Reconnaissance de l’état de Palestine : L'espagne, l'irlande et la norvège tiennent parole

29/05/2024 mis à jour: 15:00
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Photo : D. R.

La guerre génocidaire menée par l’entité sioniste, depuis plus de sept mois, a été un facteur accélérateur de la reconnaissance de l’Etat de Palestine…

La reconnaissance de l’Etat de Palestine, dans ses frontières de 1967, avec Al Qods comme capitale, a été entérinée hier par trois pays européens, l’Espagne, la Norvège et l’Irlande, après avoir été annoncée mercredi dernier par le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez.

Pour ce dernier, qui s’exprimait tôt dans la matinée avant de prendre part au Conseil des ministres qui a adopté le décret de la reconnaissance, cette décision «n’est pas seulement une question de justice historique répondant aux aspirations légitimes du peuple palestinien, c’est également urgent de parvenir à la paix.

La seule manière d’avancer vers la seule solution possible pour parvenir à un avenir de paix est celle d’un Etat palestinien qui coexiste aux côtés de l’Etat d’Israël dans la paix et la sécurité.  La décision est fondée sur le respect du droit international et la défense de l’ordre international fondé sur des règles».

Dans un communiqué rendu public, le gouvernement norvégien, qui venait d’acter sa reconnaissance de l’Etat de Palestine, a parlé d’une «journée marquante», avant de regretter «l'absence apparente d'engagement constructif» de la part d’Israël. «Cela fait plus de 30 ans que la Norvège est l'un des plus fervents défenseurs d'un Etat palestinien.

Le jour où la Norvège reconnaît officiellement la Palestine comme Etat est une journée marquante pour la relation entre la Norvège et la Palestine», lit-on dans communiqué du ministre des Affaires étrangères norvégien, Espen Barth Eide, qui avait remis, dimanche dernier à Bruxelles, une note verbale au nouveau Premier ministre palestinien, Mohamed Mustapha, entérinant l’entrée en vigueur de la décision. Il est important de rappeler que la Norvège avait abrité, en 1993, les premières négociations israélo-palestiniennes pour la paix ayant abouti aux Accords d’Oslo, qui, malheureusement, ont mis la question palestinienne entre parenthèses durant plus de 30 ans.

Pour sa part, la République d’Irlande a elle aussi annoncé hier la reconnaissance officielle de l’Etat de Palestine, avant que le drapeau palestinien ne soit hissé à Leinster House, siège du Parlement irlandais. Le Premier ministre, Simon Harris, a qualifié cette décision d’«importante» et «historique», avant d’ajouter, dans un communiqué rendu public, que son pays reconnaît «la Palestine en tant qu’Etat souverain et indépendant et acceptait d’établir des relations diplomatiques complètes entre Dublin et Ramallah».

Et d’annoncer la nomination d’un ambassadeur et l’ouverture d’une ambassade d’Irlande à Ramallah. Pour le chef de l’Exécutif irlandais, cette reconnaissance, a-t-il écrit dans le communiqué, «visait à garder l’espoir vivant (...). Il s’agit de croire qu’une solution à deux Etats est le seul moyen pour Israël et la Palestine de vivre côte à côte dans la paix et la sécurité. Nous aurions voulu reconnaître la Palestine à la fin d’un processus de paix, mais nous avons pris cette décision aux côtés de l’Espagne et de la Norvège pour maintenir vivant le miracle de la paix».

«Portée symbolique»

Ces trois pays européens, dont deux, l’Espagne et l’Irlande, membres de l’Union européenne, ont estimé que leur décision «a une très forte portée symbolique, à même d’amener d’autres Etats» à les rejoindre, en mettant en avant le rôle joué aussi bien par la Norvège que par l’Espagne dans les processus de paix au Proche-Orient au début des années 1990.

A ces trois pays, se joindra, le 13 juin prochain, la Slovénie, qui avait engagé, le 9 mai, la procédure de reconnaissance de l’Etat palestinien, que le chef de la diplomatie de ce pays, Tanja Fajon, avait présentée comme étant «une étape irréversible».

Il faut dire que cette question de la Palestine a suscité et suscite toujours de grandes divergences au sein de l’Union européenne, dont certains membres restent toujours réfractaires à la décision de reconnaissance. En 2014, seule la Suède reconnaissait l’Etat de Palestine, avant d’être rejointe par la Tchéquie, la Hongrie, la Pologne, la Bulgarie, la Roumanie et Chypre.

Ceux qui s’y opposent, comme l’Allemagne, ou encore la France, trouvent prématuré d’envisager une telle initiative qui doit, d’après eux, être l’aboutissement de négociations israélo-palestiniennes. C’est-à-dire revenir à l’expérience d’Oslo, qui a abouti sur le terrain à la multiplication des colonies, l’occupation de vastes étendues de territoires palestiniens, sans parler de l’instauration du système d’apartheid qui a annihilé les droits les plus élémentaires des Palestiniens.

La guerre génocidaire menée contre la population de Ghaza, particulièrement les derniers bombardements à Rafah, l’annonce de la reconnaissance de l’Etat de Palestine par deux membres de l’Union et les appels à des sanctions contre Israël pour ses attaques génocidaires à Rafah ont lourdement affecté la relation de l’UE et l’Etat hébreu.

Ce dernier a même annoncé que le consulat espagnol à Al Qods «ne serait pas autorisé à aider les Palestiniens», après avoir accusé l’Espagne «de récompenser la terreur». Les mêmes accusations ont été proférées contre les responsables irlandais et norvégiens, mais les trois pays ont coordonné leur action pour acter leur décision le 28 mai, et rejoindre ainsi la liste des pays qui reconnaissent l’Etat de Palestine pour porter le nombre de ces derniers à 146 Etats, sur les 193 membres de l’Onu.

La guerre génocidaire menée par Israël contre la population palestinienne depuis plus de sept mois a été un facteur accélérateur de cette reconnaissance. Depuis le début de l’année en cours, sept pays se sont engagés sur cette voie. Il s’agit de la Barbade le 19 avril 2024, la Jamaïque le 26 avril 2024, Trinité-et-Tobago le 2 mai 2024, Bahamas le 7 mai 2024 et l’Espagne, l’Irlande et la Norvège le 28 mai 2024.

L’Algérie a été le premier pays à avoir reconnu l’Etat de Palestine le 15 novembre 1988, juste après la proclamation de son indépendance à Alger, avant que 75 autres Etats ne la suivent.

Le 18 avril dernier, l’adhésion pleine à l’Onu de la Palestine a été rejetée par le Conseil de sécurité en raison du veto américain, alors qu’elle avait obtenu 12 voix pour et 2 absentions. Par contre, 143 voix de l’Assemblée générale de l’Onu étaient en faveur, le 10 mai, de cette adhésion, sur les 193 qui se sont exprimées, dont 9 seulement étaient contre et 25 se sont abstenues. 
 

 

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