 10 jours pour que l’enregistrement de la rencontre du Président avec deux journalistes soigneusement sélectionnés ne soit diffusé à la télévision. Du différé bien sûr, avec double montage intégré, 1h45 de direct et 55 minutes à l’arrivée, et un décalage énorme entre le discours et son visionnage par les téléspectateurs pour un entretien qui aurait pu être diffusé le soir même, avec montage.
Mais comment se passe ce genre d’opération ? Les questions sont étudiées, puis l’enregistrement se fait, puis le montage est réalisé, puis le fichier est envoyé à la télévision et la radio avec ordre de ne le diffuser que lorsque l’ordre sera émis. Entre les deux, où va ce fichier et pourquoi ce temps si long entre l’envoi et la diffusion ? C’est toute la question et qui y répondra comprendra pourquoi il a mis 10 jours à être diffusé et coupé d’une heure. Mais où va le fichier entre son enregistrement et sa validation et qui le valide en dernier ?
Là aussi, celui qui y répondra de manière hasardeuse pourra passer quelques jours en prison, mais finalement, que s’est-il passé pendant ces 10 jours qui ont donc été ratés par les journalistes et le Président ?
La JSK a été éliminée, le ministre de la Santé a réagi à la fuite des médecins par «le mal est en nous», les espaces de loisirs ont été rouverts, le ministère du Commerce a promis un approvisionnement des marchés normal durant le mois de Ramadhan, l’acteur Mustapha Preure est décédé et le Président a lui-même gelé des taxes contenues dans la loi de finances, question qui n’a pu être abordée dans l’entretien puisque postérieure.
Y a-t-il de quoi refaire cette rencontre ? Peut-être pas, on s’en tiendra à ces 55 minutes où le chef de l’Etat a déclaré qu’il n’y a pas de détenus d’opinion en Algérie et les 600 000 chômeurs inscrits toucheront 13 000 DA. On aurait préféré le contraire, il n’y a pas de chômeurs en Algérie et les détenus d’opinion seront dédommagés à hauteur de 13 000 DA. La minute d’incarcération.