Depuis quelques années, l’Algérie s’est inscrite résolument dans la lutte contre la drogue sous toutes ses formes. Elle a adopté une stratégie interne soutenue par d’importants moyens et a adhéré au programme d’action globale de la communauté internationale. Donc il ne fait pas de doute que la volonté et l’engagement de notre pays sont indiscutables pour préserver la jeunesse algérienne d’être demandeuse invétérée et consommatrice dépendante de ces substances nocives que les Etats du monde tentent de combattre et de circonscrire. Au fil des années, notre pays est devenu une base d’accueil de la production et de la commercialisation de la drogue transfrontalière de notre voisin de l’Ouest, à savoir le Maroc. S’agissant d’une stratégie agressive du makhzen qui utilise, pour ce faire, les moyens du Royaume pour l’écoulement de sa production, la lutte contre ce fléau est reconnue comme étant difficile par les autorités algériennes qui ne ménagent aucun effort pour le circonscrire et l’éradiquer. D’autres nations consacrent d’énormes moyens de lutte contre ce phénomène, allant même, à l’instar des Etats-Unis, jusqu’à s’impliquer au cœur des pays producteurs et éliminer les narcotrafiquants. Malheureusement, si les autorités sécuritaires et judiciaires arrivent à neutraliser les principaux chefs des cartels, ceux-ci se reconstituent très vite et sont repris en charge par de nouvelles organisations criminelles et de nouvelles figures maffieuses locales ou transnationales.
La situation géographique centrale de l’Algérie l’a prédestinée à être une zone de transit par excellence de la drogue. Elle a une profondeur périphérique vers le sud, l’est et l’ouest avec sept pays frontaliers (Maroc, Rasd, Mauritanie, Niger, Mali, Libye, et Tunisie ) et bordurée de 1200 km de côtes ouvertes sur l’Europe du Sud. L’Algérie a donc été, un temps, une zone de transit, mais la surveillance s’est considérablement renforcée et la neutralisation des réseaux pourvoyeurs de drogue efficacement durcie en Méditerranée. Le pays producteur, le Maroc, s’est réorganisé et a reconstitué des réseaux d’acheminement de sa production, particulièrement le cannabis enrichi (qui génère une accoutumance immédiate) relayés par des organisations criminelles locales. Au haschich marocain qui était l’essentiel de la drogue consommée à l’intérieur de nos frontières, il y a une dizaine d’années, sont venus s’ajouter, il y a peu, d’autres drogues dures comme la cocaïne, l'héroïne, mais également divers stupéfiants hallucinogènes bon marché globalement dénommés des psychotropes. Ces derniers sont aujourd’hui largement établis et trouvent un terreau favorable au sein d’une partie de notre jeunesse. Le transport de ces comprimés est relativement facile et l’approvisionnement aidé par l’absence de contrôle de ces produits dans les officines, mais également de produits importés clandestinement de plusieurs pays, notamment ceux d’Afrique de l’Ouest. La porosité des frontières permet également au cannabis de pénétrer par les frontières sud et sud-est où existent, à l’instar du Maroc à l’ouest, de grands producteurs de cannabis.
Après le coup de boutoir de nos services de sécurité (police, gendarmerie, garde-frontières et unités de l’ANP) qui ont déployés de grands moyens sur le terrain, ils ont réussi à réduire ces derniers mois les incursions des transporteurs de drogue par la frontière ouest rendue de plus en plus imperméable. Mais les choses sont d’une telle complexité et les réseaux sont si puissamment implantés qu’ils ont tôt fait de se redéployer en investissant d’autres lieux de consommation et attirant une nouvelle clientèle. Depuis deux ou trois ans, des échos à la fois persistants et inquiétants nous parviennent du milieu scolaire et universitaire où il semblerait que même nos élèves et nos étudiants en nombre grandissant s’adonneraient à la consommation de stupéfiants avec, fait nouveau, une proportion non connue de jeunes filles. Des questions lancinantes se posent à nous et commandent une stratégie parallèle au recours à la coercition systématique de ces nouvelles tendances comportementales. Car le stress, les troubles anxieux, la dépression nerveuse, le désordre social et la schizophrénie sont également un terrain fertile pour les dealers planqués aux abords de ces institutions, prédateurs d’une clientèle fragilisée.
Cette jeunesse doit être encadrée et protégée par tous les moyens pour parer, entre autres, à la hausse de la criminalité qui s’installe dans nos rues au quotidien. C’est là le devoir de l’Etat et des parents…