Pendant que l’Afrique du Sud répondait aux pressions exercées sur elle pour abandonner la plainte pour génocide contre Israël devant la Cour internationale de justice (CIJ), le procureur en chef de la Cour pénale internationale (CPI) réclamait publiquement à la chambre préliminaire l’émission «en toute urgence» des mandats d’arrêt internationaux contre les dirigeants d’Israël.
Mardi dernier, des médias américains et israéliens ont révélé que l’Etat hébreux fait pression sur le Congrès américain, pour qu’il «mette en garde» l’Afrique du Sud sur les «graves conséquences potentielles du maintien» de sa procédure contre Israël devant la CIJ.
Se basant sur un document du ministère israélien des Affaires étrangères que le site américain Axios dit avoir obtenu, Israël veut pousser Pretoria à abandonner la plainte, avant le 28 octobre prochain, dernier délai qui lui a été accordé par la haute juridiction onusienne pour déposer ses arguments en faveur de la poursuite de l’affaire contre Israël, relative aux violations de la convention de lutte et de prévention contre le génocide dans sa guerre contre Ghaza.
Selon les mêmes sources, des responsables israéliens ont révélé, sous couvert de l’anonymat, que «le ministère israélien des Affaires étrangères avait lancé une campagne diplomatique ces dernières semaines pour faire pression sur l’Afrique du Sud afin qu’elle ne poursuive pas l’affaire devant la CIJ. Le Congrès américain est l’un des principaux outils de cette campagne».
Pour les mêmes sources, les responsables israéliens souhaitent que les membres du Congrès «fassent comprendre à l’Afrique du Sud qu’il y aura des conséquences si elle continue à poursuivre cette affaire et espèrent que le nouveau gouvernement de coalition sud-africain puisse adopter une démarche différente à l’égard de Tel-Aviv, et de la guerre à Ghaza».
Lundi, le ministère israélien des Affaires étrangères a envoyé un câble classifié à l’ambassade d’Israël à Washington et à tous les consulats israéliens aux Etats-Unis au sujet de l’affaire de l’Afrique du Sud devant la CIJ dans lequel il a écrit : «Nous vous demandons de travailler immédiatement avec les législateurs au niveau fédéral et des Etats, avec les gouverneurs et les organisations juives pour faire pression sur l’Afrique du Sud afin qu’elle change sa politique envers Israël et pour faire comprendre que la poursuite de ses actions actuelles, comme le soutien au Hamas et la promotion de mesures anti-israéliennes devant les tribunaux internationaux, aura un prix élevé».
Selon le média américain, les diplomates israéliens ont été instruits de demander aux membres du Congrès de «condamner publiquement les actions de l’Afrique du Sud contre Israël en menaçant de suspendre les relations commerciales des Etats-Unis avec l’Afrique du Sud.
Ils ont également reçu pour instruction de demander aux membres du Congrès et aux organisations juives aux Etats-Unis de contacter directement les diplomates sud-africains aux Etats-Unis et de leur faire comprendre que l’Afrique du Sud paierait un lourd tribut si elle ne changeait pas sa politique».
Les preuves d’un génocide
Pour pousser l’Afrique du Sud à abandonner sa plainte, le ministère des Affaires étrangères israélien, a également instruit ses diplomates à «suivre et à faire avancer des lois contre Pretoria aux niveaux étatique et fédéral, même si elles ne se matérialisent pas, les présenter et en parler sera important, de faire pour que des auditions sur la politique sud-africaine envers Israël soient organisées dans les assemblées législatives des Etats et de rendre leur activité diplomatique concernant l’Afrique du Sud aussi publique que possible dans la presse américaine et sur les réseaux sociaux». Ces informations ont suscité la réaction de la présidence sud-africaine. «Cette affaire se poursuivra jusqu’à ce que le tribunal rende une décision.
Tant que l’affaire est en cours, nous espérons qu’Israël se conformera aux ordonnances provisoires émises par le tribunal à ce jour. L’Afrique du Sud déposera son mémoire dans un mois, et a l’intention de fournir des faits et des preuves pour prouver qu’Israël commet le crime de génocide en Palestine», lit-on dans le communiqué de la présidence sud-africaine rendu public dans la soirée de mardi dernier.
Le jour même où les médias évoquaient les pressions exercées par Israël pour éviter de comparaitre devant la CIJ, le procureur en chef de la CPI, Karim Khan, pressait les magistrats de la chambre préliminaire de cette juridiction à émettre les mandats d’arrêt internationaux qu’il avait requis au mois de mai dernier contre les dirigeants israéliens «en raison des crimes en cours à Ghaza» et «et d’aggravation de la situation en Palestine» à Ghaza.
Dans une déclaration aux médias britanniques, Khan a affirmé que dans sa demande, il a estimé les mandats d’arrêt nécessaires pour s’assurer que les concernés n’entravent pas ou ne mettent pas en danger l’enquête ou les procédures judiciaires, empêchent la poursuite de la commission des crimes allégués et/ou la commission d’autres crimes du Statut de Rome».
