La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, et le vice-Premier ministre chinois, Liu He, ont souligné mercredi, lors d'une rencontre en Suisse, l'importance et le besoin urgent d'une communication étroite entre Washington et Pékin, qui tentent de réchauffer leurs relations économiques.
"Face à des perspectives économiques mondiales compliquées, il y a un besoin urgent pour les deux plus grandes économies au monde de communiquer étroitement sur les conditions macroéconomiques et financières mondiales et d'échanger des vues sur la façon dont nous répondons à différents défis", a déclaré Janet Yellen devant des journalistes, à Zurich.
Se référant à une rencontre entre les présidents américain Joe Biden et chinois Xi Jinping en novembre à Bali, la ministre américaine - qui faisait escale à Zurich avant un déplacement dans plusieurs pays d'Afrique - a souligné la responsabilité qu'ont les Etats-Unis et la Chine de montrer qu'ils peuvent "gérer leurs différences".
"Nous avons des points de désaccord", a reconnu la ministre américaine, qui rencontrait pour la première fois en personne son homologue chinois, après trois entretiens à distance.
Mais "nous ne devons pas laisser les incompréhensions, en particulier celles venant d'un manque de communication, détériorer inutilement nos relations bilatérales économiques et financières", a ajouté Janet Yellen.
Liu He, qui a également mentionné cette rencontre entre les présidents américain et chinois en marge d'un sommet du G20 à Bali, a dit vouloir assurer "une communication sérieuse" et "une coordination sur les affaires macroéconomiques, le changement climatique et autres questions d’intérêt mutuel".
"Actuellement, il semble que nous sommes confrontés à des problèmes", a répondu le vice-président chinois à Janet Yellen, par le biais d'une interprète devant la presse en amont de la rencontre.
"Mais comme l'a dit le président Xi, nous avons tous une seule planète et il y a toujours plus de solutions que de problèmes", a-t-il poursuivi.
"Maintenir le dialogue"
"A nos yeux, la relation Chine-Etats-Unis est hautement conséquente", a souligné Liu He, tout en appelant "à gérer nos différences de manière appropriée".
"Quelle que soit la façon dont les circonstances changent, nous devons toujours maintenir le dialogue", a-t-il affirmé.
Ces trois dernières années, la rivalité entre les deux plus grandes économies mondiales s'est intensifiée à mesure que la Chine gagnait en puissance et en assurance, suscitant des craintes grandissantes aux Etats-Unis.
Les tensions avaient atteint leur paroxysme en août dernier, après la visite de la présidente d'alors de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, à Taïwan, île dont Pékin estime qu'elle fait partie de son territoire. Pékin avait alors lancé des manœuvres militaires d'une ampleur inédite autour de l'île.
Signe que les deux grandes puissances tentent de réchauffer leurs relations, un responsable américain a confirmé mardi que le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, allait se rendre en Chine les 5 et 6 février pour tenter d'apaiser les fortes tensions entre les deux pays.
Le déplacement d'Antony Blinken sera le premier à ce niveau depuis celui de son prédécesseur républicain Mike Pompeo en octobre 2018. Il avait été annoncé en marge de la rencontre entre les présidents américain et chinois à Bali, au cours de laquelle les deux dirigeants avaient appelé au calme, mais les dates n'avaient pas été officiellement communiquées à ce moment-là.
Janet Yellen faisait, elle, escale à Zurich avant une visite au Sénégal, en Zambie et en Afrique du Sud pour renforcer les liens économiques entre ces pays et les Etats-Unis, alors que la Chine a gagné en puissance sur le continent africain.
Cette escale suisse visait à permettre à la ministre américaine et à son homologue chinois de discuter de questions économiques à l'heure où de nombreux dirigeants politiques se trouvent en Suisse, à Davos, pour le Forum économique mondial.