Il est des localités, loin des grands centres urbains, qui ne sont pas connues et qui sont devenues célèbres que par les performances sportives de leurs athlètes. Parmi elles, la commune de Ouled Adouane située au nord-est de Sétif et est distante de quelque 20 kms du chef-lieu de la wilaya.
C’est une région montagneuse, à vocation agricole où est implantée la grande cimenterie (SCAEK) de Ain El Kebira. En dépit de cette zone à plusieurs reliefs, le volley-ball se pratique à grande échelle et en tous lieux. La passion de la balle au filet a atteint son paroxysme dans cette localité au point de devenir même un pôle d’excellence et de prédilection dans la wilaya de Sétif. Et cela malgré le manque de ressources financières à même d’encourager les dirigeants du club de la JSCOA de développer cette discipline et également de voir grand par rapport aux excellents résultats enregistrés à tous les niveaux de pratique en catégories de jeunes de cette vaillante formation. Cette association dépendait du club de l’USCOA comme une section depuis 1996.
Voulant sauter plus haut pour smasher fort, marquer des points décisifs et prouver ses immenses capacités de gestion et de promotion du volley-ball à Ouled Adouane, les dirigeants de l’époque décidèrent de fonder l’association Jil Saad commune de Ouled Adoune en 2006. Ce club ne cesse de réaliser des performances sportives au-delà des espérances. L’ancien footballeur que fut le président Réda Bouima (né le 4/12/77 à Megress, Ouled Adouane), cadre à la SCAEK, élu président depuis 2016, en est à son 2e mandat olympique consécutif. Juste après la consécration de la dernière Coupe d’Algérie remportée, encore une fois, de haute lutte, nous nous attendions à rencontrer un président (Réda Bouima) tout heureux et auréolé des performances sportives que ne cesse de réaliser cette jeune association au grand potentiel, au contraire
L’air pensif et paraissant porter les soucis du monde entier. Pourquoi ce découragement et cette lassitude affichée ? Pour en savoir plus, suivons le jeune président du club, Réda Bouima, à travers cet entretien où il évoque pour nos lecteurs ses soucis financiers pour être à la hauteur des engagements vis-à-vis de ses athlètes et staffs afin d’honorer les défis relevés par son groupe.
Propos recueillis par Salim Oussaci
Vous venez de décrocher une 2e Coupe d’Algérie en senior (édition 2022 et 2024) et d’autres en catégories jeunes en l’espace de deux années. Quel sentiment avez-vous après ces sacres amplement mérités ?
Passés les moments d’euphorie après avoir remporté le cher trophée, le deuxième après celui de 2022, le poids de la responsabilité et mes engagements vis-à-vis des athlètes, des staffs techniques et autres me font perdre le sommeil ces derniers jours. J’ai sous ma coupe 200 licenciés affilés au club. Ma grande satisfaction aujourd’hui, c”est de voir à Ouled Adouane la pratique du volley-ball prendre le dessus sur les autres disciplines mêmes chez les plus jeunes. Mes collaborateurs et moi-même sommes conscients qu’il faudra beaucoup plus de moyens financiers et de logistiques pour espérer atteindre nos objectifs sportifs avec cette prise en charge de cette immense et toujours croissante masse juvénile de pratiquants.
Pourtant, vous êtes le seul club de la région à avoir remporté autant de titres, et ce, pour pratiquement toutes les catégories de votre club. N’avez-vous pas bénéficié d’aides conséquentes de ceux qui doivent le faire ?
Justement. Nous appartenons à une commune (Ouled Adouane) aux faibles ressources financières. Il est vrai que nous recevons des subventions de la DJS (fonds de wilaya) au même titre que toutes les autres associations. Il y a aussi l’aide que nous recevons de la SCAEK, que nous remercions vivement pour la compréhension que nous témoignent ses hauts dirigeants. Laquelle société honore également ses engagements en guise de sponsor avec d’autres associations. Dernièrement, avec cette (2e) Coupe d’Algérie senior en deux années, au lieu qu’elle nous procure de la joie et de la satisfaction, on se retrouve à faire de la gymnastique chez des tiers pour arriver à pourvoir nos athlètes en argent en pleine période de vacances. A chaque appel de mes athlètes, c’est une souffrance morale pour mes collaborateurs et moi-même. La considération des hautes performances n’est pas d’actualité.
