1.-Le produit intérieur brut (PIB) de l’Italie a été de 2108 milliards de dollars en 2021, étant prévu pour 2022 à 2272 milliards de dollars, la classant 8e économie mondiale, pour une population d’environ 60 millions d’habitants au 1er janvier 2022. Les réserves de change dépassent les 230 milliards de dollars, dont 2451,8 tonnes d’or d’une valeur dépassant les 80 milliards de dollars. Les importations de biens en 2020 ont été de 422 milliards de dollars et de services 92 milliards de dollars, et pour 2021, 409 milliards de dollars de biens et 101 milliards de dollars de services, et les exportations de biens 409 milliards de dollars de biens et 99 milliards de dollars de services. Quant aux exportations, elles ont été de 496,12 milliards de dollars et des services 86,53 milliards de dollars soit au total : 582,65 milliards de dollars. Une reprise a été constatée en 2021 où l’excédent commercial de l’Italie a atteint 50,4 milliards d’euros bien qu’en baisse par rapport aux 63,17 milliards enregistrés en 2020, selon l’Institut national des statistiques (Istat). La dette publique de l’Italie s’est élevée à 153,5% du PIB en 2021, en légère baisse par rapport à 2020 (155,6%), mais nettement au-dessus de la limite de 60% prévue par les règles de Maastricht. D’ailleurs, la majorité des pays de la zone euro ont abandonné provisoirement la totale rigueur budgétaire, Rome misant sur une croissance importante pour réduire le rapport entre son PIB et sa dette publique, au-dessus de 150%. D’une manière générale, la crise Covid-19 et récemment la crise ukrainienne ont affecté l’économie italienne, comme toute l’économie mondiale. Dans la phase de reprise en 2022, la croissance devrait s’appuyer sur la mise en œuvre du plan national de relance et de résilience, adossé à des réformes structurelles, l’Italie ayant bénéficié de l’impact positif du plan de relance européen (209 Md €). Mais la reprise des exportations sera dépendante du rythme de celle du commerce mondial et du marché intérieur. Malgré les incertitudes, l’Italie dispose d’une solide industrie manufacturière spécialisée dans des niches à haute valeur ajoutée et intégrée aux chaînes de valeurs mondiales, la deuxième européenne après l’Allemagne. Structurée autour de PME dynamiques, elle est la source de l’excédent commercial. Mais comme impact de cette situation mondiale incertaine, les conséquences sociales où, selon les statistiques de Bruxelles, le chômage a atteint environ 12% en 2021, affectant davantage les jeunes (taux de chômage à 29,3% en 2019) et creusant les écarts entre les régions riches et celles pauvres, entre le Nord et le Sud (17,6%), un plan d’action étant en cours pour éviter l’accroissement des disparités régionales. Qu’en est-il de certains indicateurs économiques de l’Algérie ? Le PIB de l’Algérie irrigué directement et indirectement par la rente des hydrocarbures, a été d’environ 180 milliards de dollars en 2022, avec des réserves de change fin 2022 entre 55/60 milliards de dollars selon les méthodes de calculs incluant ou pas les DTS e tels réserves d’or et la composition de la structure des réserves de change soit en dollars, euros, livres sterling ou autres monnaies. L’Algérie a un endettement extérieur faible 6/7% du PIB, un endettement public, selon le FMI, à 63% du PIB, devant maîtriser le flux des dépenses, la loi de finances 2023 prévoyant un déficit budgétaire supérieur à 40 milliards de dollars. Nous avons eu pour 2021 environ 37 milliards de dollars d’exportation et les importations sont estimées par FMI à environ 46 milliards de dollars d’importation, y compris les services, environ 6 milliards de dollars, avec une nette amélioration de la balance commerciale en 2022 due à l’envolée du cours des hydrocarbures. En attendant le bilan officiel pour fin 2022, les statistiques douanières font apparaître, pour le premier semestre 2022, des importations de 20,223 milliards de dollars, en augmentation de 7,41%, et les exportations de 25,922 milliards de dollars, en hausse de 48,3% par rapport à la même période de 2021, les exportations hors hydrocarbures en croissance étant constituées à 60/70% de dérivées d’hydrocarbures inclus dans cette rubrique, avec une extrapolation d’une excédent commercial de 17 milliards de dollars fin 2022. Mais attention, le document fiable n’est pas la balance commerciale mais la balance des paiements, qui inclut les flux de services et des capitaux.
