Confrontés à plusieurs difficultés, les éleveurs de la wilaya de Boumerdès sollicitent l’aide des autorités afin de préserver ce qui reste de leur activité.
Fixée à 12 DA pour chaque litre de lait produit, la subvention de l’Etat n’a pas été versée aux concernés depuis plus de 10 mois, affirme le représentant local de l’Onil, l’Office interprofessionnel du lait. «Bien qu’elle soit maigre, cette subvention est d’un grand apport pour nous, les éleveurs, surtout lorsqu'on sait que la plupart d’entre nous vivent à crédit et changeons d’activité l’un après l’autre à cause de la cherté de l’aliment de bétail », a-t-il indiqué.
Et d’ajouter : «Il y a des éleveurs qui ont plus de 100 millions de créances. Les collecteurs de lait les paient chaque fin de mois, mais la subvention de l’Etat arrive souvent en retard.» Connue pour être un important bassin laitier, la région de Dellys et de ses environs perd peu à peu de sa vocation. La viticulture et l’élevage laitier y sont les principales activités des habitants.
Néanmoins, si la première filière continue à nourrir tant bien que mal son homme, ce n’est pas le cas de la seconde. «La filière lait chez nous se meurt dans l’indifférence. En 2017, notre région comptait plus de 5000 éleveurs et produisait jusqu’à 20 millions de litres de lait par année. Aujourd’hui, on ne produit même pas la moitié car plus 3000 éleveurs ont vendu leur cheptel avant de se lancer dans des activités qui leur permettent de vivre décemment», raconte-t-il.
Interrogé, le directeur des services agricoles affirme que «les plaignants devaient être payés par la DSA de Tizi Ouzou, puisque leur produit est distribué pour des laiteries basées dans cette wilaya». Outre la subvention de 12 DA, les éleveurs se plaignent aussi de la fermeture des marchés de bétail et la spéculation qui entoure la vente de son, le seul aliment subventionné par les pouvoirs publics. «Le prix de son est cédé à 2000 DA/quintal par les minoteries, mais il est indisponible.
Par contre, chez les détaillants, il se vend parfois à 4000 DA et n’a jamais manqué», s’étonne Abdelkader, éleveur à Benchoud. Argoub Tayeb, président de l’association locale des éleveurs, rappelle que la vache a droit à 4 kg de son subventionné par jour alors qu’elle peut consommer jusqu’à 10 kg, en sus d’autres aliments pour donner plus de lait. «L’éleveur a trop de frais. L’aliment fait 10 000 DA/q et l’insémination fait 4000 DA. Tout est cher, sauf le lait de vache.
Auparavant, on le vend à 70 DA/litre pour les laiteries, maintenant on nous donne 65 DA. Il y a des éleveurs qui sont obligés de vendre des génisses ou leurs veaux pour pouvoir nourrir le reste du cheptel, mais cela n’est pas possible car les marchés de bétail sont fermés depuis plusieurs mois malgré les déclarations rassurantes des autorités quant à la propagation de la fièvre aphteuse et de la dermatose bovine», se désole-t-il. Le directeur des services agricoles affirme, à ce propos, que la campagne de vaccination n’est pas terminée, soulignant que la réouverture des marchés de bétail se fera au moment opportun.