Mises à rude épreuve à cause de la cherté des produits alimentaires, des milliers de familles de la wilaya de Boumerdès ont basculé dans la pauvreté. Les chiffres obtenus auprès des Assemblées communales font ressortir une progression sans précédent de la paupérisation. Cette année, seulement 39 000 ménages vont bénéficier de la prime de solidarité fixée à 10 000 DA, a-t-on appris à la direction de l’action sociale (DAS).
Ce nombre reste en deçà de la demande qui demeure très forte aussi bien dans les localités rurales que celles connaissant une faible activité économique. A Ouled Moussa, plus de 40% des familles ayant formulé des dossiers pour bénéficier de la prime en question n’ont pas été satisfaites. «Nous avons reçu plus de 3000 demandes. Vu le manque de ressources financières, l’APC a pris en charge 1700 uniquement», précise un élu. Cette année, le ministère de la Solidarité n’a pas mobilisé autant de ressources financières pour venir en aide aux nécessiteux.
A Boumerdès, seulement 31 millions de dinars ont été alloués à cet effet, a-t-on appris. Face au manque de subventions, beaucoup d’Assemblées communales ont été obligées de mettre la main à la caisse pour voler au secours des couches les plus défavorisées de la société. Bien qu’elle soit insuffisante, la fameuse allocation fait courir beaucoup de familles à faibles revenus.
A Bordj Menaïel, 13 000 demandeurs d’aide sont en attente. «Nous avons établi des chèques pour 2400 postulants. On a procédé par ordre de mérite, car on n’a pas un budget conséquent qui nous permettra de satisfaire tout le monde», dira un fonctionnaire au fait de cette opération de solidarité. En sus des chômeurs, tous les employés ou les retraités percevant moins de 20 000 DA ont droit à l’aide. «Un tiers des bénéficiaires sont des retraités. Il y a ceux qui touchent moins de 15 000 DA. Avec l’inflation des derniers mois, il faut consommer que du pain ou des oignons pour ne pas épuiser une telle pension avant la fin du mois de carême», martèle notre interlocuteur.
A Timezrit, une localité à vocation rurale où le chômage atteint des records, l’inflation a rendu la vie difficile à beaucoup de familles. «Le nombre de gens ayant sollicité l’aide de 10 000 DA a atteint 1300 alors qu’il était de 722 l’année passée», indique un élu. Outre l’insuffisance des aides allouées, beaucoup de chefs de famille se plaignent de retard dans le versement de la prime.
Certains élus rejettent la balle aux autorités de la wilaya, lesquelles ont attendu la 2e semaine du mois de mars pour verser les subventions aux communes, précise un P/APC. Prise d’assaut à longueur de semaine, la direction de l’action sociale n’a pas beaucoup de choses à offrir aux plus démunis. Chaque lundi, des dizaines de handicapés s’agglutinent devant son siège à la cité Ibn Khaldoun qui pour dénoncer la suspension de son indemnité qui pour réclamer sa réévaluation. «Cela fait 7 mois qu›on ne m’a pas versé la prime de handicapé. Je suis venu plus de dix fois ici.
A chaque fois, on me dit que le problème sera réglé dans une semaine. En vain», s’offusque Saïd, un handicapé moteur qui s’inquiétait comment passer le mois de Ramadhan les poches vides. Comme beaucoup de démunis, Saïd rompt le jeûne au niveau restos du cœur. Il y en a une quarantaine à travers la wilaya. Signe que la solidarité et la charité sont toujours présentes dans la société.