Qui sont et que font le Groupe de la Banque mondiale et le Fonds monétaire international ?

18/05/2022 mis à jour: 03:50
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Photo : D. R.

Cette note succincte donnera un aperçu de ce que sont et de ce que font ces deux grandes institutions financières internationales basées à Washington DC, la capitale fédérale des Etats-Unis.

La Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) et le Fonds monétaire international (FMI) ont été créés à l’issue d’une conférence internationale ayant réuni 43 pays à Bretton on Woods (New Hampshire) en juillet 1944. L’objectif était d’aider à reconstruire l’économie d’après-guerre et promouvoir la coopération économique internationale.

Leurs missions sont complémentaires. La BIRD et l’Agence internationale du développement (AID) forment aujourd’hui ce qui s’appelle la Banque mondiale (BM).

La Banque mondiale œuvre aux côtes des pays émergents à réduire la pauvreté et accroître la prospérité partagée, tandis que le FMI veille à la stabilité du système monétaire international et exerce une surveillance sur les politiques de change. La Banque mondiale fournit des financements, des conseils stratégiques et une assistance technique aux pouvoirs publics, et s’attache également à renforcer le secteur privé dans les pays en développement.

Le FMI suit l’évolution économique à l’échelle mondiale et nationale, apporte une assistance financière aux pays confrontés à des problèmes de balance des paiements et fournit une aide technique à ses pays membres.

Un pays doit d’abord devenir membre du FMI avant de pouvoir adhérer au Groupe de la Banque mondiale (dont on discutera plus bas les composantes). Le GBM compte actuellement 189 membres tandis que le FMI compte 190 membres avec la récente adhésion de la principauté d’Andorre en octobre 2020. L’Algérie est devenue membre de ces deux institutions le 26 Septembre 1963.

La coopération entre les deux institutions et le partage des responsabilités

Le FMI et la Banque mondiale collaborent régulièrement sur de nombreux dossiers d’assistance aux pays membres. Les deux institutions ont lancé plusieurs initiatives conjointes en faveur de certains pays membres (réduction de la charge de la dette des pays pauvres et réduction de la pauvreté). Un concordat datant de 1989 permet d’assurer une coopération effective dans les domaines dont elles se partagent les responsabilités (notamment les réformes structurelles).

Le Groupe de la Banque mondiale

Il est semblable à une coopérative dans laquelle les actionnaires sont ses 189 pays membres. Ces actionnaires sont représentés par un Conseil des gouverneurs, qui est l’organe de décision suprême de la Banque mondiale. Les gouverneurs sont en général les ministres des Finances des pays membres. Ils se réunissent une fois par an à l’occasion des Assemblées annuelles d’automne des Conseils des gouverneurs du Groupe de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international.

Les gouverneurs délèguent certains aspects de leur mandat à 25 administrateurs (ou directeurs exécutifs), qui sont en poste au siège de la Banque. Les cinq principaux actionnaires nomment chacun un administrateur, tandis que tous les autres actionnaires sont représentés par 20 administrateurs élus par des groupes de pays.

Le bureau ESD06 de l’actuel administrateur pour l’Algérie représente également l’Afghanistan, le Ghana, l’Iran, le Maroc, le Pakistan et la Tunisie. L’actuel administrateur est de nationalité pakistanaise. Depuis 1994 et tous les deux ans, l’Algérie et le Pakistan alternent comme administrateur et suppléant.

La BIRD et l’AID forment ce qu’on appelle la Banque mondiale, laquelle fournit des financements, des services analytiques (exemple du «Rapport de suivi de la situation économique en Algérie» publié en juin et en décembre de chaque année), des conseils stratégiques et une assistance technique aux pouvoirs publics des pays émergents. L’AID se concentre sur les pays les plus pauvres du monde, tandis que la BIRD aide les pays à revenu intermédiaire et les pays pauvres solvables.

Le GBM, pour sa part, se compose de cinq institutions (GBM = BIRD, AID, SFI, AMGI et CIRDI) engagées en faveur de la réduction de la pauvreté, d’un plus grand partage de la prospérité et de la promotion d’un développement durable. Les institutions de ce groupe font partie des institutions spécialisées du système de l’Organisation des Nations unies (ONU). Le GBM est l’une des principales sources de financement et de savoir pour les pays émergents.

Le fonctionnement de la Banque mondiale au niveau dans la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) est assuré sous l’impulsion et la conduite du président, des membres de la direction et du vice-président responsable des différents bureaux régionaux, secteurs et réseaux. La Banque mondiale a un représentant résidant permanent à Alger.

Le décret présidentiel n°04-220 du 3 août 2004 porte ratification de l’accord de siège entre le gouvernement de la République algérienne démocratique et populaire et la BIRD. Depuis 2011, le partenariat entre la Banque mondiale et l’Algérie repose sur des services de conseil et d’analyse.

Les projets d’assistance technique en cours, à travers des services de conseil et d’analyse et les opérations des fonds fiduciaires cherchent à stimuler la croissance grâce à la diversification économique et à promouvoir le développement durable.

La Société financière internationale (SFI) a été créée en 1956. L’Agence multilatérale de garantie des investissements (AMGI), dont la création remonte à 1988 et le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI), mis en place en 1965 s’attachent à renforcer le secteur privé dans les pays émergents.

Par le biais de ces trois institutions, le GBM apporte aux entreprises privées (y compris aux établissements financiers) des financements, une assistance technique, des services d’assurance contre les risques politiques et des mécanismes de règlement des différends.

Le fonctionnement de la SFI en Afrique du Nord (Région Afrique) est assuré sous l’impulsion et la conduite du président du groupe de la Banque mondiale, du vice-président exécutif et directeur général de la SFI, du directeur régional Afrique du Nord ainsi que du chef du Bureau Maghreb. La SFI a un représentant résidant permanent à Alger.

