Les enfants de la bande de Ghaza, soumise depuis 11 mois à d’incessants bombardements et des opérations terrestres de l’armée d’occupation israélienne, continuent de payer un lourd tribut, avec des milliers de morts et des milliers de blessés.
Dernier exemple en date : au moins 93 Palestiniens, parmi lesquels onze enfants et six femmes, sont morts, avant-hier, dans une frappe israélienne sur l’école Al Tabeen de la ville de Ghaza, selon les services d’urgence de l’enclave. L’école servait d’abri à environ 250 personnes déplacées, dont une majorité de femmes et d’enfants. Cet énième bombardement sur une école, qui a suscité un tollé international, montre que les civils, notamment les enfants, subissent de plein fouet l’horreur de la guerre et des bombardements. Les agences humanitaires des Nations unies ont fait état, jeudi dernier, d’un niveau élevé de détresse, d’agonie et de souffrance des enfants dans les hôpitaux de Ghaza, notamment au nord de l’enclave palestinienne.
Dans un entretien accordé au site ONU Info, un porte-parole du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) décrit l’ampleur des destructions, des souffrances et des déplacements, qui va bien «au-delà de ce que l’on peut imaginer en regardant un écran de télévision ou n’importe quelle plateforme numérique». «La situation générale à Ghaza est horrible et vraiment frappante. Cela semble surréaliste. C’est vraiment hors du commun», a déclaré depuis Deir El Balah Salim Oweis, le porte-parole de l’Unicef, en mission dans l’enclave depuis une semaine. Dans les hôpitaux, comme Al Aqsa ou le complexe Nasser, Salim Oweis décrit «un autre niveau d’agonie et de souffrance des enfants, de leurs parents et de leurs familles».
Dans ces infrastructures médicales, «les enfants sont partout avec des blessures, plusieurs types de maladies, des maladies chroniques, notamment le cancer, ainsi que d’autres cas vraiment compliqués nécessitant des soins spécialisés qui ne sont pas disponibles dans les hôpitaux de Ghaza. Vous pouvez voir des enfants et leurs familles en train d’être traités dans les couloirs, en train d’attendre dans les couloirs», a détaillé M. Oweis.
Des milliers d’enfants portés disparus
De son côté, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) a indiqué que les frappes contre Ghaza et les ordres d’évacuation récurrents entraînent un cycle de déplacements sans fin et rendent de plus en plus difficile l’accès des populations à l’aide humanitaire dont elles ont besoin pour survivre.
En écho à cette inquiétude soulevée par l’OCHA, la cheffe du bureau de l’Unicef au Moyen-Orient a appelé, jeudi, à une «désescalade immédiate» pour «préserver la vie et le bien-être des enfants» de cette région.
Pour sa part, le chef de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini, a indiqué, en juin dernier, que dix enfants perdent une jambe ou deux dans la bande de Ghaza en moyenne tous les jours, ajoutant que ce chiffre ne prenait pas en compte les enfants qui perdent un bras ou une main.
«Dix par jour, ça veut dire environ 2000 enfants après plus de 260 jours de cette guerre brutale», a dit Lazzarini. «Nous savons aussi que la plupart du temps les amputations se déroulent dans des conditions assez horribles et parfois sans aucune sorte d’anesthésie et cela s’applique également aux enfants», a-t-il souligné.
Ce responsable onusien a aussi évoqué un rapport publié par l’ONG Save the Children, qui estime que depuis le début de la guerre jusqu’à 21 000 enfants sont portés disparus dans la bande de Ghaza, soit parce qu’ils sont ensevelis sous les décombres, prisonniers, enterrés dans des tombes anonymes ou qu’ils ont perdu le contact avec leurs familles et proches.
En juillet dernier, l’Unicef a annoncé que de plus de 14 000 enfants palestiniens ont été tués et plus de 12 000 autres blessés depuis le début de l’agression israélienne contre Ghaza. «Des milliers d’autres sont portés disparus et seraient probablement sous les décombres. Selon nos estimations, un enfant est blessé ou tué toutes les dix minutes», a précisé l’Unicef, soulignant que les femmes et les enfants représentent 70% des victimes.
A la mi-mars, l’ONU a annoncé que plus d’enfants avaient été tués dans l’enclave palestinienne depuis octobre 2023 qu’en quatre ans de conflits à travers le monde.