Les entreprises publiques en difficulté ont coûté, selon certaines études, en moyenne 6% du PIB au Trésor public entre 2004 et 2020, alors qu’en 2004, le gouvernement avait indiqué que l’assainissement financier de ces entreprises était de l’ordre de 28 milliards de dollars depuis 1986.
Le gouvernement envisage-t-il d’opérer un virage dans sa démarche d’aide aux Entreprises publiques (EP) ? Tout porte à le croire. Il est vrai que le Premier ministre, ministre des Finances, Aimene Benabderrahmane, a déjà annoncé que tout appui financier aux EP sera conditionné par la modernisation de leur mode de gestion et qu’un cahier de charges définissant les conditions d’accès de ces entreprises au soutien financier allait être mis en place, mais jusqu’à présent, rien n’a été dévoilé concernant les nouveaux mécanismes d’aide. Et voilà que le ministre de l’Industrie, Ahmed Zeghdar, fortement attendu sur les questions liées à la promotion de l’investissement, rebondit sur le dossier.
Dans l’entretien accordé à l’APS, il a parlé du passage à «une approche purement numérique» dans l’octroi de financements supplémentaires aux unités industrielles publiques. Des unités qui ont constitué un véritable gouffre financier tout au long de ces deux dernières décennies sans pour autant créer en parallèle des richesses.
Les EP en difficulté ont coûté, selon certaines études, en moyenne 6% du PIB au Trésor public entre 2004 et 2020, alors qu’en 2004, le gouvernement avait indiqué que l’assainissement financier des EP était de l’ordre de 28 milliards de dollars depuis 1986. C’est dire le poids des aides à un secteur qui n’arrive toujours pas à voir le bout du tunnel au moment où l’investissement privé continue à faire face aux lourdeurs administratives.
La situation risque de se détériorer davantage pour ces EP avec cette nouvelle démarche visant à leur couper les financements. Le ministre l’a clairement souligné. «Tous les établissements sont appelés à s’adapter à la nouvelle situation économique en vue d’assurer leur pérennité tout en contribuant à la création de la richesse et de la valeur ajoutée.»
Parallèlement, le ministère cherche à avoir une évaluation exacte de tous les groupes sous sa tutelle pour connaître leur «niveau de performance» et engager par la suite des mesures dans l’objectif «de remédier à toutes les lacunes enregistrées». Des lacunes pourtant déjà identifiées. Un rapport résumant ces insuffisances et les solutions à adopter, élaboré par les ministères de l’Industrie et des Finances, avait été transmis, selon Ahmed Zeghdar, au Premier ministère pour examen.
Des mécanismes pour l’amélioration de la gouvernance des entreprises ont été mis en place, dont la conclusion de contrats de performance adaptés aux spécificités de chaque groupe industriel ou holding, en plus de l’élaboration d’un règlement intérieur pour le conseil d’administration et d’un code de déontologie pour les membres de ces conseils, toujours selon le ministre de l’Industrie. Doit-on s’attendre à ce que le mode de fonctionnement des conseils change ?
Ces conseils, faut-il le rappeler, ont toujours été écartés dans les prises de décisions. «Depuis les fonds de participation créés dans les années 1990 jusqu’aux actuelles sociétés de gestion des participations, les conseils d’administration n’ont exercé que des rôles formels et symboliques. Les décisions stratégiques ont toujours été prises plus haut ; soit par les ministères de tutelle, soit dans des sphères moins visibles du pouvoir effectif», fera remarquer un économiste.
«Qu’il s’agisse des EPE ou des EPIC, les membres du conseil d’administration sont généralement des représentants de divers organismes qui se contentent d’accomplir une mission de représentation, sans aucun enjeu sur les stratégies ou sur le devenir de ces organisations publiques», poursuivra-t-il. Et d’insister : «Une gouvernance économique performante est d’abord subordonnée à la pertinence des mécanismes mis en place et à la cohérence des actions coordonnées entre les différents secteurs. Et c’est là tout le travail à faire.»