Propositions pour enrichir le programme des candidats aux élections présidentielles (2e partie)

03/09/2024 mis à jour: 00:19
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Photo : D. R.

Par B. Nouioua

 Ancien gouverneur de la Banque centrale d’Algérie

V. Le problème de l’énergie renouvelable 

Notre pays dispose de potentialités exceptionnelles en matière d’énergie renouvelable laquelle est considérée comme étant l’énergie de l’avenir qui va remplacer notamment celle qui est d’origine fossile. 

En outre, dans tous les cas, l’énergie continuera à constituer une part importante des exportations et donc une source essentielle pour gagner des devises. Or, l’Algérie a préparé un programme étriqué pour produire de l’énergie renouvelable.

Il ne tient compte ni des potentialités énormes que recèle notre pays, ni des besoins locaux et d’exportation, ni de l’évolution rapide de la transition énergétique que connaissent plusieurs pays, ni de la concurrence qui sera très vive dans ce domaine.

Il est à craindre dans ces conditions que dans un avenir proche, notre pays ne soit pas en mesure de fournir de l’énergie renouvelable en quantité suffisante pour satisfaire les besoins nationaux et les besoins d’exportations, cela d’autant plus que la réalisation du programme se fait avec beaucoup de lenteur.

Pour éviter une telle situation, il convient de faire de la question de la production de l’énergie renouvelable la première priorité. Il faut commencer par créer une entreprise publique autonome qui prendra en charge cette opération en relation avec Sonatrach et Sonelgaz qui auront à se consacrer aux activités qui sont de leur ressort. 

La nouvelle entreprise déterminera et préparera les lots dans le Sahara et dans les Hauts-Plateaux pour y produire de l’énergie solaire notamment, lots qu’elle proposera aux grands investisseurs étrangers dans ce domaine lesquels seront invités à venir en Algérie.

Elle se préoccupera dès le début de la fabrication de toutes les catégories d’équipements nécessaires pour la production de l’énergie renouvelable. 
Elle accéléra le travail qui a été entrepris pour l’installation d’un câble électrique entre l’Algérie et l’Italie, comme elle aura à suivre attentivement la mutation énergétique qui s’opère ailleurs ainsi que l’évolution de la production de cette énergie par les pays concurrents. 

VI. La constitution d’un programme pour régler la question du transport urbain et inter-urbain : 

L’Algérie est très vaste et la mobilité de la population est grande, ce qui implique la nécessité de la mise en place rapide des moyens de transport adaptés et efficaces dans chaque ville et entre les différentes régions. 

Pour réaliser un tel projet, il faut commencer par faire une étude approfondie qui englobe tous les types de transport urbain qu’il faut installer, pour mettre fin à l’anarchie actuelle qui sévit dans toutes les grandes villes, et dans ceux du transport inter-urbain.

La préférence sera donnée au transport ferroviaire qui est le plus approprié comme le montre l’expérience des autres pays qui disposent d’un système de transport adéquat.  Des opérations isolées de cette nature sont entreprises dans plusieurs régions.

On dit qu’il existe un projet pour construire 6000 km de voies ferrées, mais il ne semble pas que ce projet ait fait l’objet d’une étude de faisabilité qui couvre tous les aspects. Ceux du tracé, de l’exécution des ouvrages et des gares, des équipements nécessaires, du financement, etc. 

Ce qu’il faut préparer c’est un vrai programme d’ensemble qui couvre tout le pays sur la base d’une étude sérieuse et complète qui précisera les différents aspects mentionnés ci-dessus. L’étude en question déterminera des lots régionaux à réaliser en faisant appel, de préférence, à des entreprises locales qui peuvent se lier à des partenaires étrangers.

L’important dans ce domaine, comme dans tous les autres domaines, est de mettre l’accent sur le développement des capacités nationales d’étude, de réalisation et de fabrication des équipements. 

L’exécution du programme donnera lieu à la promotion des industries mécaniques en recourant à l’assistance technique et à l’association avec des entreprises étrangères spécialisées. Celles-ci sont nombreuses au Japon, en Chine, en Allemagne et en France notamment. 

Le transport ferroviaire vise doit être un transport rapide dépassant les 200 km à l’heure étant donné la longueur des distances entre les différentes régions de notre pays. 

Tout retard dans la préparation et la mise en œuvre de ce programme se traduit par des pertes énormes de temps, d’argent et par des perturbations et des embarras.
VII. La stabilité de la monnaie nationale et la recherche d’une solution au problème du marché parallèle des devises 

Les dévaluations et les dépréciations du dinar effectuées à partir du début des années 1990 à l’instigation du FMI et de la Banque mondiale lui ont fait perdre toute sa valeur. Il importe de veiller à l’avenir à la stabilité de la monnaie nationale qui est fondamentale et dans le même temps essayer de trouver une solution au problème du marché parallèle des devises en pratiquant notamment une politique adaptée en matière de contrôle du change.

