La réalisatrice égyptienne, Aya Tallah Youssouf, nous fait voir le quotidien de Samar, cette femme qui, en 2011, sa vie avait basculé dans le chaos après que son mari violent l’ait aspergée d’acide.
Le tout dernier film projeté à la Cinémathèque dans le cadre de la 12e édition du Festival d’Oran du film arabe est Samar…avant l’ultime photo», un film-documentaire de plus d’une heure trente où la réalisatrice Aya Tallah Youssouf a accompagné, avec sa caméra, le quotidien de ces Egyptiennes, défigurées, dont le visage a été abîmé par l’acide, après s’être fait agressées par des maris sans aveux. C’est en présence de la réalisatrice, et d’un public nombreux, que ce documentaire émouvant a été projeté, mercredi dernier, dans la séance de 19h.
Aya Tallah Youssouf nous fait voir le quotidien de Samar, cette femme qui, en 2011, sa vie avait basculé dans le chaos après que son mari violent l’ait aspergé d’acide. Quand elles se sont rencontrées, cinq années plus tard, la jeune réalisatrice décide de filmer son quotidien, ainsi que celui de ces autres femmes aux visages défigurées, aux corps estropiées, une manière de faire voir au monde entier ce que peut être la folie et la brutalité de certains hommes.
Ce qui peut émouvoir dans ce long métrage, c’est de se rendre compte que Samar, bien qu’atteinte dans sa chair, n’a pas renoncé à la vie, loin de là. On la voit ainsi souvent sourire (ou tenter de sourire eu égard au mal qui ronge son visage), prendre les choses à la légère, avec ironie, répondre à ses amies par des répliques drolatiques.
Une autodérision exactement la même que celle de ces éclopés de la vie qui, au lieu de se lamenter sur leur propre sort, préfèrent prendre le parti d’en rire, l’humour officiant dans leur vie tel une carapace à même de mieux les protéger. Samar ne s’arrête pourtant pas là : en 2016, elle prend la résolution d’aller à Dubaï, dans une clinique réputée pour sa chirurgie esthétique, en vue justement de «réparer» un tantinet ce qu’il y a de «réparable» sur son visage et que ce dernier se débarrasse peu ou prou des séquelles, survenues suite à l’agression terrible dont elle a été victime.
Pendant le film, la réalisatrice et d’autres amies de Samar, des estropiées elles aussi, l’accompagnent dans ses allers-retours entre l’Egypte et les Emirats, font du tourisme ensemble, se taquinent, se lancent des piques, le tout dans des scènes suintant d’émotion. Si Samar…avant l’ultime photo n’a pas reçu de prix, il a néanmoins conquis le cœur des spectateurs.
Gageons que ce film-documentaire est promis à une belle carrière tant il est authentique, sincère et que la réalisatrice s’y est investie corps et âme. Pour l’anecdote, mercredi dernier, la projection du film s’est faite en présence du célèbre acteur et réalisateur égyptien Mahmoud Hemida, invité d’honneur du Festival d’Oran au même titre que Costa-Gavras, Michèle-Ray Gavras et Mohamed Lakhdar Hamina.