Après la publication d’un recueil de nouvelles La demoiselle du métro en 2018, la journaliste et auteure Meriem Guemache récidive dans ce genre en gratifiant ses lecteurs de L’Absente, publié aux éditions Casbah.
Meriem Guemache est avant tout une voix radiophonique connue sur les ondes de la Chaîne III. Elle a fait ses preuves durant trois décennies dans le domaine de la culture et de la littérature. Elle a approché et interviewé les plus grands artistes algériens et étrangers, toutes disciplines confondues.
Cette passionnée de lecture et d’écriture revient donc sur la scène littéraire avec un recueil de nouvelles à la hauteur des espérances. Constitué de 153 pages, le recueil en question est composé de dix nouvelles aux thèmes différents mais d’actualité. En effet, ces récits courts posent incontestablement un regard à la fois tendre et lucide sur notre époque. Le style, dirions-nous, est assez fluide, rehaussé d’un zeste d’humour, retransmis à travers des expressions populaires, des dictons ou encore des maximes.
Le recueil de nouvelles s’ouvre sur «Virus Horribilis». Comme l’indique son titre, l’autrice a choisi d’évoquer la pandémie de la Covid-19 qui a sévi durant deux ans dans le monde, mettant à rude épreuve le système de santé, déclenchant des mesures sans précédent de la part des gouvernements du monde entier, notamment des restrictions de mouvement et des ordonnances de confinement.
A la veille du confinement, la narratrice se trouvait en voyage. Son vol é été annulé mais elle réussit à monter dans un coucou, juste avant la fermeture du ciel algérien. Après avoir regagné le bercail, elle se soumet aux règles de protection dont entre autres l’obligation du port du masque, le contrôle de la température à l’entrée des grandes surfaces.
Grosse frayeur, un matin, quand elle se rend compte qu’elle a perdu l’odorat. Elle subit alors un test PCR. Les résultats sont négatifs. La nouvelliste Meriem Guemache a choisi l’une des ses nouvelles L’Absente pour l’adapter au titre de son recueil. Cette deuxième nouvelle L’Absente est l’histoire poignante de Djenna, une dame âgée, atteinte d’Alzeimer. Sa fille impuissante raconte le quotidien auprès de sa mère. Elle évoque avec beaucoup d’amour le drame infini de l’oubli, des bêtises involontaires et de l’inversion des rôles parents-enfants. «Ma mère confond le jour et la nuit. Elle peut se coucher à dix heures du matin et se réveiller à minuit, avec l’envie de papoter.
Même si ces propos sont décousus, je reste attentive à ses divagations. Il me semble que c’est le seul lien qui me rattache encore à elle, domptant mon sommeil, dormant sur commande, en pointillé, l’oreille aux aguets. J’ai installé un sommeil dans la chambre de maman pour ne pas la laisser seule», lit-on en page 39. Dans Cicatrice nucléaire est abordée la question de la première bombe nucléaire française dénommée «Gerboise bleue» qui, rappelons-le, a été mise à feu sur le site nucléaire de Reggane. 370 kilotonnes de plutonium ont été larguées le 13 février 1960. Le drame de cette catastrophe est évoqué à travers l’histoire d’amour de Gamra et de Saâd. Un couple vivant à Reggane qui aspire à avoir des enfants. Gamra n’arrive pas à comprendre pourquoi ses grossesses n’arrivent pas à terme. Son époux Saâd succombe à une leucémie, sa mère d’un cancer, son beau-père perdit la vie et sa belle-sœur donna naissance à un «monstre». Meriem Guemache a suivi des études de lettres anglaises à l’université d’Alger.
En 1989, elle intègre la Chaîne III de la Radio algérienne où elle produit et anime des émissions culturelles et de divertissement. En parallèle, elle collabore en tant que journaliste dans plusieurs titres de la presse écrite et de nombreux magazines. Elle est auteure depuis 2017 de la série des Lotfi, destinée aux enfants. En outre, elle a publié en 2018 un recueil de nouvelles La demoiselle du métro. Un an plus tard, elle récidive avec Un jour tu comprendras, une biographie romancée de Fadhma Aït Mansour Amrouche, avant de s’attaquer au genre romanesque à travers Zelda.
En somme, le recueil de nouvelles L’Absente de Meriem Guemache est à la fois existentiel est poétique. Même si ces nouvelles ne sont pas directement rattachées les unes aux autres, le lecteur retrouve à coup sûr une certaine cohérence, d’où la nécessité de lire ce recueil au plus vite. Avis aux lectrices et lecteurs !
Meriem Guemache L’Absente, 153 pages. Editions Casbah. 2023 Prix public 1000 DA.