Pyramide de Khéops : Extraordinaire découverte d’un couloir, caché depuis 4500 ans

05/03/2023 mis à jour: 07:21
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Vue de la façade nord de la pyramide de Khéops, au pied du monument, en novembre 2022. Le corridor inspecté par la mission ScanPyramids se situe au-dessus des chevrons de l’entrée principale, qui sert aujourd’hui d’accès aux touristes

Il y a du nouveau derrière les blocs épais et quatre fois millénaires de la tombe du roi Khéops. Sept ans après avoir découvert l’existence de cavités inconnues cachées dans les profondeurs de la grande pyramide de Gizeh, face au Caire, les scientifiques du projet international ScanPyramids livrent un premier aperçu de l’un de ces espaces tant fantasmé. Situé derrière l’entrée de la face nord du monument, le corridor en question ne dissimulait rien d’inattendu.

Pas de momie en embuscade ni de trésors insoupçonnés. Elle n’en reste pas moins fabuleuse aux yeux des spécialistes. Cet espace de deux mètres de large, sous chevrons, s’étire sur près de neuf mètres. Il a pu être inspecté le 24 février, grâce à une minuscule ouverture détectée au radar dans la jointure des chevrons de l’entrée. Faute d’y passer une tête, les chercheurs ont employé un endoscope d’un diamètre de cinq millimètres, passé dans un tuyau en cuivre, pour obtenir un aperçu de cet espace dissimulé depuis la construction du monument.

De quelle utilité était ce corridor aveugle, aménagé à l’extrémité nord de l’immense tombeau de Khéops ? Si la piste d’un espace de décharge censé répartir la masse au-dessus de l’entrée principale de la pyramide est avancée par les autorités égyptiennes, les scientifiques du projet ScanPyramids, eux, se gardent bien de trancher. Leur intérêt est ailleurs : l’existence désormais avérée de cet espace prouve ce que leurs instruments avaient détecté en 2016, grâce au principe de la radiographie par muons.

«Ces images confirment la présence de cette cavité dont nous soupçonnions déjà l’existence à 99,99 %. Elles achèvent également de prouver l’efficacité de nos méthodes non-destructives et non-invasives», souligne Mehdi Tayoubi, co-directeur de la mission ScanPyramids. Développée par des équipes japonaises de l’université de Nagoya et par le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), la muographie consiste en la captation de particules élémentaires sensibles aux corps qu’elles traversent. Cette technique a permis d’identifier depuis 2016 deux espaces jusqu’alors inconnus à l’intérieur de la grande pyramide : le corridor de la face nord (NFC), situé près de l’entrée, ainsi qu’un «grand vide» (surnommé SP-BV), d’un diamètre d’au moins trente mètres et qui se trouverait environ 10 mètres au-dessus de la grande galerie.

Les dernières énigmes de la pyramide

D’après les images de l’endoscope, le corridor inspecté en février par l’équipe de ScanPyramids ne paraît pas être relié au «grand vide». «Un couloir plus petit, de moins d’un mètre, entre ces deux structures ne peut pas être complètement exclu à partir de ces mesures», notent cependant les 36 chercheurs associés à la mission ScanPyramids dans un article paru jeudi dans la revue scientifique Nature Communications . Les travaux, décidément, ne sont pas près de s’achever. «Nous allons poursuivre notre campagne de scans (...) et déterminer ce que nous pouvons découvrir à l’extrémité ou en dessous du corridor», a déclaré jeudi le responsable du Conseil suprême des Antiquités, Mostafa Waziri, lors d’une conférence de presse donnée aux pieds des pyramides. Lancée en 2015 sous l’égide du ministère égyptien des Antiquités nationales, la mission scientifique ScanPyramids associe l’université du Caire avec l’Institut français HIP. Soutenue par Dassault Systèmes, l’association coordonne la palette d’acteurs impliqués dans le projet et pilotés, côté égyptien, par un comité scientifique dirigé par Zahi Hawass. Parmi les derniers partenaires de l’aventure, l’université technique de Munich a mené des examens radars complémentaires sur la face nord de la pyramide, entre 2020 et 2022, pour affiner les contours de la cavité. À terme, l’identification et l’étude de ces nouveaux espaces de la grande pyramide pourraient permettre de mieux saisir les dernières énigmes de sa construction. Plusieurs hypothèses concurrentes existent sur ce problème architectural, qui pourrait avoir été résolu par des systèmes de rampes externes ou internes, voire par un mélange des deux. Le monument édifié vers 2560 avant notre ère, à l’époque de l’Ancien Empire égyptien, est resté plusieurs millénaires la structure humaine la plus haute jamais construite. Et les mystères irrésolus de cette merveille du monde ne laissent toujours pas de fasciner.

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