Le président américain, Joe Biden, rencontrera son homologue chinois, Xi Jinping, le 15 novembre, a annoncé, hier, la Maison- Blanche, répétant vouloir «gérer de manière responsable la rivalité» entre Washington et Pékin.
«Les dirigeants échangeront sur les questions liées à la relation bilatérale entre la Chine et les Etats-Unis, l’importance continue de maintenir des lignes ouvertes de communication et un éventail de dossiers régionaux et mondiaux», a indiqué, dans un communiqué, la porte-parole de la Maison-Blanche, Karine Jean-Pierre, cité par l’AFP.
De hauts responsables américains ont confirmé que la rencontre aurait lieu «dans la région de San Francisco», en Californie, et ont également affirmé que Washington souhaitait une «rivalité» avec Pékin, mais pas de «conflit», ni de «Guerre froide». «Notre objectif sera d’essayer de prendre des mesures qui stabilisent la relation entre les Etats-Unis et la Chine, de lever certains malentendus et d’ouvrir de nouvelles lignes de communication», a dit un haut responsable lors d’un entretien jeudi avec la presse.
Ses propos étaient sous embargo jusqu’à hier et les officiels américains cités ont requis l’anonymat. Pékin a confirmé la rencontre: «A l’invitation du président américain Biden, le président Xi Jinping se rendra à San Francisco, aux Etats-Unis, du 14 au 17 novembre, pour une réunion entre les chefs d’Etat de la Chine et des Etats-Unis», a annoncé le ministère chinois des Affaires étrangères dans un communiqué. Il s’agira de la deuxième rencontre en personne entre les deux hommes depuis l’élection de Joe Biden, et de leur septième conversation depuis cette date. Ce sera aussi la première visite de Xi Jinping aux Etats-Unis depuis 2017. Au même moment, se déroulera à San Francisco le Sommet de la Coopération économique pour l’Asie-Pacifique (Apec), organisé du 12 au 18 novembre.
Un dialogue «absolument essentiel»
Le président américain veut avertir son homologue que les Américains sont «extrêmement inquiets» à l’idée d’une ingérence de Pékin dans l’élection présidentielle à Taïwan en 2024, a dit une haute responsable américaine. Elle a estimé que l’année à venir, avec ce scrutin mais aussi une présidentielle en novembre prochain aux Etats-Unis, pourrait être «plutôt agitée» pour la relation entre Washington et Pékin. «Nous sommes également préoccupés par l’intensification sans précédent, dangereuse et provocatrice, des activités militaires (chinoises) autour de Taïwan», a-t-elle ajouté, en indiquant que Joe Biden évoquerait aussi le sujet.
Il répétera toutefois à la Chine, qui revendique la souveraineté de l’île, que Washington ne soutient pas une indépendance de Taïwan et que la politique américaine en la matière n’a donc pas changé. Taïwan est l’un des principaux sujets de friction entre les deux superpuissances, et la Chine a d’ailleurs suspendu à l’été 2022 l’essentiel des communications militaires régulières avec les Etats-Unis, après une visite de la présidente de la Chambre des représentants américaine sur l’île.
Avoir un dialogue avec la Chine entre hauts responsables militaires mais aussi à un échelon plus opérationnel est «absolument essentiel» pour éviter des malentendus potentiellement périlleux, a dit la haute responsable. «Les Chinois sont réticents et le président (Biden) va donc faire résolument pression la semaine prochaine» pour rétablir ces lignes de communication cruciales entre les deux puissances nucléaires, a dit le haut responsable américain déjà cité plus haut. Sa collègue a averti qu’il ne fallait pas s’attendre à une «longue liste de résultats concrets», assurant que le but de la rencontre est de «gérer la rivalité» avec Pékin et que les Etats-Unis ont des attentes «réalistes».
Les hauts responsables ont indiqué que les grands sujets internationaux du moment seraient abordés, en particulier la guerre entre Israël et le Hamas. Joe Biden attend de la Chine qu’elle «dise très clairement, dans le cadre de sa relation naissante avec l’Iran, qu’il est essentiel que (Téhéran) ne cherche pas à intensifier ou élargir» ce conflit. Les Etats-Unis sont «confiants» avant la rencontre, a dit le haut responsable, en vantant la bonne santé économique américaine ainsi que l’intense activité diplomatique de Washington pour muscler ses alliances en Asie.
La rencontre entre Xi Jinping et Joe Biden se déroulera en plusieurs «sessions», comme lors de leur réunion il y a un an à Bali (Indonésie), en marge du G20, selon ces sources. L’entretien entre les deux hommes a alors duré environ trois heures.
La rencontre Biden-Xi a été confirmée le jour même où le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken et le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin sont en Inde. Ils ont pris part à des discussions à New Delhi avec leurs homologues indiens Subrahmanyam Jaishankar et Rajnath Singh, pour renforcer la coopération entre les deux pays face à la montée en puissance de la Chine en Asie-Pacifique.
L’Inde, membre du Dialogue quadrilatéral pour la sécurité (Quad), alliance de coopération en matière de défense aux côtés des Etats-Unis, de l’Australie et du Japon, se positionne en rempart contre les ambitions de la Chine de plus en plus affirmées dans cette région.
De vieux différends frontaliers dans l’Himalaya restent une source de tension entre l’Inde et la Chine. En juin 2020, un affrontement exceptionnel entre soldats indiens et chinois a eu lieu au Ladakh, au nord de l’Inde.