2.- Qu’en est-il des relations commerciales entre Algérie et Italie ? L’Italie reste le premier client de l’Algérie, achetant annuellement plus du tiers du gaz algérien exporté, tandis qu’elle occupe la deuxième place parmi les pays de l’Union européenne (UE) fournisseurs de l’Algérie. En 2020, le volume global des échanges commerciaux entre l’Algérie et l’Italie a atteint près de 6 milliards de dollars (USD), dont 3,5 milliards USD d’exportations algériennes vers l’Italie (notamment des hydrocarbures) et 2,42 milliards USD d’importations de ce pays (des équipements surtout). Pour 2021, elles ont connu un accroissement s’établissant à 8,5 milliards de dollars, dont 6,6 milliards de dollars d’exportation de l’Algérie, donc un déficit commercial positif pour l’Algérie. Le secteur des hydrocarbures occupe une place importante dans la relation économique algéro-italienne, grâce notamment au partenariat entre le Groupe Sonatrach et le groupe énergétique italien Eni, présent depuis 1981 en Algérie. Les deux Groupes gèrent le Gazoduc TransMed, aussi appelé Enrico Mattei, reliant l’Algérie à l’Italie via la Tunisie, d’une capacité d’un volume allant jusqu’à 32 milliards de mètres cubes de gaz algérien vers l’Italie, ayant exporté en 2021 environ 21 milliards de mètres cubes gazeux à travers cette canalisation. Espérons l’activation du projet Galsi gelé depuis 2012, qui devait approvisionner la Sardaigne et la Corse d’une capacité de 8 milliards de mètres cubes gazeux et d’un coût estimé en 2010 à 3 milliards de dollars (voir conférence du Pr Mebtoul en 2012- www.google.com sur ce sujet lors d’une tournée en Sardaigne pour défendre ce projet abandonné par l’Italie au profit du gaz russe). Lors de cette visite, il sera intéressant de connaître la position officielle de l’Italie, membre de l’Union européenne, de la décision de plafonner le prix du pétrole par voie maritime à 60 dollars le baril ainsi que les dérivés, ainsi que la décision de la commission européenne de plafonner le prix du gaz à 180 dollars le mégawattheure, à partir du 15 février 2023, en rappelant que le compromis est assorti de deux conditions fixées pour activer le mécanisme : tout d’abord, si les prix à un mois atteignent 180 euros/MWh sur l’indice TTF (Title Transfer Facility), qui sert de référence en Europe sur le marché du gaz, et si cette limite est franchie pendant trois jours ouvrables ; ensuite il faut que les cours dépassent de 35 euros le prix mondial moyen du gaz naturel liquéfié pendant les trois mêmes jours ouvrables, ce mécanisme étant désactivé automatiquement s’il y a un risque sur l’approvisionnement ou si la consommation de gaz augmente. Par ailleurs, outre ces mesures, qu’elle sera la position de l’Italie vis-à-vis du règlement sur les achats conjoints de gaz naturel qui interdit que les Etats membres se fassent concurrence en recherchant des contrats d’approvisionnement en gaz avec des pays tiers
3.-Qu’en est-il des perspectives après la visite du président de la République en Italie et celle qu’effectue du Premier ministre italien à Alger ? L’objectif sera de diversifier la coopération économique : pas seulement dans l’énergie, mais surtout d’impulser les segments hors hydrocarbures, dont les infrastructures, les PME, l’innovation technologique, l’agro-industriel et les télécommunications, et sur le plan politique de consolider davantage les réalisations bilatérales avec l’objectif commun de promouvoir une plus grande stabilité et prospérité dans la région méditerranéenne. C’est dans ce cadre que responsables algériens et italiens ont exprimé récemment le souhait de voir la coopération bilatérale entre Alger et Rome se diversifier, en particulier sur le plan économique, souhaitant qu’«une place de choix soit réservée à l’Italie dans le cadre de ces réformes», ou selon l’ambassadeur d’Italie à Alger, je le cite : «Nous avons beaucoup d’espoir dans les réformes économiques en cours en Algérie et surtout dans l’amélioration du climat des affaires, ainsi que des réformes bancaires.» L’Algérie est prête à accroître ses exportations en direction de l’Europe mais il appartient aux Européens de venir investir en Algérie, dont l’Italie. En attendant de nouveaux investissements en cours, à court terme, pouvant suppléer pour l’Italie environ 4/5 milliards de mètres cubes gazeux maximum à court terme, comme je l’ai rappelé dans plusieurs contributions nationales et internationales (voir www.google.com février-mars 200[M1]), sous réserve de sept conditions, l’Algérie horizon 2025/2027 pourrait doubler les capacités d’exportations de gaz d’environ 80 milliards de mètres cubes gazeux, actuellement entre 10/11% du marché européen, avec une part entre 20/25% de l’approvisionnement de l’Europe horizon 2025/2027. Et un des axes est l’investissement dans les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique tout en attirant les IDE étrangers dont les différents contrats INIE/Sonatrach pour avoir 40% des énergies renouvelables pour couvrir la consommation intérieure, horizon 2028/2030, où actuellement malgré les discours cela représente à peine 1% en 2021. La différence d’environ 20 milliards de mètres cubes, utilisant ainsi le Transmed via l’Italie, qui fonctionne en sous-capacité, peut servir à l’exportation, étant souhaitable que l’annonce du câble électrique sous-marin reliant l’Algérie à la Sardaigne, un projet stratégique, soit alimenté par les énergies renouvelables. C’est que nous avons assisté à une baisse des exportations du gaz en volume, étant passées de plus de 65 milliards de mètres cubes gazeux vers les années 2007/2008 à 43 en 2021 et des prévisions de 55 en 2022, dont 70% par canalisation et 30% par GNL, idem pour le pétrole, plus de 1 million de barils/j à 500 000 barils/j pour les exportations durant la même période, la consommation intérieure, qui va à un rythme exponentiel, étant presque identique aux exportations, risquant entre 2025/2030 de représenter presque 80% des exportations actuelles au même rythme de l’actuel modèle e consommation, posant d’ailleurs l’épineux dossier des subventions (voir audit sous la direction du Pr Mebtoul, assisté des cadres de Sonatrach, d’experts et du bureau d’études américain Ernst & Young 2007/2008 le dossier des carburants). D’où l’importance d’avoir une vision stratégique de la transition énergétique.
En conclusion, la coopération entre l’Algérie et l’Italie ne concerne pas seulement le volet économique, mais les volets politiques, sécuritaires et culturels. Sur le plan économique, l’Italie a une longue expérience d’intégration de la sphère informelle, qui était dominante par le passé, au sein de la sphère réelle, et également un vivier d’expériences pour la dynamisation des PMI/PME qui, en fonction de l’adaptation aux situations sociales, peut être bénéfique pour l’Algérie dans le cadre de ses réformes structurelles, déterminantes entre 2023/2030. En bref, puissent les relations algéro-italiennes s’intensifier afin de faire du bassin méditerranéen un lac de paix et de prospérité partagé. Professeur Abderrahmane Mebtoul