En juillet dernier, la chambre préliminaire de la CPI avait autorisé d’autres parties de présenter des mémoires d’amicus curiae sur l’affaire, notamment en ce qui concerne la compétence de la cour en matière de poursuite contre les ressortissants israéliens. Une décision qui suspend tout acte de la chambre, jusqu’à ce que les auditions soient achevées.
Ce qui a retardé considérablement l’émission des mandats. Le premier pays qui a exprimé son intention de soutenir Israël a été l’Allemagne, suivie de l’Argentine et du Royaume Uni, sous le gouvernement de Rishie Sunak, mais qui a abandonné la démarche, après l’arrivée de l’actuel Premier ministre Keir Starmer.
Parmi les amis d’Israël, il y a aussi le sénateur américain Lindsey Graham, de nombreuses associations d’avocats et juristes juifs ainsi que le Centre Simon Wiesenthal. Parmi les pays en faveur de la Palestine, figurent l’Afrique du Sud, l’Irlande, le Bangladesh et l’Espagne, mais aussi plus de 600 organisations de défense des droits de l’homme, d’avocats, de juristes et de presse.
De nombreuses sources citées par les médias israéliens et américains s’attendent à ce que la chambre préliminaire annonce ses décisions incessamment. Ce qui pourrait expliquer la panique qui s’est emparée ces derniers jours des responsables israéliens.
Hier, la Douzième chaîne israélienne a révélé que sur instruction de Netanyahu, le ministre de la Justice Yariv Levin a demandé à la conseillère juridique du gouvernement d’ouvrir une enquête pénale sur le Premier ministre et Yoav Gallant ministre de la Défense afin d’éviter la délivrance des mandats d’arrêt par la CPI, mais elle a refusé pour, «pour absence de justificatifs» et déclaré qu’«elle n’ouvrira pas une fausse enquête».
Hier, le secrétaire générale de l’Onu, Antonio Guteresse a déclaré à la chaîne Al Jazeera, que «ce qui se passe à Ghaza est inacceptable», avant d’exprimer sa «confiance en la justice internationale», en rappelant la décision de la CIJ relative à l’illégalité de l’occupation israélienne. «Je soutiens le travail des juridictions internationales qui représentent la juste voie pour demander des comptes. La communauté internationale doit faire en sorte que les décisions de la CIJ soient respectées».
Depuis presqu’une année, Israël agit en entité paria, qui se permet en toute impunité de tuer plus de 41 000 Palestiniens, de blesser plus de 91 000 autres, de détruire plus de 70% des infrastructures de base de Ghaza, d’affamer un peuple désarmé, d’assassiner plus de plus plusieurs dizaines d’humanitaires et de personnel de l’Onu, d’aller bombarder l’Irak, la Syrie, le Liban, l’Iran et le Yemen et refuse de se plier aux injonctions de la plus haute juridiction de l’Onu, sans qu’une seule sanction ne lui soit infligée. Pourtant, l’Union européenne et les USA ont imposé une batterie de mesures contre la Russie pour la guerre qu’elle mène à l’Ukraine, soutenue militairement et financièrement (par l’Otan et l’UE).
La semaine dernière, les USA ont annoncé des sanctions contre la compagnie aérienne Air Iran, ainsi qu’à six navires et 10 personnes iraniens sous prétexte qu’ils sont utilisés pour transporter des armes à destination de la Russie. La politique du double standard lorsqu’il s’agit d’Israël a eu pour résultat un chaos humanitaire qui restera une tache noire dans l’histoire de l’humanité.
Les forces d’occupation démolissent des maisons en Cisjordanie
Les forces d’occupation sionistes ont mené plusieurs opérations de démolition à Salfit, au centre de la Cisjordanie occupée, et dans les gouvernorats de Beitlehem et El-Khalil (sud), rapportent vendredi des médias. Jeudi matin, les forces sionistes ont démoli une maison dans la ville de Deir Ballut, à l’ouest de Salfit, dans la partie centrale de la Cisjordanie occupée, selon l’agence de presse palestinienne (WAFA).
Samir Nimr, maire de Deir Ballut, cité par l’agence, a déclaré que les forces d’occupation ont procédé, à l’aide de bulldozers, à la démolition d’une maison en construction appartenant à un citoyen. Pendant ce temps, dans le sud de la Cisjordanie, les forces sionistes, munis d’engins lourds, ont démoli deux étages d’une maison dans le village d’Al-Walaja, au nord-ouest de Beitlehem, selon Khader Al-Araj, chef du conseil du village.
Al-Araj a ajouté que les soldats sionistes ont agressé les propriétaires et leur ont interdit d’accéder à leur propre domicile. Il a également déclaré que les forces d’occupation ont démantelé une tente en plus de raser des terres et de déraciner des arbres. En outre, les forces sionistes ont démoli une maison après avoir pris d’assaut la zone de Farsh al-Hawa, à l’ouest de la ville d’El-Khalil.
Des sources médiatiques ont ajouté que dans la ville de Tarqumiya, les soldats d’occupation ont démoli un entrepôt de 800 mètres carrés. Selon la Commission de résistance au mur et aux colonies, en août 2024, les autorités ont démoli 36 maisons habitées, 8 maisons inhabitées et 13 structures agricoles. Les autorités d’occupation ont également émis 74 ordres de démolition visant les maisons des citoyens et d’autres structures.