Prévention contre les feux : «Où sont passées les bonnes habitudes villageoises ?»

31/07/2023 mis à jour: 07:59
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Le phénomène des incendies qui s’abattent en été, sur le nord du pays, à l’image de ceux qui se sont déclenchés à Béjaïa, Jijel, Skikda ou Tizi Ouzou, n’est pas nouveau. Ce qui est plutôt nouveau, c’est le nombre élevé de mortalité humaine, d’animaux et de dégâts matériels que les feux causent ces deux dernières décennies. 

«Cela n’est pas normal», laissent entendre des habitants des villages limitrophes de la forêt d’Akfadou, débattant des moyens ancestraux de prévention contre les feux. D’emblée, on s’interroge : «Où sont passées les bonnes habitudes villageoises ?» Pour eux, des vieux pour la plupart, la raison est à endosser «à l’abandon de nos pratiques anciennes dans nos villages. Comme le défrichement de tranchées, de routes, de sentiers et l’aménagement des sources, de nettoyage des fossés qu’on faisait vers la fin du printemps». 

Mais aussi à l’abandon de l’agriculture de subsistance que pratiquaient les anciennes générations. «Toutes les terres sont laissées en jachère. Ceci favorise évidemment la poussée vigoureuse des plantes et par la même, la propagation des incendies», disait un ancien émigré de 93 ans, d’ailleurs, c’est un des rares vieux villageois à continuer à travailler ses terres dans son village Ighil Krone. Pour un autre observateur de la région d’Acif El Hammam, «les anciens villages sont faciles à sécuriser, car toutes les habitations sont concentrées en un seul lieu. 

Or maintenant, la majorité des nouvelles constructions se sont réalisées dans des champs loin des centres d’agglomération». «Ce qui rend les tâches de prévention plus compliquées», poursuit-il. Un autre villageois d’Aït Yahia raconte en rendant hommage aux femmes de son village : «En juin dernier, l’Association des femmes rurales du village d’Aït Yahia a mobilisé toutes les femmes et les enfants ainsi que les hommes dans le but de ramasser les ordures et défricher autour du village jusqu’à une heure avancée de la soirée. Ce sont des habitudes ancestrales, ces genres de gestes civilisés empêchent l’arrivée des feux près des habitations.» 

D’autres associations ont fait la même chose dans d’autres villages. Toujours dans le sillage de prévention contre les incendies, Fodil, qui a construit récemment sur un terrain loin du village Adekar, nous raconte «qu’il a planté tout autour de sa propriété un régiment de figues de barbarie», affirmant que ce dispositif naturel est l’un des «meilleurs pare-feux et efficace également quand il s’agit d’empêcher des animaux sauvage de renter dans la ferme».

 

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