Tandis que les Etats-Unis, le Qatar et l’Egypte ont appelé Hamas et Israël à revenir à la table des négociations, en prenant d’ores et déjà rendez-vous le jeudi 15 août pour la reprise des pourparlers, les forces d’occupation sionistes ont répondu par une nouvelle boucherie à Ghaza. Samedi, un raid sioniste sur l’école Al Tabeen, abritant des déplacés, et située dans le quartier d’Al Daraj, à Ghaza-ville, a fait une centaine de morts et des dizaines de blessés, selon le bureau gouvernemental des médias à Ghaza. La même source indique que l’aviation israélienne a bombardé l’école en question au moment même où un groupe de fidèles y accomplissait la prière de l’aube.
«L’école Al Tabeen servait d’abri à environ 250 personnes déplacées, dont une majorité de femmes et d’enfants», précise Le Monde. Réagissant à ce carnage, le représentant permanent de l’Etat de Palestine aux Nations unies, Riyad Mansour, a adressé avant-hier une lettre virulente au Conseil de sécurité de l’ONU, rapporte l’agence Wafa.
«Le monde ne peut pas rester indifférent à cette brutalité, à cette inhumanité. Et le Conseil de sécurité ne peut pas rester paralysé, en attendant qu’Israël décide soudainement de respecter le droit international, tout en démontrant ouvertement qu’il ne respecte ni la Charte, ni les résolutions de l’ONU, ni aucun principe de droit», dénonce l’ambassadeur palestinien. Et de poursuivre sur le même ton véhément : «Le Conseil de sécurité ne peut pas rester silencieux en regardant un peuple entier se faire détruire, tandis que ce dernier attend toujours la protection à laquelle il a droit et en la réclamant, mais que le monde continue d’ignorer froidement».
«Israël sabote tout progrès des médiateurs vers un cessez-le-feu»
Le représentant de l’Etat de Palestine est revenu sur ce qui s’est passé quelques heures auparavant à l’école Al Tabeen en déclarant : «Au moins 100 enfants, femmes et hommes palestiniens sont tombés en martyrs, dont de nombreuses personnes âgées, alors qu’ils se rassemblaient pour accomplir la prière de l’aube dans l’école Al Tabeen dans la ville de Ghaza, où des milliers de familles déplacées étaient hébergées ».
Et de marteler : «Ceux qui continuent de défendre ce génocide et de fournir à Israël une quantité inépuisable d’armes pour tuer, mutiler et détruire sont complices de ces crimes et prolongent l’effusion de sang et la terreur.» Riyad Mansour se montre sceptique par rapport aux pourparlers, après cette nouvelle boucherie. «Les promesses d’un cessez-le-feu sont clairement fausses. Elles sont contredites par les actions brutales qu’Israël commet chaque jour sur le terrain», assène le diplomate palestinien. Israël, énumère-t-il, «continue de terroriser la population civile palestinienne à Ghaza et dans le reste de la Palestine occupée, y compris Jérusalem-Est».
Pour lui, l’entité sioniste ne fait que «saboter délibérément tout progrès réalisé par les médiateurs vers un accord de cessez-le-feu». «Israël ne veut pas de cessez-le-feu et ne négociera pas avec des intentions saines», estime M. Mansour. «Chaque jour, par la parole et par les actes, les politiciens israéliens et les chefs de l’armée d’occupation israélienne prouvent qu’ils préfèrent continuer à tuer et à détruire toute lueur de vie à Ghaza», dit-il. « Arrêtez cette folie. Arrêtez cette brutalité. Arrêtez cette inhumanité», conclut le représentant palestinien auprès des Nations unies.
Pour sa part, l’ONU a vivement condamné le massacre commis par Israël à l’école Al Tabeen de Ghaza. Revenant sur les circonstances de ce carnage, le bureau du Haut-commissariat des droits de l’homme de l’ONU (HCDH) dans le territoire palestinien occupé relève dans un communiqué : «Samedi, vers 4h30 du matin, pendant la prière de l’aube, une mosquée située à l’intérieur de l’école Al Tabeen a été frappée par l’armée israélienne au moins trois fois. Ces frappes ont été menées avec un mépris apparent vu le nombre de décès de civils». Parmi les victimes de cette attaque figurent «11 enfants et six femmes», signale Onu-Info.
«Ne laissons pas l’insupportable devenir une nouvelle norme»
Réagissant à cette attaque, le chef de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, écrit sur la plateforme X : «Une nouvelle journée d’horreur à Ghaza, une nouvelle école touchée et des dizaines de Palestiniens tués, parmi lesquels des femmes, des enfants et des personnes âgées. Nous ne pouvons pas laisser l’insupportable devenir une nouvelle norme. Plus cela se répète, plus nous perdons notre humanité collective».
