Une œuvre très riche que le journaliste et auteur Abdelkrim Tazaroute a consacré à Idir, intitulée Idir, Nostalgie enchanteresse. Un ouvrage publié aux éditions El Qobia.
Pour ceux qui le connaissent et qui apprécient sa plume, Abdelkrim Tazaroute n’est pas à son premier coup d’essai. Cet auteur prolifique s’est déjà intéressé à d’autres figures de proue de la culture algérienne. En effet, il compte à son actif plusieurs publications consacrées à des monstres sacrés de la musique et du cinéma algériens. Citons entre autres Guerouabi ou le triomphe du chaâbi, (Anep en 2009), Mohamed Lamari, le ténor de la Casbah, (Rafar en 2010), Djamel Allem, de Ourtsrou au Youyou des anges (Anep 2018) ou encore Le Cinéma algérien et la guerre de Libération nationale, l’image du héros (Anep en 2023).
Dans ce récent ouvrage Idir, Nostalgie Enchanteresse, déroulé sur 134 pages, Abdelkrim Tazaroute se livre avec sincérité et émotion sur l’un de ses idoles et de tout un peuple. Dans la préface, le journaliste Said Kaced souligne que «c’est un livre écrit tout en nuances comme sait le faire tout mélomane. Le regard curieux d’Abdelkrim Tazaroute a inévitablement repéré les entrelacs de la poésie d’Idir comme les motifs cubistes des maisons et des terrasses, entassés dans La Casbah, si chère au cœur de l’auteur.
Ce livre est une furieuse ouverture sur le large et un doux appel à la rêverie». Et d’ajouter plus loin : «Raconter Idir, c’est se raconter aussi, aller au plus intime, qui est le plus universel. Dans leur pure complexité émotionnelle, les mots adviennent comme des onguents réparateurs. Idir est mort, mais nous sommes nombreux, à le célébrer, en toutes saisons».
Au fil d’une lecture agréable d’un trait, le lecteur se rend compte très vite qu’Abdelkrim Tazaroute rend hommage au musicien Idir mais en ne procédant pas à décliner sa biographie. Il se penche, plutôt, sur l’apport musical de ce brillant artiste qui a conquis le cœur de plusieurs mélomanes, et ce, à travers plusieurs générations. Le journaliste Abdelkrim Tazaroute a tenté un tant soit peu de percer le mystère de la spécificité du travail d’Idir, et ce, à travers sa voix, ses compositions ou encore ses textes. Le choix du titre l’ouvrage Idir, Nostalgie enchanteresse renvoie d’emblée à une figuration polysémique chère à Idir. Avec sa voix unique et douce à la fois, Idir se plaisait à chanter l’Algérie à travers ses montages, son environnement, sa société et sa culture berbère.
Ainsi, pour les besoins de ce présent ouvrage, l’auteur a convié certains mélomanes non berbérophones afin qu’ils donnent leur appréciations sur comment ils ont perçu et suivie le riche parcours d’Idir. Parmi ces derniers figurent le journaliste Said Kaced, le chercheur et musicologue Abdelkader Bendaâmache, l’ancien directeur de l’ONDA Sami Bencheikh, le musicien et neurochirurgien Mouloud Ounoughene, l’ancien ministre de la Culture et poète Azzedine Mihoubi, le compositeur, arrangeur et chef d’orchestre Bazou Yousfi ou encore l’auteur, compositeur et interpréte Idir Tagrawla. Le dénominateur commun entre ces hommes de culture : la musique universelle d’Idir a bercé leur jeunesse et ses chansons, empruntes de sagesse, ont été des messages de belles leçons de vie. Abdelkrim Tazaroute rappelle que le conte A Vava Inova est le titre légendaire d’une des premières chansons d’Idir.
Ce titre fait partie de l’album du même nom, sorti en 1976. Il s’agit d’un titre planétaire qui a été repris dans 17 langues. Abdelkrim Tazaroute note qu’Idir lui donnera, cependant, une autre dimension «en misant paradoxalement à fond sur des instruments du terroir tels que la flûte et le bendir. Ajoutés à la guitare, ces deux instruments serviront de charpente de base à la mélodie et en même temps à toutes les pistes potentielles à l’harmonisation et à l’habillage musical de son œuvre viscéralement ancrée dans la tradition tout en dégageant des velléités de modernités, certes diffusés à doses modérées et ce, toujours dans le souci de ne pas souiller la nature et la clarté de la matrice de son répertoire : la source originale».
Toujours selon l’auteur Idir, nostalgie enchanteresse, le musicien Idir a produit seulement sept albums tout au long d’une carrière riche de cinquante ans avec une parenthèse de dix ans. A travers Le label Idir, Nostalgie harmonieuse, Hasards et au bout, la gloire, Entre villages et ville, Le triomphe de la coupole, Les hommages du cœur sont autant de chapitres qui fournissent des informations précieuses sur la regrettée légende de la musique kabyle. L’ouvrage en question se referme sur quelques œuvres traduites du kabyle au français, à l’image de Tagrawla (Révolution), A Vava Inouva (Pére Inouva), Cfigh (Je me rappelle), Izger (Le bœuf ), ou bien Weltma (Ma sœur).
Il est à noter qu’Abdelkrim Tazaroute sera présent, aujourd’hui, samedi 20 juillet 2024, à partir de 14h, au niveau de la librairie du Tiers-Monde à Alger, pour dédicacer son livre Idir, Nostalgie enchanteresse.
Abdelkrim Tazaroute Idir, Nostalgie enchanteresse.
Edition Elqobla. Avril 2024. 134 pages.