«Les résultats ont révélé une tendance à la hausse des nouveaux cas de cancer au fil du temps», soulignent les auteurs de l’étude.
Un total de 112 117 cas incidents de cancer ont été enregistrés à Alger entre 2002 et 2021», c’est ce qu’a révélé la récente étude de l’Institut national de santé publique, publiée cette semaine. Celle-ci s’est basée sur les données du registre des tumeurs d’Alger, couvrant une période de 20 ans.
L’objectif de cette étude est de démontrer l’évolution de l’incidence des cinq premiers cancers chez les femmes comme chez les hommes, et cela dans la wilaya d’Alger, au cours des 20 dernières années. Pour se faire, l’analyse a été scindée en deux périodes distinctes : une première période allant du 2002 à 2010, tandis que la deuxième période va de 2011 à 2021, et cela afin de comparer les changements dans la répartition des cancers les plus fréquents entre les deux périodes. «Les résultats ont révélé une tendance à la hausse des nouveaux cas de cancer au fil du temps», soulignent les auteurs de l’étude.
Si une moyenne annuelle de 4069 cas a été enregistrée durant la première période 2002-2011, celle-ci a pratiquement doublé, avec 7143 cas, au cours de la période 2012-2021. Sachant que le cancer était plus fréquent durant ces 20 ans chez les femmes avec 61 044 cas, soit 54,4%, contre 51 073 cas chez les hommes, soit 45,5%.
En ce qui concerne les cinq cancers les plus fréquents chez l’homme algérois, on retrouve les cancers colorectal, du poumon, de la prostate, de la vessie et de l’estomac. De manière plus précise, l’étude révèle que le cancer du poumon était au premier rang des cancers masculins depuis le début de l’étude, puis il est passé en deuxième position à partir de l’année 2016. Il a été devancé par le cancer colorectal, pour devenir le premier cancer chez l’Algérois en 2016.
Le cancer de la prostate a, quant à lui, observé une tendance significative à la hausse, plus marquée au cours de la deuxième période de l’étude, soit entre 2012-2021, avec une augmentation de 435 nouveaux cas par an pour 100 000 hommes. Le cancer de la vessie occupe la quatrième position depuis le début de la deuxième période et a connu une augmentation de 151 nouveaux cas par an.
Et enfin, en cinquième position des cancers les plus fréquents chez l’homme, on retrouve le cancer de l’estomac. Ce dernier avait, selon l’étude, une tendance évolutive significative à la hausse avec 35 cas pour 100 000 hommes. En ce qui concerne les cancers les plus fréquents chez la femme algéroise, on retrouve, sans surprise, le cancer du sein en tête de liste et cela durant toute la période d’étude, soit de 2002 à 2021.
Changements dans les comportements
Selon l’étude, son incidence a observé une tendance évolutive significative vers la hausse. «Il avait continué d’augmenter de manière très rapide et alarmante, atteignant des taux encore plus élevés et loin des autres localisations étudiées, avec une augmentation annuelle de 996 nouveaux cas pour 100 000 femmes», précisent les auteurs de l’étude.
En deuxième position des cancers les plus fréquents chez l'Algéroise, on retrouve le cancer colorectal. «Bien que moins fréquent, il était classé loin derrière le cancer du sein et a montré une progression constante vers la hausse avec une augmentation de 312 nouveaux cas par an pour 100 000 femmes», révèle l’étude.
En troisième position, il y a le cancer de la thyroïde. Selon le document, celui-ci a devancé le cancer du col utérin et de l’ovaire dès la fin de la première période (2002-2011) et s’est placé à la troisième place dès le début de la deuxième période jusqu’à la fin de l’étude. «Il tendait lui aussi d’une façon significative vers la hausse pour arriver à une augmentation de 242 nouveaux cas par an pour 100 000 femmes», fait savoir l’étude.
Le cancer du col de l’utérus, qui occupait la troisième position tout au long de la première période, est passé en quatrième position durant la deuxième période (2012-2021). «Il avait une tendance non significative à la baisse avec une diminution du nombre de nouveaux cas annuel de 47 pour 100 000 femmes», précise l’étude.
Et enfin, le cancer ovarien clôt le classement avec une augmentation du nombre de nouveaux cas par an estimé à 45 pour 100 000 femmes. «L’augmentation générale de l’incidence du cancer observée dans cette étude était cohérente avec les tendances globales rapportées dans d'autres régions en transition épidémiologique», affirment les auteurs.
Selon eux, en Algérie, comme ailleurs, l’urbanisation rapide, le vieillissement de la population ainsi que les changements dans les comportements de santé, à l’exemple de l’augmentation du tabagisme et des habitudes alimentaires malsaines, sont des facteurs cruciaux contribuant à cette tendance haussière.
L’étude fait aussi savoir que le changement dans les types de cancers les plus fréquents reflète possiblement des modifications dans les facteurs de risque. C’est pourquoi, ils estiment que ces résultats soulignent «la nécessité de mettre en place des stratégies de prévention primaire et secondaire ciblant les cancers les plus fréquents et d’adapter les politiques de santé publique aux besoins spécifiques de la population algérienne».