Sa présence est régie par le Décret présidentiel n°19-174 du 06 juin 2019 qui porte ratification de l’accord de siège entre le Gouvernement de la République algérienne démocratique et populaire et la SFI.

L’AMGI a pour mandat spécifique de faciliter les investissements directs étrangers (IDE) dans les pays émergents en offrant aux investisseurs et aux créanciers étrangers des garanties contre les risques non commerciaux ; elle a émis des garanties d’une valeur de plus de US$65 milliards depuis sa création en 1988.

Le Fonds Monétaire International (FMI)

La structure de fonctionnement : le FMI est également une coopérative dont les actionnaires sont ses 190 pays membres. Ces actionnaires sont représentés par un Conseil des gouverneurs, qui est l’organe de décision suprême du FMI.

Les gouverneurs sont en général les gouverneurs des banques centrales des pays membres. Ils se réunissent une fois par an à l’occasion des Assemblées annuelles des Conseils des gouverneurs du groupe de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI).

Les gouverneurs délèguent certains aspects de leur mandat à 24 administrateurs (ou directeurs exécutifs), qui sont en poste au siège du FMI à Washington, DC.

Les sept principaux actionnaires, nomment chacun un administrateur tandis que les 17 autres pays membres sont représentés par des administrateurs élus par des groupes de pays. Le directeur exécutif qui représente l’Algérie comprend également sept autres pays, dont l’Afghanistan, le Ghana, l’Iran, la Libye, le Maroc, le Pakistan et la Tunisie. L’Iran préside le groupe, tandis que l’Algérie a un poste de conseiller principal.

Le fonctionnement du FMI est placé sous l’autorité d’un Directeur général, épaulé par 4 directeurs généraux adjoints (représentant les grandes régions continentales) qui couvrent chacun des domaines de compétences et des zones géographiques précises.

Le Comité monétaire et financier international (CMFI) conseille et fait rapport au Conseil des gouverneurs du FMI sur la supervision et la gestion du système monétaire et financier international, y compris sur les réponses aux événements en cours qui pourraient perturber le système.

Il examine également les propositions du conseil d’administration visant à modifier les statuts et donne son avis sur toute autre question qui pourrait lui être soumise par le conseil des gouverneurs. Le CMFI se réunit généralement deux fois par an, lors des assemblées annuelles et de printemps de la Banque mondiale et du FMI.

Le rôle du FMI : avec 190 membres aujourd’hui, la mission principale du FMI est d’assurer la stabilité du système monétaire international - le système de taux de change et de paiements internationaux- qui permet aux pays et à leurs citoyens de coopérer entre eux.

Dans ce contexte, le FMI a trois fonctions principales : (1) la surveillance : (i) fournir des conseils aux pays membres et promouvoir des politiques devant favoriser la stabilité économique, réduire la vulnérabilité aux crises économiques et financières et élever le niveau de vie ; et (ii) produire des évaluations périodiques des perspectives mondiales et régionales par le biais de 4 rapports publiés en avril et octobre de chaque année, portant sur les Perspectives de l’économie mondiale, la stabilité financière mondiale, l’évolution des finances publiques et les positions extérieures des plus grandes économies ; (2) l’assistance financière : l’octroi de prêts aux pays membres qui font face à des problèmes de balance des paiements réels ou potentiels en échange de programmes d’ajustement convenus entre le FMI et le pays demandeur.

Le soutien financier du FMI est calculé par rapport à la quote-part du pays. Le reste du financement dont a besoin le pays doit être recherché auprès d’autres bailleurs de fonds, le programme appuyé par le FMI servant de caution.

L’aide du FMI et des autres bailleurs de fonds est versée en tranches en fonction de la bonne exécution d’objectifs intermédiaires ; et (3) le renforcement des capacités : sous la forme d’une assistance technique et de formation dans la conception et la mise en œuvre de politiques fiscales et administratives plus efficaces, la gestion des dépenses, les politiques monétaires et de change, la surveillance et la réglementation du système bancaire et financier, les cadres juridiques et les statistiques économiques.

Les droits de tirage spéciaux (DTS). Les DTS sont des avoirs de réserve internationaux créés en 1969 par le FMI pour compléter les réserves de change officielles de ses pays membres. A ce jour, un total de 660,7 milliards de DTS (équivalant à environ 943 milliards de dollars) a été alloué.

Ce montant comprend la récente allocation (environ 456 milliards de DTS) approuvée le 2 août 2021 (avec prise d’effet le 23 août 2021) destinée à répondre au besoin mondial de réserves à long terme et aider les pays à faire face aux conséquences de la pandémie de Covid-19.

La valeur du DTS repose sur un panier de cinq monnaies : le dollar des États-Unis, l’euro, le renminbi chinois, le yen japonais et la livre sterling.

L’Algérie et le FMI :  l’Algérie a demandé l’appui financier du FMI à trois reprises et a bénéficié de trois accords : (1) un premier accord de stand-by couvrant la période du 3 juin 1991 au 31 mars 1992 pour un montant de 300 millions de DTS (225 millions ont été tirés) ; (2) un second accord de stand-by allant du 27 mai 1994 au 22 mai 1995 pour un montant de 457,2 millions de DTS (seuls 385,2 millions de DTS ont été consommés) ; et (3) un troisième accord au titre de la facilité élargie de crédit couvrant la période (du 22 mai 1995 au 21 mai 1998) pour un montant de 1169, 28 millions de DTS (crédit consommé en totalité).

Francis Loevenbrück et Abdelrahmi Bessaha
Experts internationaux en macro-économie

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