Le gouvernement britannique avait annoncé, jeudi, un nouveau plan controversé de transfert des réfugiés, qui prévoit que les demandeurs d’asile qui tentent d’entrer au Royaume-Uni soient expédiés au Rwanda en attente du traitement de leurs demandes.
Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) invite les autorités britanniques à renoncer à leur projet visant à transférer les étrangers demandeurs d’asile au Rwanda. Annoncé mercredi, ce projet a suscité, dès jeudi dernier, la réaction de l’agence onusienne qui a exprimé «une forte opposition et de sérieuses préoccupations» concernant le projet du Royaume-Uni de se décharger de ses obligations en matière d’asile.
Dans une déclaration, un représentant du HCR «exhorte le Royaume-Uni, important contributeur financier du HCR, à renoncer à transférer des demandeurs d’asile et des réfugiés au Rwanda en attendant le traitement de leur demande». «Le HCR reste fermement opposé aux arrangements qui visent à transférer des réfugiés et des demandeurs d’asile vers des pays tiers, en l’absence de garanties et de normes suffisantes», a déclaré Gillian Triggs, haut-commissaire assistante du HCR en charge de la protection internationale.
Et d’ajouter : «De tels arrangements ne font que détourner les responsabilités en matière d’asile, éludant les obligations internationales, et allant à l’encontre de la lettre et de l’esprit de la Convention relative au statut des réfugiés.» Le gouvernement britannique avait annoncé, jeudi, un nouveau plan controversé de transfert des réfugiés, qui prévoit que les demandeurs d’asile qui tentent d’entrer au Royaume-Uni soient expédiés au Rwanda en attente du traitement de leurs demandes d’asile.
Triggs a déclaré que ceux qui fuient la guerre, les conflits et les persécutions méritent de la compassion et de l’empathie. «Ils ne devraient pas être échangés comme des marchandises transférées à l’étranger pour y être traitées», a-t-elle déclaré.
Reconsidérer ce projet
La même responsable a affirmé également «qu’au lieu de dissuader les réfugiés de se lancer dans des voyages périlleux, les accords relatifs au transfert de réfugiés à l’étranger ne feraient qu’amplifier les risques, incitant les demandeurs d’asile à chercher d’autres itinéraires et exacerbant les pressions sur les Etats se trouvant en première ligne».
Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés a déclaré que le Rwanda a «généreusement» offert un havre aux réfugiés fuyant les conflits et les persécutions depuis des décennies. Mais la plupart vivent dans des camps avec un accès limité aux perspectives de développement économique. Dans la foulée, le HCR estime que les nations les plus riches doivent faire preuve de solidarité en soutenant le Rwanda et les réfugiés qu’il accueille déjà, et non l’inverse.
«Le Royaume-Uni a l’obligation de garantir le droit d’asile aux personnes sollicitant une protection», précise le HCR. Selon l’agence onusienne, ceux qui sont considérés comme des réfugiés peuvent être intégrés, tandis que ceux qui ne le sont pas et qui n’ont aucune autre base légale pour rester, peuvent être renvoyés en toute sécurité et dignité dans leur pays d’origine.
«Au lieu de cela, le Royaume-Uni adopte des dispositions par lesquelles il se défausse de ses responsabilités sur d’autres et menace ainsi le système international de protection des réfugiés, qui a résisté à l’épreuve du temps et sauvé des millions de vies au fil des décennies», a déploré la même source.
L’agence des Nations unies a déclaré que le Royaume-Uni «a soutenu le travail du HCR à de nombreuses reprises et fournit des contributions essentielles qui aident à protéger les réfugiés et à soutenir les pays en conflit, à l’instar de l’Ukraine».
«Toutefois, le soutien financier accordé à l’étranger pour certaines crises impliquant des réfugiés ne saurait se substituer à la responsabilité des Etats et à l’obligation d’accueillir les demandeurs d’asile et de protéger les réfugiés sur leur propre territoire, indépendamment de la race, de la nationalité et des conditions d’arrivée», a précisé la même source.
Le HCR a déclaré qu’il reconnaissait les défis posés par les déplacements forcés, mais les pays développés n’accueillent qu’une fraction des réfugiés à travers le monde et disposent des ressources nécessaires pour gérer les demandes d’asile de manière humaine, correcte et efficiente.