Notons également cette réaction du coordonnateur spécial des Nations unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, Tor Wennesland, qui a dénoncé une «nouvelle attaque dévastatrice contre une école» abritant des déplacés. Dans un communiqué de presse, il a exhorté « toutes les parties à donner la priorité à la protection des civils, à conclure un accord de cessez-le-feu et de libération des otages à Ghaza et à mettre en œuvre ses dispositions sans délai ni condition». «Les Nations unies s’engagent à soutenir tous les efforts visant à atteindre cet objectif. Il est grand temps de mettre un terme à ce cauchemar», a-t-il insisté.
Hier, l’armée israélienne a émis un nouvel ordre d’évacuation à l’intention des habitants de Khan Younès, rapporte l’agence Wafa. «L’armée d’occupation a appelé les citoyens et les personnes déplacées du quartier d’Al Jalaa, connu sous le nom de ville de Hamad, au nord de Khan Younès, à évacuer immédiatement la région. Elle a également renouvelé sa demande aux citoyens des nouveaux quartiers du centre de Khan Younès de quitter les lieux. L’ordre a été donné à une 1h du matin», indique Wafa. Et de préciser : «Le nombre de personnes déplacées depuis l’est et le centre de Khan Younès a dépassé les 70 000 citoyens. (…) C’est la troisième fois en une semaine que les forces d’occupation élargissent les ordres d’évacuation dans la ville de Khan Younès. Vendredi dernier, l’occupant a annoncé le début d’une opération militaire dans la ville».
Selon l’UNRWA, il a été enregistré ces derniers jours un exode de plus de 75 000 personnes au sud-ouest de la bande de Ghaza. «L’exode continu et sans fin du peuple palestinien. De Yarmouk en Syrie à Khan Younès à Ghaza cette semaine. Au fil des décennies, les civils palestiniens ont été trop souvent entraînés dans des guerres et des conflits. Rien que ces derniers jours, plus de 75 000 personnes ont été déplacées dans le sud-ouest de Ghaza. Du jour au lendemain, les autorités israéliennes ont émis des ordres supplémentaires d’évacuation, forçant davantage de personnes à fuir, encore et encore», déplore Philippe Lazzarini dans un post sur le réseau social X, hier. Le chef de l’UNRWA note avec émotion : «Certains ne peuvent emporter que leurs enfants avec eux, d’autres portent toute leur vie dans un seul petit sac. Ils vont dans des endroits surpeuplés où les refuges débordent déjà de familles. Ils ont tout perdu et ont besoin de tout. Contrairement à d’autres guerres, la population de Ghaza est prise au piège et n’a nulle part où aller.» Mustapha Benfodil
L’Algérie condamne «le massacre barbare» de l’école Al Tabaeen
L’Algérie a condamné dans les termes les plus forts et avec la plus grande fermeté le massacre barbare commis par l’entité sioniste contre des civils sans défense réfugiés dans l’école Al Tabaeen, à Ghaza, pour échapper à la funeste machine qui les suit partout ne les épargnant même pas pendant l’accomplissement de leurs prières, a indiqué hier un communiqué du ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger. «Ce crime odieux, qui constitue un crime contre l’humanité à part entière, vient alourdir le bilan sanguinaire de l’agression sioniste, qui compte des crimes de génocide avérés, des crimes de guerre indéniables et des crimes contre l’humanité documentés, sans précédent dans l’histoire de l’humanité depuis la Seconde Guerre mondiale», lit-on dans le communiqué. «Pis encore, l’occupation de peuplement israélienne ne se contente plus de cibler les civils par les bombardements, les tueries et la destruction, mais également par la propagation de maladies et virus dangereux qui déciment les Palestiniens innocents dans la bande de Ghaza», ajoute la même source. A cet égard, l’Algérie a de nouveau souligné «l’impératif pour la communauté internationale d’agir et d’adopter une position ferme et résolue imposant à l’occupation de peuplement israélienne les mêmes mesures répressives et punitives imposées à d’autres, dans des cas qui ne représentent qu’une goutte dans l’océan de crimes inédits que l’occupation continue de commettre contre les Palestiniens sans défense, tout en s’en vantant». «L’occupation de peuplement israélienne ne peut continuer à bénéficier d’une impunité totale et absolue et à échapper aux poursuites et aux sanctions pour les innombrables crimes qu’elle a commis et qu’elle continue de commettre dans les Territoires palestiniens occupés et dans le voisinage palestinien», conclut le communiqué.