Une jeune femme aurait été tuée, lundi dernier, par un homme éconduit, dans une clinique privée dans la commune de Rouiba, où elle travaillait comme infirmière, dans la wilaya d’Alger, a rapporté, hier, le collectif Féminicides Algérie.
La victime, N. G., 25 ans, aurait été assassinée après avoir reçu plusieurs coups de couteau sur son lieu de travail, a ajouté la même source. La victime aurait refusé une demande en mariage de son bourreau, qui la harcelait. La veille des faits, le présumé auteur du crime aurait menacé la victime de mort en public sur son lieu de travail, mais personne ne l’a prise au sérieux et personne ne s’est plaint ou n’a contacté la police, a déploré le collectif Féminicides Algérie. Le suspect aurait aussi tenté de tuer une femme cardiologue qui travaille dans l’immeuble qui abrite la clinique privée. Il s’agit du 4e fémincide recensé par le collectif Féminicides Algérie depuis le début de janvier 2024.
Au moins 261 femmes ont été victimes de féminicide en Algérie depuis 2019, dont la moitié était des mères de famille et 16 étaient enceintes au moment de leurs assassinats, selon un rapport présenté récemment par le collectif Féminicides Algérie.
Depuis «le 1er janvier 2023, 33 femmes ont été tuées, et entre 2019 et 2022, 228 femmes ont été assassinées», a indiqué, en novembre dernier, Wiame Awras, membre du collectif Féminicides Algérie, en présentant ce rapport non exhaustif, basé principalement sur des cas évoqués par la presse locale.
De 2019 à 2022, un groupe de femmes a analysé les féminicides en Algérie, recensés dans ce rapport qui conclut qu'«au moins une femme est assassinée» chaque semaine.
La plupart des victimes ont été poignardées, égorgées ou tuées par arme à feu, selon l’étude qui mentionne des cas de femmes brûlées vives. «Leur point commun est d’être ciblées parce que femmes», dans un pays où règne le patriarcat et où la société reste très conservatrice, a estimé Wiame Awras, dont le collectif a eu des contacts directs avec certaines familles.
Les raisons invoquées par les meurtriers étaient notamment la jalousie, de «supposés crimes d’honneur» et des troubles mentaux. «Près de 80% des féminicides sont commis par un membre de la famille de la victime», a relevé Wiame Awras, en précisant que dans 61% des cas il s’agit du conjoint, dont certains sont des «policiers ou militaires qui ont assassiné leurs épouses avec leur arme de service». Selon les auteurs, le rapport a également dénombré de nombreux jeunes ayant tué leurs mères.
Parfois une famille entière se rend complice d’un assassinat, comme cela a été le cas pour «Nihal, 19 ans, tuée en mars 2022 par des proches qui ont invoqué un crime d’honneur car elle était enceinte hors mariage», selon le rapport.