Protection des données à caractère personnel : L’Etat muscle sa législation

12/08/2023 mis à jour: 21:42
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La loi n°18-07 du 10 juin 2018 relative à la protection des données à caractère personnel est entrée en vigueur. Elle nous met en adéquation avec le reste du monde, notamment le RGPD européen (Règlement général de la protection des données).

 Dans ce cadre, l’Autorité nationale de protection des données à caractère personnel (ANPDP) a lancé, jeudi dernier à Alger, un portail électronique permettant aux organismes publics et privés et aux personnes physiques concernées de traiter les données à caractère personnel. L’ANPDP se veut une autorité administrative indépendante qui veille «au respect de la dignité humaine et de la vie privée lors de l’opération de traitement des données à caractère personnel». 

Elle a pour mission notamment «de mettre en place des paramètres de protection des données à caractère personnel, de présenter toute suggestion susceptible de simplifier et d’améliorer le cadre législatif et réglementaire relatif au traitement des données à caractère personnel et de développer des relations de coopération avec les autorités étrangères similaires sous réserve de réciprocité».

 Le bouleversement dû à la révolution numérique a redéfini le progrès humain, une nouvelle ère commence, où le numérique est partie intégrante de la vie humaine. Cette quête constante du développement technologique s’est accompagnée d’une augmentation accrue de l’exploitation des données en général et plus spécifiquement des données à caractère personnel au point où certains qualifient les données «d’or noir du XXIe siècle». 

Alors que l’utilisation d’Internet continue toujours de se développer à travers notamment la vulgarisation et la démocratisation des smartphones et des réseaux sociaux, l’approvisionnement en datas n’a jamais été aussi important. Les données sont aujourd’hui négociées par des sociétés de courtage spécialisées : les data brokers. 

Cette nouvelle génération de courtiers est en charge de collecter les données en les achetant pour les revendre ensuite aux marques, aux banques, aux partis politiques, aux régies publicitaires et toutes les organisations qui souhaitent obtenir des informations sur certaines catégories de personnes ciblées. Envoyer des mails, commander sur internet ou consulter les réseaux sociaux, autant d’habitudes devenues quotidiennes qui nous obligent à laisser des traces, souvent à notre insu. Ces données personnelles représentent aujourd’hui des ressources  précieuses et stratégiques.   
 

Un impératif crucial à l’ère numérique 

Ce sujet s’est imposé dans les débats pour plusieurs raisons. Le taux de pénétration internet en Algérie dépasse la barre des 60%. Internet est désormais accessible partout en Algérie et plus nous y pénétrons, plus le risque cyber est important. Le taux de connectivité mobile en Algérie est de 103%. Cela signifie que, sur les 44,98 millions d’Algériens, 46,57 millions disposent d’une ligne mobile. 

L’hyper-connectivité des Algériens se fait massivement sur mobile, à hauteur de 98%. Il y a aussi 11 millions de détenteurs de cartes Edahabia et/ou CIB. Elles jouent un rôle important dans la réduction des tensions dans les bureaux de poste, et ce, grâce aux retraits au niveau des guichets automatiques de billet de banque (GAB), récemment renforcés par l’installation de 600 guichets supplémentaires, soit une augmentation de plus de 40%. Et le programme d’action du gouvernement vise à porter le nombre des utilisateurs de la carte du e-paiement «Edahabia» à 14,5 millions à l’horizon 2023/2024.  Ainsi, force est de constater que les technologies de l’information, de la communication et la démocratisation d’Internet ont été de nature à bouleverser totalement les relations sociales et à développer «l’insécurité en ligne». 

Des milliers de personnes effectuent quotidiennement leurs achats à travers le Net avec toutes les conséquences que cela peut engendrer en matière de piratage, de fraude et de sabotage informatique. Le cybercrime a envahi le monde des transactions et l’Algérie n’y échappe pas, il touche l’ensemble des opérateurs, consommateurs et organisations publiques et privées. 

Dans une société interconnectée, à l’ère numérique où les informations personnelles circulent rapidement et sont traitées par diverses entités, il est impératif de mettre en place des mesures robustes pour préserver la vie privée et les droits fondamentaux de chaque citoyen. L’avènement des nouvelles technologies de l’information et de la communication a considérablement transformé la manière dont les données sont collectées, stockées, traitées et utilisées. 

Si ces avancées offrent des opportunités passionnantes pour le progrès et l’innovation, elles soulèvent également des défis majeurs en matière de protection de la vie privée et de sécurité des données. 

D’où l’importance de créer un cadre légal solide et cohérent pour la protection des données à caractère personnel, en accordant une attention particulière à un certain nombre de principes dont le «consentement éclairé, la transparence et la responsabilité». 

Cependant, certains utilisateurs du numérique, généralement mal informés des risques de celui-ci, négligent trop souvent la sécurité, par faiblesse de leurs connaissances ou oubli des précautions à prendre, et/ou ignorance des moyens pour y parer. Les facilités offertes par les ordinateurs portables, les messageries électroniques, la téléphonie mobile, les clés USB données ou échangées, permettent de travailler n’importe où et à n’importe quelle heure, ce qui ouvre évidemment des opportunités, mais ne cesse d’inquiéter.

 La protection des données personnelles n’est pas simplement une question juridique, c’est un impératif éthique et moral. Chaque individu a le droit fondamental de contrôler ses propres informations, de savoir comment elles sont utilisées et de décider dans quelle mesure il souhaite les partager. C’est une question de respect de la vie privée, de dignité humaine et de liberté individuelle. 

Pour les pouvoirs publics, les entreprises et les organisations qui collectent et traitent des données sont tenues responsables de leurs actions. La sécurité des données doit être une priorité absolue, avec des mesures strictes pour prévenir les fuites, les piratages et les utilisations abusives. 

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