Réhabiliter le terroir

08/10/2024 mis à jour: 20:31
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L’annulation de la Fête de la figue à Beni Maouche, prévue ce mois d’octobre, n’est pas un fait anodin. Elle n’est pas due à des écueils administratifs ou d’ordre organisationnel, mais à un manque de production de ce fruit emblématique de la région.

Cette décision est révélatrice de l’état de secteurs et de filières sur lesquels repose beaucoup d’espoir de relance économique à travers les localités. Il y a des conclusions urgentes à tirer, au premier rang desquelles la nécessité de mettre un terme à une habitude observée au sein des services en charge du dossier, consistant à aligner chaque année des bilans ou des prévisions de production sans traduction effective sur le terrain.

Les consommateurs ordinaires tout comme les visiteurs assidus des fêtes traditionnelles des produits du terroir restent régulièrement sur leur faim. Le premier enseignement que suggère cette situation est, en outre, relatif au cheminement et aux exigences devant accompagner la procédure de labellisation, un objectif tant recherché par nombre de collectifs d’agriculteurs.

Le phénomène risque de se reproduire avec un autre produit symbolique, à savoir l’huile d’olive. Le décalage entre la motivation affichée pour la consécration et le niveau réel de l’activité est visible à l’œil nu. Des huileries sont fournies en lots d’olives et entrent en production avant que la cueillette ne soit lancée dans les localités concernées. L’objectif d’obtenir un label de qualité et l’indication géographique (IG) s’estompe ainsi fatalement.

Le débat entre tous les intervenants dans ces secteurs doit être enclenché et leurs exposés et propositions ne doivent pas être réservés aux conférences organisées à l’occasion des manifestations agricoles et commerciales qui, du reste, se raréfient ou se vident de leur substance. Différentes explications sont avancées par les spécialistes.

Changement climatique, maladies affectant les vergers et non traitées, diminution des superficies cultivées et recul des travaux et des opérations d’entretien. Ces aspects très distincts doivent être sériés, consignés et intégrés dans des stratégies efficaces de prise en charge. La dynamique de revivification et d’extension de ces activités mérite d’être déployée et maintenue durant toute l’année, en rompant avec le rythme occasionnel ou saisonnier.

Elle commande d’impliquer toutes les instances élues ou administratives qui réitèrent régulièrement leur engagement en faveur du développement local afin de répondre aux attentes de la population en matière de création d’activité, donc de richesse et d’emplois. Il y a urgence à relancer des débats avec un suivi des recommandations sur des questions vitales au sein des collectivités locales.

On note un consensus jamais démenti au sujet de l’habitat rural et il est pratiquement acquis d’augmenter le niveau de la subvention publique pour les bénéficiaires. Cependant, le dispositif n’est pas optimal dès lors que l’agriculture vivrière, qui contribue grandement à l’essor des produits du terroir, est quasiment oubliée.

Ceci au moment où la concurrence entre les produits transformés, gorgés d’huiles tropicales, non essentielles à l’alimentation, s’intensifie dans les rayonnages des grandes surfaces dans les moindres localités. Les bilans présentés par les autorités sanitaires, mettant en évidence la préoccupante évolution des pathologies liées au métabolisme, touchant toutes les franges de la société, ne doivent pas également se limiter aux seules journées médicales. La protection de la santé publique prendra tout son sens quand l’agriculture de terroir sera en mesure d’atteindre la consécration mais aussi le marché local et national, et changera positivement les habitudes de consommation.
 

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