Les pays de l'Union européenne (UE) désireux de reconnaître l'Etat de Palestine «devraient agir ensemble» afin de déclencher des progrès significatifs dans la consolidation de la paix dans cette région, a déclaré le président du Conseil européen, Charles Michel.
S'adressant aux journalistes à Bruxelles cette semaine, Michel a évoqué une «coordination au niveau européen» entre les Etats membres prêts à reconnaître formellement l'Etat palestinien souverain. Michel, qui est chargé de forger un consensus entre les 27 dirigeants de l'UE, a suggéré que «d'autres pays extérieurs au bloc partageant les mêmes idées pourraient également se joindre à l'initiative».
Il a suggéré que l’Union européenne devrait utiliser les «outils» à sa disposition, tels que l’accord d’association pour garantir qu’Israël respecte l’Etat de droit et le droit humanitaire international. «Cet accord d'association prend en compte le respect de l'Etat de droit (et) du droit international, y compris le droit international humanitaire», a-t-il expliqué.
La semaine dernière, la rapporteuse spéciale de l'ONU sur la Palestine, Francesca Albanese, a déclaré que le bloc (UE) «devait mettre un terme aux relations commerciales» avec l'entité sioniste afin de «prévenir les crimes de guerre équivalant à un génocide dans la bande de Ghaza assiégée».
Cela survient alors que la pression internationale s’accentue également sur les Etats-Unis et l’Allemagne pour qu’ils suspendent les ventes d’armes utilisées par l'armée sioniste dans le cadre de sa guerre contre Ghaza. L'appel de Michel en faveur d'une reconnaissance coordonnée de l'Etat de Palestine fait suite à l'approbation conjointe de cette décision par les dirigeants d'Espagne, d'Irlande, de Slovénie et de Malte à la suite d'un sommet des dirigeants de l'UE le mois dernier.
Cette perspective a depuis pris de l’ampleur, les ministres belges confirmant qu’ils étaient également prêts à soutenir la reconnaissance de l'Etat palestinien. Un porte-parole du gouvernement espagnol a déclaré mardi que le Premier ministre rencontrerait les dirigeants de la Norvège, de l'Irlande, du Portugal, de la Slovénie et de la Belgique pour discuter de la situation à Ghaza et de la reconnaissance de l'Etat de Palestine, avant que les 27 dirigeants de l'UE ne se réunissent à Bruxelles mercredi prochain.
Le gouvernement espagnol a indiqué que la reconnaissance d'un Etat palestinien était «dans l'intérêt géopolitique de l'Europe» réaffirmant qu'il était «prêt» à le faire, ont rapporté des médias. «La communauté internationale ne pourra pas aider l'Etat palestinien si elle ne reconnaît pas son existence», affirme le gouvernement espagnol. Une telle reconnaissance «est dans l'intérêt géopolitique de l'Europe» et «l'Espagne est prête à reconnaître l'Etat palestinien», a-t-on ajouté.
L’Espagne est l’un des principaux partisans d’une telle démarche au sein de l’Union européenne (UE). Cette décision confirme une nette accélération du calendrier récemment mis en avant pour la reconnaissance d'un Etat palestinien, puisque le Parlement espagnol devait voter en faveur de cette reconnaissance d'ici à la fin de la législature, c'est-à-dire d'ici à l'été 2027.
Le quotidien madrilène El Pais estime que cette reconnaissance pourrait se produire durant la campagne pour les élections au Parlement européen, qui auront lieu le 9 juin en Espagne, «ou les semaines qui suivront». Mardi, la ministre australienne des Affaires étrangères, Penny Wong, avait déclaré que Canberra envisagerait aussi de reconnaître l'Etat de Palestine.
L'Irlande et la Norvège prêtes à reconnaître un état palestinien
L'Irlande s'apprête à reconnaître un Etat palestinien dans les prochaines semaines, a déclaré à Dublin le ministre des Affaires étrangères, Micheal Martin. M. Martin a annoncé son intention de soumettre au gouvernement une proposition formelle sur la reconnaissance d'un Etat palestinien quand des «discussions internationales plus larges» seront terminées. «Ne doutez pas que la reconnaissance d'un Etat palestinien aura lieu», a-t-il déclaré lors d'un discours devant le Parlement irlandais. Retarder la reconnaissance «n'est ni crédible ni tenable plus longtemps», selon lui. M. Martin a ensuite déclaré au site d'informations irlandais The Journal que la proposition formelle sera faite «dans les prochaines semaines». Il a indiqué avoir discuté de cette reconnaissance avec d'autres pays impliqués dans des initiatives de paix au cours des six derniers mois. La Norvège est également prête à reconnaître l'Etat palestinien, en lien avec d'autres pays, a déclaré hier le Premier ministre norvégien, Jonas Gahr Store. «La Norvège est prête à prendre une décision sur la reconnaissance d'un Etat palestinien», a dit Jonas Gahr Store lors d'une conférence de presse. «Cette décision doit être prise en fonction du moment et du contexte, en étroite coordination avec les pays partageant les mêmes idées. Nous n'avons pas fixé de calendrier précis», a-t-il ajouté. Le Parlement norvégien avait adopté en novembre une proposition, déposée par les partis au pouvoir, demandant au gouvernement d'être prêt à reconnaître un Etat palestinien indépendant. A. Z