Rabah Bitat : Un esprit inébranlable

31/10/2024 mis à jour: 04:08
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Photo : D. R.

Avec un visage fin et anguleux, il reflétait la détermination et la vivacité d’un homme engagé dans la lutte pour l’indépendance de son pays. Teint légèrement mate, il portait, jusqu’à l’indépendance, les marques d’une vie de clandestinité, de combats et prisons, symbolisant son esprit résilient et inébranlable.

Lui, c’est le valeureux moudjahid Rabah Bitat, l’un des principaux artisans de la Révolution algérienne. Né le 19 décembre 1925 à Aïn Kerma, dans la région de Constantine, il s’engage, dès son jeune âge, dans le Parti du peuple algérien (PPA) puis dans le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD), où il se distingue rapidement par sa détermination et son dévouement à la cause de l’indépendance. Il devient membre actif de l’Organisation spéciale (OS), une branche clandestine du MTLD, dédiée à la lutte armée contre le colonialisme français.

A partir de 1950, Rabah Bitat entre dans la clandestinité. Condamné en 1951 à dix ans de prison par les autorités coloniales pour ses activités politiques, il continue néanmoins à œuvrer pour la cause en établissant des contacts avec les militants à travers le pays. Avec des figures emblématiques de la Révolution algérienne, telles que Mohamed Boudiaf et Mourad Didouche, il participe à la fondation du Comité révolutionnaire pour l’unité et l’action (CRUA), une organisation créée pour préparer le soulèvement qui allait déclencher la guerre de Libération. Rabah Bitat fait partie du groupe historique des «Six» ayant décidé de lancer la Révolution le 1er Novembre 1954.

Le moudjahid, engagé dès son jeune âge dans les rangs du Mouvement national, a activement participé à toutes les réunions tenues entre juin et octobre 1954, qui ont préparé la Glorieuse guerre de Libération. Parmi ces rencontres déterminantes, il a pris part à celle du célèbre «Groupe des 22», où se sont forgées les bases de la lutte pour l’indépendance. Nommé commandant de la Zone IV, couvrant Alger et la Mitidja, il supervise l’une des premières grandes actions de la lutte, attaquant la caserne de Bizot à Blida et d’autres sites stratégiques.

Ces actions coordonnées marquent le début de la lutte armée pour l’indépendance de l’Algérie. Arrêté par les forces françaises le 16 mars 1955, Bitat est condamné à la réclusion à perpétuité avec travaux forcés. Même derrière les barreaux, il continue à servir la cause nationale en participant aux grèves de la faim des prisonniers moudjahidine pour réclamer le statut de prisonniers politiques.

En dépit de son emprisonnement, il est nommé membre du Conseil national de la Révolution algérienne (CNRA) et du Comité de coordination et d’exécution (CCE). Libéré en mars 1962, il rejoint ses compagnons de lutte à la veille de l’indépendance. Au lendemain, Rabah Bitat ne se retire pas de la vie publique. Vice-président du premier gouvernement algérien d’Ahmed Ben Bella, puis ministre des Transports sous le régime de Houari Boumediène, il occupe divers postes-clés au sein de l’Etat.

En 1977, il devient le premier président de l’Assemblée populaire nationale (APN), une fonction qu’il occupera pendant quatre mandats. Suite au décès de Boumediène en 1978, Bitat assume temporairement la présidence de l’État pendant 45 jours, veillant à la transition politique du pays.

Rabah Bitat se retire progressivement de la scène politique dans les années 1990, mais reste un symbole de la lutte pour l’indépendance et un défenseur de la justice et de la dignité. Décoré de la médaille de mérite nationale au rang «Sadr» en 1999, il reçoit l’une des plus hautes distinctions de l’Etat pour sa contribution indélébile à la libération de l’Algérie. Il décède le 10 avril 2000, laissant derrière lui un héritage de patriotisme et de dévouement à la nation.
 

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