Rami Abou Jamous, photographe ghazaoui : La résistance au quotidien

14/10/2024 mis à jour: 09:47
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Rami Abou Jamous - Photo : D. R.

Le journaliste palestinien Rami Abou Jamous a décroché haut la main trois trophées, en presse écrite, télévision et le prix Ouest-France Jean Marin, du jamais-vu en cette 31e édition du prix Bayeux.

Le journaliste Rami Abou Jamous a été primé en presse écrite et Prix Ouest-France pour Journal de Gaza, un récit jour par jour de son quotidien de déplacé à Rafah après avoir dû quitter son logement dans la ville de Gaza devant l’avancée de l’armée israélienne. Rami Abou Jamous  a remporté le prix «télévision grand format» pour «Gaza, fuir L’enfer» avec BFMTV. Dès l’annonce de ces trophées bien mérités, dans une vidéo tournée dans une tente d’un camp de réfugiés dans la ville de Rahaf- où il s’est refugié avec sa petite famille depuis novembre 2023-  le lauréat a remercié le prix Bayeux d’avoir prouvé qu’on pouvait être «Palestinien et journaliste».

Il a dédié son prix à tous ses confrères tués par l’armée israélienne à Ghaza.  Dans une autre intervention en direct  sur une télévision africaine, il a  déclaré  avec une grande émotion : «Il n’y a pas suffisamment de journalistes qui sont là, surtout que les Israéliens ont interdit  aux étrangers l’accès au territoire palestinien. Nous,  en tant que journalistes locaux, nous essayons de faire passer des messages.

De transmettre  des images et de dire ce qui se passe à Ghaza. De parler de cette guerre, de ses massacres et ses boucheries commis par le peuple israélien. On essaye toujours de continuer notre travail. Si nous, nous  ne parlons pas de cette guerre, personne n’en parlera à notre place  malheureusement». Le journaliste indépendant, Rami Abou Jamous est avant tout un homme admirable et courageux, qui a su transcender la peur en filmant quelques séquences de son quotidien et de celui de ses compatriotes.

En effet,  il a su transmettre via la toile les massacres endurés par son peuple. Il a été le premier à informer l’opinion publique  sur les débuts  de l’attaque de Hamas. Son courage et sa résistance lui ont donné la force de représenter certaines voix de son peuple. Il a su documenter son quotidien dans la bande de Ghaza avant sa fuite du Nord au Sud avec sa famille. Aujourd’hui, encore il continue d’informer sa communauté virtuelle  à travers un groupe sur wharsapp intitulé «Ghaza. Vie».

Engagement humain

Un groupe, rappelons-le, qui a été créé le 7 octobre 2023, jour du déclenchement de l’offensive israélienne contre le peuple palestinien. Avec le professionnalisme qu’on lui reconnait, il livre des informations et des analyses précieuses en live. Il envoie  des images brutes courtes mais ô combien parlantes ! Il alimente son fil en dévoilant des  clichés instantanés,  immortalisés aux quatre coins du territoire.

Au quotidien, il  poste, même, des communiqués du Hamas ou de l’armée israélienne, répondant  même aux questions de ses abonnés. Il pousse plus loin son engagement  humanitaire et  politique à la fois, en proposant  quelques ambiances  sonores  d’autres confrères journalistes : façon singulière de mieux comprendre la situation qui prévaut en Palestine.

Il avait  compris dés le départ, que cette guerre n’était pas  comme les autres guerres dans le monde. «Dans cette guerre, la nouveauté, c’est que l’information, c’est moi aussi», témoigne Rami Abou Jamous. Le photographe ghazaoui Rami Abou Jamous confie que son groupe sur  wharsapp est une fenêtre pour lui. «Parfois, je dis n’importe quoi. Et  d’autres fois, j’exagère», lance-t-il d’une voix étranglée. Le journaliste est le père d’un petit garçon de 4 ans surnommé Walid. Il affirme qu’il essaye de protéger son fils psychologiquement. «Je sais qu’il va grandir. J’ai essayé dès le premier jour de lui expliquer  que  les bombardements  sont  des feux d’artifices.»Rami Abou Jamous écrit son journal pour Orient XXI.

Il est le fondateur de Gaza Press, un bureau qui fournissait aide et traduction aux journalistes occidentaux. Rami est un ancien étudiant à Aix-en-Provence avec une bourse du Centre culturel français de Ghaza. En 1999,  il rentre dans l’enclave en 1999, après le décès de son père, pour s’occuper de sa maternelle et de son petit frère. Il devient alors fonctionnaire de l’Autorité palestinienne : il s’occupe des relations publiques de l’agence Wafa, puis entre au ministère de l’Intérieur.
 

 


 

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