Le problème que pose ce marché est très complexe, mais tout problème peut trouver une solution s’il existe une volonté politique pour le faire. De toute façon, ce marché porte atteinte aux intérêts du pays et à sa bonne réputation et il est à l’origine de préjudices énormes. Comment continuer à le tolérer dans ces conditions ? 

VIII. L’animation de la Bourse et le développement du marché financier  

L’introduction des actions du Crédit populaire d’Algérie (CPA) dans la Bourse a été un succès. Mais cela ne suffit pas pour dynamiser la Bourse et créer un marché financier actif. Un marché susceptible de répondre aux besoins des ressources exprimées par le Trésor public, les entreprises publiques et privées existantes ou à créer. 
Il est indispensable pour donner vie à la Bourse d’inciter les entreprises publiques, privées et étrangères bénéficiaires qui exercent leurs activités en Algérie a se transformer en sociétés par actions et d’introduire leurs actions à la Bourse.

La multiplication et la diversification des entreprises bénéficiaires enregistrées à la Bourse attirera les détenteurs de capitaux et contribuera à diminuer la fuite des ces capitaux vers l’étranger, tout en rendant la Bourse active.

IX. La désignation avec soin des responsables : 

l’expérience a montré que la désignation des responsables au niveau des administrations et des institutions sur recommandation ou dans la précipitation ne donne pas des résultats satisfaisants. 

Il convient de procéder avec beaucoup de soin à ce genre de nomination. La désignation pour occuper un poste doit donner lieu à une sélection des candidats en tenant compte de leur formation, de leur expérience, de leur compétence et de leur réputation en matière professionnelle et morale. 

En choisissant des éléments qualifiés, ils peuvent être désignés pour une période de quatre ou cinq ans, renouvelable une fois afin d’assurer la stabilité et la continuité qui sont indispensables pour le bon fonctionnement des services. 

X. L’exercice de l’autorité de l’Etat 

L’exercice ferme et juste de l’autorité de l’Etat est indispensable pour assurer la sécurité, l’ordre et la bonne marche des services pour régler les problèmes et répondre aux besoins des citoyens. 

Le laisser-faire entraîne, par contre, le non-respect des lois et des règlements et provoque des déviations, des fraudes, un relâchement dans le comportement des responsables et de la population. Il peut être également à l’origine d’une déconsidération de l’Etat et de ses institutions. 

L’absence d’intervention des services de l’Etat se manifeste dans plusieurs domaines et induit des préjudices. Les exemples à citer dans ce domaine sont très nombreux. Il y a lieu d’évoquer le cas de non-paiement des taxes et des impôts par des acteurs économiques qui réalisent des revenus. Cette attitude prive le Trésor public de ressources dont il a besoin et empêche l’Etat d’assumer ses fonctions. Elle engendre en outre des injustices et des discriminations parmi les citoyens. 

Cette situation perdure, alors que l’Etat est tenu d’imposer par tous les moyens la perception des impôts et des taxes auprès de tous ceux qui obtiennent des revenus. 

Un autre exemple d’absence d’action de la part des structures étatiques est ce qui se passe en matière de pêche. Il existe une réglementation interdisant la pêche de certains catégories de poissons pendant les périodes où ces poissons se développent pour atteindre une taille normale.

Cette réglementation est appliquée par la plupart des pays maritimes mais elle ne l’est pas en Algérie. On voit chez les marchands de poissons, des crevettes et des soles minuscules proposées à la vente sans qu’il y ait une intervention de la part des services concernés pour l’interdire. 

Le cas des légumes et des fruits proposés par les commerçants est aussi un exemple des abus qui se produisent sans susciter des interventions de la part des autorités responsables de ces activités. 

Les agriculteurs devraient en principe procéder à un tri des produits récoltés. De la sorte, ils soumettent aux mandataires dans les marchés du gros des produits en première, deuxième et troisième choix, en fonction de leur qualité. Les agriculteurs ne le font pas. Ils fournissent des légumes et des fruits dans des emballages où ils mettent les produits acceptables en haut et les produits de mauvaise qualité en bas. 

Ces pratiques sont nuisibles, donnent lieu à un gaspillage considérable et n’incitent pas les agriculteurs à améliorer leurs récoltes. 

Par ailleurs, ces mêmes agriculteurs utilisent les engrais et les pesticides d’une manière anarchique, ce qui est dangereux. Les services de l’agriculture et du commerce sont au courant de ces pratiques malsaines mais laissent faire le plus souvent. 

Il faut par conséquent insister pour que l’autorité de l’Etat se manifeste dans ces cas et dans tous les autres domaines pour empêcher les risques, les abus et les nuisances. B. N.
 

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