La contrebande est entrée dans les mœurs des frontaliers dans la wilaya de Tébessa. Ce fléau qui ne cesse de prendre de l’ampleur constitue, outre qu’il soit une véritable saignée pour l’économie nationale, est à l’origine d’une forte pénurie de certains produits alimentaires, notamment dans les localités jouxtant les frontières algéro-tunisiennes à Bir El Ater, Houidjbet, Negrine, Mérij et autres, où la population est livrée à elle-même.
Une semaine seulement après la fin du mois de Ramadhan, certains produits de large consommation, comme la semoule, le lait en sachet et l’huile de table ont complètement disparu des étals. La pénurie a ébranlé aussi le marché des fruits et légumes durant le mois de Ramadhan. Le manque de certains légumes tels que l’oignon, la tomate et la pomme de terre a commencé à se faire ressentir provoquant du coup une envolée des prix. «Imaginez que pour acheter de l’oignon ou de la pomme de terre, il faut se déplacer jusqu’à Tébessa ; quelques jours seulement après l’Aid ces légumes ont disparu», a fait savoir Noureddine, habitant à Ain Zerga, située à 36 km du chef-lieu.
Non seulement cette pénurie a touché les produits alimentaires, mais elle s’est élargie ces derniers temps aux effets vestimentaires, aux ustensiles de cuisine, et même aux fournitures scolaires. Cette crise a ébranlé aussi le marché des boissons gazeuses de fabrication locale et étrangère. Les dépositaires à Tébessa ont constaté qu’il y a une forte demande sur certaines boissons gazeuses, notamment celles fabriquées à Tébessa. «Comme vous le constatez, nos stocks sont vides», nous a affirmé le dépositaire d’une limonade de fabrication locale à Bir El Ater.
Auparavant, un revendeur de dattes nous a déclaré qu’il avait été intercepté à mi-chemin entre la wilaya de Tébessa et celle d’El Oued par un groupe de contrebandiers pour lui acheter le chargement de dattes qu’il transportait. Il avait appris par la suite que cette quantité de dattes est passée de l’autre côté des frontières. Des stratagèmes utilisés par des contrebandiers sans scrupule qui continuent en toute impunité à imposer leurs lois au détriment du simple citoyen. La contrebande sévit dans la bande frontalière algéro-tunisienne d’une manière endémique. Le fléau ne date pas d’hier. Il perdure et se trouve même transmis de père en fils et de génération en génération.
Ce trafic lucratif qui impacte l’économie nationale est loin d’être un simple business. Il est parfaitement organisé et géré par des réseaux mafieux bien structurés dirigés par des trafiquants qui continuent à amasser de l’argent pour se faire ériger des châteaux et se procurer des voitures dernier cri sur le dos du simple citoyen, le privant des simples produits alimentaires.