La nomination de Stéphane Romatet comme ambassadeur de France en Algérie en remplacement de François Gouyette se précise. Annoncée déjà le 24 mars dernier, cette information vient d’être confirmée par Georges Malbrunot, grand reporter au Figaro. «Stéphane Romatet, directeur du centre de crises au Quai d’Orsay, a été nommé ambassadeur de France en Algérie.
Il remplacera François Gouyette, qui est candidat à la présidence de l’Institut du monde arabe…», peut-on lire sur le compte Twitter de ce spécialiste du Moyen-Orient, proche du Quai d’Orsay. Même si l’information n’a pas été communiquée officiellement, la décision de nomination de M. Romatet à Alger semble bien actée par l’Elysée.
Né en septembre 1960 et diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris, Stéphane Romatet occupe actuellement le poste de directeur du centre de crise et de soutien du Quai d’Orsay. De 2017 à 2021, il a été ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République française auprès de la République arabe d’Egypte.
En novembre 2020, il a été nommé membre du conseil d’administration de l’Institut français d’archéologie orientale du Caire en qualité de représentant de l’Etat. Son passage au Caire lui a permis de mieux connaître la culture arabo-musulmane. Stéphane Romatet a été également ambassadeur en Australie jusqu’à 2014. Après son retour à Paris, il est devenu conseiller diplomatique d’Emmanuel Valls, alors Premier ministre.
Un poste qu’il a occupé jusqu’en 2016. Passé par plusieurs postes administratifs au ministère français des Affaires étrangères, notamment comme haut fonctionnaire correspondant de défense et de sécurité, directeur général de la modernisation, Stéphane Romatet est présenté comme un fin connaisseur des arcanes de la machine diplomatique française et quelqu’un qui a une réelle connaissance des codes en vigueur dans ce milieu très particulier.
M. Romalet devra ainsi succéder à François Gouyette, en poste à Alger depuis août 2020 et aujourd’hui admis à la retraite pour limite d’âge. Ce sexagénaire réputé pour être un bon connaisseur du Maghreb et du monde arabe quittera le corps diplomatique, après son départ d’Alger, pour probablement présider aux destinées de l’Institut français du monde arabe (IMA).
Ayant une bonne connaissance de la langue et de la culture arabes, parlant aussi le dialecte algérien, M. Gouyette avait toutes les qualités pour hisser les relations algéro-françaises à un niveau supérieur et faire oublier les maladresses de son prédécesseur. Mais tous ces connaissances ne lui ont finalement pas servi à grand-chose, puisque les relations algéro-françaises ont connu deux graves crises diplomatiques sous son mandat.
La première en septembre 2021, suite aux propos du président Emmanuel Macron accusant le «système algérien politico-militaire d’entretenir une rente mémorielle» et affirmant que «la nation algérienne n’existait pas avant la colonisation française». Des propos qui ont provoqué un tollé en Algérie. Conséquence immédiate, les hautes autorités algériennes ont rappelé leur ambassadeur à Paris.
La crise a duré près d’une année. Les relations entre les deux pays ont commencé à reprendre leur cours normal avec la visite du président français en Algérie en août 2022 et la signature d’une «déclaration commune pour un partenariat renouvelé et ambitieux».
Mais cette réconciliation entre Alger et Paris a été de courte durée, puisque en février 2023, les relations entre les deux pays ont connu une nouvelle brouille, suite à l’exfiltration d’une militante politique franco-algérienne, qui a rejoint la France à travers la Tunisie, malgré son interdiction de sortie du territoire algérien.
Ce n’est que vers la fin mars que les tensions entre les deux pays ont commencé à s’apaiser avec à la clé une communication téléphonique entre les deux chefs d’Etat algérien et français le vendredi 24 mars.
L’échange téléphonique entre les deux Présidents a permis donc de lever les malentendus sur l’affaire de l’exfiltration de l’activiste franco-algérienne Amira Bouraoui et remis en mouvement les relations bilatérales, avec le retour de l’ambassadeur d’Algérie en France, Saïd Moussi, dans ses bureaux à Paris le mercredi 29 mars.
La visite du président Abdelmadjid Tebboune en France, début mai, est de nature à acter l’ouverture d’une nouvelle page dans les relations bilatérales qu’il a qualifiées, lors de son entretien le 22 mars dernier à la chaîne Al Jazeera, de «fluctuantes».
Ainsi, Stéphane Romalet devra prendre ses fonctions à Alger dans un contexte marqué par un retour à la normale des relations algéro-françaises.