Dans son rapport intitulé «Les femmes, l’entreprise et le droit», le groupe de la BM constate que l’écart entre les genres en matière d’opportunités économiques est tel que la moitié de l’humanité, 3,9 milliards, se heurte à des obstacles juridiques qui entravent sa participation à la vie économique.
Aucun pays du monde ne garantit l’égalité des chances pour les femmes, pas même les économies les plus riches, alors que «la résorption des inégalités pourrait augmenter le PIB mondial de 20% et doubler le taux de croissance mondial au cours de la prochaine décennie».
C’est ce que révèle un nouveau rapport de la Banque Mondiale sur les inégalités entre les femmes et les hommes dans le monde du travail. Ces inégalités sont «bien plus importantes qu’on ne le pensait jusqu’ici», souligne le groupe de la BM en citant particulièrement les disparités juridiques concernant les violences et la garde des enfants pour lesquelles les femmes ne bénéficient que des deux tiers des droits accordés aux hommes.
Dans son rapport intitulé «les femmes, l’entreprise et le droit», le groupe de la BM constate que l’écart entre les genres en matière d’opportunités économiques est tel que la moitié de l’humanité, 3,9 milliards, se heurte à des obstacles juridiques qui entravent sa participation à la vie économique.
Sur 190 économies analysées, les femmes ne bénéficient en moyenne que de 64% des protections juridiques dont jouissent les hommes. Constatant un fossé entre les réformes juridiques et les résultats réels, le rapport fait apparaître que les pays ont en moyenne mis en place moins de 40% des systèmes nécessaires à une mise en œuvre complète de ces législations.
Si, à titre d’exemple, 98 économies garantissent par la loi une rémunération égale pour un travail de valeur égale, 35 parmi elles seulement, soit moins d’une économie sur cinq, ont adopté des mesures de transparence salariale ou des mécanismes d’application qui permettent effectivement de résorber les écarts de situation entre les sexes.
«Pour être véritablement mis en œuvre, le corpus législatif en faveur de l’égalité des chances doit s’adosser sur un cadre approprié. Cela comprend notamment l’existence de mécanismes solides pour garantir le respect des lois, mais aussi l’instauration de systèmes de suivi des disparités salariales ou encore la disponibilité de services de prise en charge sanitaire destinés aux femmes victimes de violences», indique l’étude de la BM.
«Les femmes ont le pouvoir de booster une économie mondiale en berne, mais, aux quatre coins du globe, des lois et des pratiques discriminatoires les empêchent de travailler ou de créer des entreprises au même titre que les hommes», estime, Indermit Gill, économiste en chef du groupe et premier vice-président pour l’économie du développement.
«Résultats médiocres»
Si en 2023, les gouvernements se sont montrés particulièrement dynamiques dans trois catégories de réformes juridiques, celles portant sur la rémunération, sur les droits liés à la parentalité et sur la protection des femmes au travail, le rapport démontre que dans la quasi-totalité des pays a pourtant obtenu «des résultats médiocres dans les deux catégories étudiées cette années pour ka première fois, à savoir l’accès aux services de garde d’enfants et la sécurité des femmes».
Le score mondial dans cette catégorie est de seulement 36 sur 100, soit à peine un tiers des protections juridiques nécessaires contre la violence domestique, le harcèlement sexuel, le mariage des enfants et le féminicide est accordé aux femmes.
«Si 151 économies dans le monde interdisent le harcèlement sexuel sur le lieu de travail, 39 seulement disposent de lois s’appliquant aux espaces publics, ce qui contribue souvent à dissuader les femmes d’utiliser les transports en commun pour se rendre au travail».
La majorité des Etats sont mal notés en matière de législations accordés pour la garde des enfants, et seules 78 économies, moins de la moitié, fournissent une forme d’aide financière ou fiscale aux parents de jeunes enfants. 62 économies seulement, moins d’un tiers des pays examinés, fixent des normes de qualité pour les services de garde d’enfants, ce qui selon l’analyse peut avoir un effet dissuasif sur les mères qui souhaitent travailler.
En ce qui concerne le domaine de l’entrepreneuriat, seule une économie sur cinq impose des critères de genre dans les processus de passation des marchés publics, ce qui signifie que les femmes sont largement exclues d’une opportunité économique se chiffrant globalement à 10 000 milliards de dollars par an.
Par ailleurs, et s’agissant de la rémunération, le même rapport indique que les femmes gagnent 7,7 dollars quand l’homme en gagne 10, alors qu’elles perçoivent des pensions de retraites moins élevées et connaissent une plus grande insécurité financière à l’âge de la vieillesse.
Notons que l’Algérie a obtenu un score moyen de 57,5 sur 100 dans la catégorie cadre juridique 1.0 mesurant la mobilité, le travail, la rémunération, le mariage, la parentalité, l’entrepreneuriat, actifs et retraites.
Un score de pour le cadre juridique 2.0 mesurant les lois, et un score très faible de 15 pour les cadres d’appui, mesurant les mécanismes politiques de mise en œuvre des lois, et enfin un score appréciable de 82,5 pour les opinions des experts, mettant en lumière la perception qu’ont les experts des progrès obtenus par les femmes.