Avec cette fin de saison, une grande dynamique compétitive règne chez vous concernant vos catégories jeunes. Qu’en est-il de leurs engagements sportifs ?
Au-delà des résultats sportifs réalisés par nos jeunes catégories, notre grande satisfaction morale se résume à ce que toutes nos catégories jeunes, à l’instar des seniors, sont qualifiées pour les phases finales pour l’octroi du championnat national à l’issue du tournoi final. Les benjamins sont à Mila et les minimes sont à Blida. Quant aux cadets, ils sont à BBA. Les juniors avaient perdu la finale. Nous appartenons à la très dynamique Ligue de volley-ball de Sétif. Elle est classée la première au regard du nombre de clubs affilés. C’est la seule ligue en Algérie qui organise une coupe de wilaya à chaque fin de saison. Son championnat est organisé dans un strict respect de la programmation avec la rigueur requise. Ce qui nous aide à nous préparer convenablement pour les tournois nationaux. Depuis l’indépendance, aucun club n’a eu autant de titres gagnés en une seule saison. Cela démontre qu’un travail de fond, méthodique par des spécialistes avérés, se fait dans notre club.
Votre staff technique a du mérite dans tout ce que vous réalisez…
Sans aucun doute. Notre jeune entraineur Mahmoud Kati, un jeune cadre diplômé de l’ISTS, né en 1977 à Bouharoun, wilaya de Tipaza, a réalisé un excellent travail à plusieurs dimensions. Il est aidé par une pléiade de nos jeunes anciens joueurs. Ils forment une véritable famille au grand bonheur de nos athlètes. Seul le travail compte pour eux.
Après votre 1re Coupe d’Algérie remporté en 2022, vous avez représenté l’Algérie en compétition africaine. Quel a été votre niveau dans cette épreuve continentale ?
Beaucoup d’intervenants ont conjugué leurs efforts pour que nous puissions y participer. C’était en Tunisie. Rares sont ceux qui avaient parié sur nous. C’était notre première participation à l’échelle continentale. Nous nous y sommes rendus par route. Seuls nos athlètes et le staff étaient convaincus de notre (future) bonne figure. Nous avons obtenu la 3e place couronnée d’une médaille de bronze. Le manque d’expérience nous a joué un mauvais tour. Mais à l’avenir, si les moyens financiers et logistiques seront présents, nous serons à la hauteur de nos engagements.
Même si vous paraissez encombré par tant de problèmes financiers, votre rêve s’est-il réalisé avec ces sacres en Coupe d’Algérie ?
Le rêve que caresse toute notre équipe de dirigeants reste la réalisation d’une académie de volley-ball à Ouled Adouane avec toutes ses spécificités modernes, pour faire de cette petite et non moins paisible localité un véritable vivier du volley-ball en Algérie.
Un dernier mot ou un message à envoyer ?
Si j’ai un message à envoyer, ce sera très certainement au wali de Sétif, Mustapha Limani. A Ouled Adouane, nous sommes convaincus que la haute autorité du wali est à l’écoute de nos doléances à la mesure de nos immenses performances. Maintenant que la wilaya de Sétif n’a plus le souci financier de l’ESS à supporter, les autres associations de la wilaya de Sétif qui sont en train de réaliser de la haute performance sont dans l’attente d’un geste d’encouragement concret. Leur regard est résolument tourné vers la Wilaya. Ce n’est pas faute d’avoir essayé d’aller chercher d’autres sources de financements par le biais du sponsor, on a tapé à plusieurs portes d’opérateurs économiques de la wilaya. C’était sans résultat. Voilà pourquoi le wali de Sétif demeure notre seul sauveur.
Photo du président Réda Bouima portant fièrement la Coupe d'Algérie du Volley-Ball 2024.