Rapport de la Banque Mondiale sur les envois de fonds des migrants : Baisse des transferts vers la région MENA en 2023

25/12/2023 mis à jour: 19:00
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Photo : D. R.

Les transferts de fonds des diasporas vers leurs pays d’origine ont augmenté en 2023 de 3,8%, indique la dernière note d’information de la Banque mondiale (BM) sur les migrations et le développement.

La même note alerte cependant sur le risque d’une baisse des revenus réels des migrants en 2024 en raison du contexte mondial marqué «par l’inflation et de faibles perspectives de croissance économique». Selon les statistiques de la BM, les envois de fonds vers les pays à revenu faible et intermédiaire ont atteint 669 milliards de dollars en 2023.

«La résilience des marchés du travail dans les économies avancées et les pays du Conseil de coopération du Golfe ayant préservé la capacité des migrants à envoyer des fonds dans leurs pays d’origine», explique la note de la BM.

Contrairement aux autres régions du monde, les envois de fonds vers la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord ont diminué pour la deuxième année consécutive, avec 61 milliards de dollars, soit -5,3%, par rapport à l’année dernière. La raison de ce recul réside dans la baisse des envois vers l’Egypte, explique la même source.

L’Egypte demeure tout de même en tête des pays de la région à recevoir le plus de fonds de la part de sa communauté établie à l’étranger, avec 24,2 milliards de dollars, soit 6,1% de son PIB. Ce pays est suivi par le Maroc, qui a reçu cette année 12,1 mds de dollars (8,3% du PIB).

Le Liban arrive en troisième position avec 6,4 mds de dollars reçus (27% du PIB), suivi de la Jordanie avec 4,7 mds de dollars (9,9% du PIB), de Ghaza avec 3,8 mds de dollars (19% du PIB) et de la Tunisie avec 2,7 mds de dollars (5,3% du PIB). Les envois de fonds vers l’Algérie sont restés quasiment inchangés par rapport à 2022 et n’ont pas dépassé 1,8 md de dollars (0,8% du PIB).

La Banque mondiale prévoit une croissance de 2,1% des remises migratoires vers le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord en 2024 à la faveur du redressement anticipé des flux vers l’Egypte.

«Les transferts de fonds des travailleurs émigrés devraient rester essentiels pour la région à court et moyen termes, d’autant plus que les déficits budgétaires suscitent des inquiétudes, notamment dans les pays importateurs de pétrole», indique la BM en citant l’Egypte, la Jordanie, le Maroc et la Tunisie. Les pays exportateurs de pétrole de la région, comme l’Irak et l’Algérie, bénéficieront de la hausse des prix des hydrocarbures, précise la même source.

De manière générale, le rapport de la BM s’attend à une hausse modérée des flux de l’ordre de 2,1% même si «la main-d’œuvre de la région établie à l’étranger sera soumise à des pressions contradictoires : le désir d’aider les familles restées au pays en ces temps difficiles et la baisse prévue des salaires réels».

Globalement, le rapport de la BM prévoit un ralentissement de la croissance des transferts d’argent vers les pays à revenu faible et intermédiaire, qui s’établira à 3,1% en raison de la baisse de l’activité économique mondiale.

L’essoufflement des marchés de l’emploi dans les pays développés devrait dégrader les prévisions de transfert d’argent. «Les migrants sont parvenus à surmonter les crises et ont fait preuve de résilience pour continuer d’aider leurs familles restées au pays.

Mais la forte inflation et la faible croissance mondiale pèsent sur les montants qu’ils sont en mesure d’envoyer. Il est essentiel que les marchés du travail et les politiques de protection sociale dans les pays d’accueil favorisent l’inclusion des migrants, dont les envois de fonds constituent une ressource vitale pour les pays en développement», indique Iffath Sharif, directrice du pôle protection sociale et emploi à la Banque mondiale.

Concernant les frais de transfert d’argent, les tarifs demeurent élevés, indique le rapport, avec un coût moyen de 6,2% pour l’envoi de 200 dollars. Les banques sont aussi les intermédiaires les plus coûteux, avec un coût de 12,1% en moyenne, suivis par les bureaux de poste (7%), les opérateurs de transfert de fonds (5,3%) et les opérateurs de services mobiles (4,1%).

Notons que le coût de transfert d’argent entre pays de la région MENA est moindre que celui appliqué pour les fonds en provenance de la France vers l’Algérie, des Etats-Unis ou de l’Australie vers le Liban, ou encore de l’Etat sioniste Israël vers le Maroc. 

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