En décembre 2021, c’est bien le choc de la catastrophe sanitaire dans laquelle le monde était alors plongé – qui a fait des millions de morts, endommagé les économies et paralysé les systèmes de santé – qui avait incité les pays membres de l’OMS à lancer les négociations sur un accord contraignant sur la prévention, la préparation et la réponse aux pandémies.
Les 194 pays membres de l’OMS ont démontré, samedi dernier, leur volonté de mieux prévenir et mieux combattre les futures pandémies et éviter les graves erreurs commises pendant la catastrophe sanitaire de la Covid-19. L’Assemblée mondiale de la santé (AMS), l’organe suprême de décision de l’OMS, réunie depuis une semaine à Genève, a tout d’abord décidé de se donner encore du temps – «un délai d’un an, ou moins» – pour boucler un accord de prévention des pandémies que les Etats négocient depuis plus de deux ans.
Elle a également adopté des amendements au Règlement sanitaire international (RSI), un cadre juridiquement contraignant pour répondre aux urgences de santé publique qui avait montré ses limites pendant la Covid. Les amendements introduisent la notion d’«urgence pandémique» et «plus de solidarité et d’équité», selon l’OMS. «Ce soir, nous avons tous gagné et le monde a gagné», a lancé le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, dans une salle pleine à craquer au siège de l’ONU, à Genève, et sous les applaudissements. Pour lui, «la question n’est pas de savoir s’il y aura une prochaine pandémie mais quand elle surviendra».
Les pays africains souhaitaient achever la négociation d’ici à la fin de l’année. La crainte d’une réélection en novembre de Donald Trump, qui avait retiré les Etats-Unis de l’OMS et ne cachait pas son mépris pour l’organisation, plane sur les discussions. Mais le docteur Tedros a encore une fois exprimé sa foi dans une conclusion heureuse des négociations, malgré les obstacles. «Les décisions historiques prises aujourd’hui démontrent la volonté commune des Etats membres de protéger leurs propres populations, ainsi que celles du monde entier, du risque partagé d’urgences de santé publique et de futures pandémies», a-t-il dit.
Il juge que le succès sur le RSI donnera de l’allant aux négociations sur un futur accord qui, une fois finalisé, pourra contribuer à empêcher une répétition des ravages causés par la Covid-19. En décembre 2021, c’est bien le choc de la catastrophe sanitaire dans laquelle le monde était alors plongé – qui a fait des millions de morts, endommagé les économies et paralysé les systèmes de santé – qui avait incité les pays membres de l’OMS à lancer les négociations sur un accord contraignant sur la prévention, la préparation et la réponse aux pandémies.
Malgré les acquis et rapprochements durant les négociations, les divergences qui persistent seront difficiles à surmonter, notamment sur le partage du savoir-faire et l’accès rapide aux moyens de combattre une nouvelle crise sanitaire, les questions de financement ou de propriété intellectuelle.
Dans les pays en développement, les souvenirs restent vifs de pays riches amassant les doses de vaccin au détriment du bien commun et refusant de partager leur technologie. Ils insistent pour dire que l’accord sera équitable ou ne sera pas. Mais «nous avons vu de la souplesse dans la meilleure façon de trouver un texte qui nous permette d’améliorer l’équité et l’accès» aux nouveaux produits, a souligné Precious Matsoso, qui a copiloté les négociations.