L’Etat algérien vient de récupérer totalement le projet du groupe ETRHB de Ali Haddad dans la wilaya de Annaba. En effet, le site de 134,33 ha représentant la superficie devant accueillir à Berrahal (Annaba) le projet d’un complexe sidérurgique algéro-italien, entre l’algérien ETRHB et l’italien Danieli, dont l’accord avait été signé en 2017, est finalement dans le giron de l’Etat. Toutes les entraves juridiques, administratives et financières ont été levées donnant lieu à une propriété totale aux domaines publics. Initialement agricole, toute la superficie a intégré le PDAU avant d’être déclassée et les fellahs indemnisés. «Même les équipements, dont une partie avait été fournie et installée par le groupe italien Danieli, figurent dans la liste des biens récupérés par les domaines publics. Ils représentent les trois quarts des équipements fournis par le partenaire italien Danieli, dont la valeur est estimée à 80 millions de dollars», affirment des sources proches de cette affaire.
En avril 2021, l’ancien ministre de l’Industrie, Mohamed Bacha, avait déclaré, lors de sa visite à la zone industrielle de Berrahal extension de Annaba, que «le site devant abriter le complexe sidérurgique de l’ETRHB Haddad en partenariat avec l’italien Danieli et son financement doivent profiter aux Algériens, et c’est à l’Etat de trouver la meilleure formule pour sa relance». Pour trancher définitivement ce dossier, il avait invité les parties concernées à une rencontre à Alger pour «trouver une solution d’ordre juridique, puisque les 367 hectares de cette extension de la ZI de Berrahal, la superficie devant accueillir le projet, sont hypothéqués, sur décision de justice, par la banque ayant octroyé le crédit à l’ETRHB Haddad». Estimés à plus de 27 milliards de dinars, les travaux de réalisation déjà exécutés sont actuellement en dégradation. Il est à rappeler que le fournisseur italien Danieli, l’un des plus importants au monde dans son domaine, a été réglé sans avoir effectué le montage de ses équipements. En effet, le contrat stipule une fourniture et pose de ces équipements sidérurgiques avec au bout une garantie fournisseur. Ce service sera effectué au profit de l’éventuel acquéreur de ce complexe.
RELANCER LE PROJET AVEC LES ITALIENS
Profitant de la lune de miel entre Alger et Rome, pourquoi ne pas relancer ce partenariat avec les Italiens qui, dans un proche avenir, produiront des véhicules en Algérie ? plaident à l’unanimité, plusieurs économistes, interrogés à ce sujet, d’autant plus, estiment-ils que «l’avancement des travaux de fondation est estimé à 85%. Sur le plan de l’emploi, ce projet promettait la création de 600 postes avant de passer à quelque 2000 autres directs en phase finale, et autant en indirect». Malheureusement, la zone industrielle où est implanté le projet n’est même pas créée juridiquement, tel que relevé par l’IGF. «Il va falloir accélérer cette procédure pour achever le dossier de la création de la zone industrielle Berrahal extension et permettre son exploitation effective», conseillent plusieurs investisseurs en attente de cette mesure, qualifiée d'urgente.
Et si le sort de ce complexe est désormais scellé, il n’en demeure pas moins que tout le reste de la zone industrielle extension, soit quelque 200 ha, a été bloqué tout autant que d’autres projets non moins importants. Il s’agit, entre autres, d’une usine de production de pneus dont l’accord de sa réalisation avait été octroyé en avril 2017 par l’ancien wali, Youcef Cheurfa. Son accord reposait sur l’installation et le montage automobile en Algérie. Mieux encore, après l’examen de son dossier et la consultation du plan parcellaire primaire de la ZI de Berrahal extension, une affectation d’une assiette de terrain de 22 hectares lui a été accordée. Même l’arrêté d’attribution lui a été établi après l’examen et la validation du projet par le Conseil national d’investissement (CNI). Selon la fiche technique de ce projet, «il s’agit d’un partenariat avec les Chinois prévoyant la production de sept millions de pneus, dont 45% sont destinés au marché algérien et 55% à l’exportation à travers le réseau international du partenaire étranger». Quant à la création d’emploi, pas moins de 2000 postes directs sont prévus et 1000 autres indirects. Plaidant pour une relocalisation des investissements étrangers, notamment avec les corrélations de la crise mondiale due à la Covid-19, des économistes locaux estiment qu’«avec l’implantation de projets en joint-venture ou propriété à 100% suite à la suppression de la règle 51/49, la wilaya de Annaba aura une attractivité et une meilleure visibilité. Elle est actuellement mieux positionnée que les autres wilayas, sachant que les demandes d’investissement dépassent les 400 millions de dollars. Aussi, les avantages comparatifs, tels que le gaz, l’électricité et l’emploi appliqués en Algérie, appellent à un investissement direct étranger (IDE) massif. Cela répondra à ceux qui somment l’Algérie de se focaliser sur ses problèmes économiques sérieux».